Métro Porte des Lilas, la station fantôme réservée au cinéma
Chaque jour, des milliers de voyageurs transitent par la station Porte des Lilas sans se douter que derrière une porte grise se cache une autre station, véritable plateau de cinéma où se tournent en moyenne 5 films par an.
Sophie Marceau en résistante pointant un fusil vers un responsable SS dans "Les femmes de l'ombre", Meryl Streep empruntant une rame des années 1960 dans "Julie et Julia", ou Mathieu Kassovitz ramassant des fragments de photos d'identité dans "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain": toutes ces scènes ont été tournées là. "Le métro est une source d'inspiration pour les réalisateurs. Il situe tout de suite l'action dans Paris, il illustre la vie quotidienne des Parisiens" assure Karine Lehongre-Richard, chargée des tournages cinémas à la RATP.
Sur l'ensemble du réseau RATP (métro, bus, tramway et RER), 70 productions sont réalisées chaque année: longs métrages, téléfilms, séries télévisées ou clips vidéo, comme récemment le clip de Ma direction, un titre du groupe de rap Sexion d'assaut.
Les lignes préférées des réalisateurs? "La 6 pour la vue sur la tour Eiffel et les lignes 10, très longue, et 3 bis, peu fréquentée, où les réalisateurs peuvent privatiser une voiture pendant les heures creuses", explique Mme Lehongre-Richard. Ainsi, tandis que les usagers voyagent sans se soucier de rien, une séquence de film se tourne parfois dans la voiture centrale. "Mais pour les tournages nécessitant de grosses équipes, avec beaucoup de figurants, ou qui concernent de grosses stations, on propose aux réalisateurs de tourner de nuit, entre 01h00 et 05h00 du matin, quand le trafic est interrompu", précise la chargée de tournages.
Au sein de ce réseau, Porte des Lilas-cinéma, qui peut être louée à la journée et plusieurs jours de suite, est recherchée pour son confort. Cette station qui ressemble à n'importe quelle autre avec ses grands panneaux publicitaires et ses néons, possède l'avantage d'être personnifiable selon les envies des scénaristes.
Affiches de propagande allemande et rame Sprague-Thomson, classée patrimoine historique, et la station se retrouve par exemple plongée dans les années 1940, comme pour le tournage des "Femmes de l'ombre", où environ 200 personnes ont investi les lieux pendant 4 jours. Les films "Hors-la-loi", de Rachid Bouchareb, "L'armée du crime", de Robert Guédiguian, "Micmacs à tire-larigot", de Jean-Pierre Jeunet, "Café de Flore", de Jean-Marc Vallée, ou "Le Concert", de Radu Mihaileanu, y ont aussi été tournés.
A partir de 15.000 euros la journée
Une journée de tournage coûte entre 15.000 et 18.000 euros et la RATP met à disposition une quinzaine de personnes: conducteurs, électriciens, gardiens, agents de voirie: "ils sont plutôt contents, ça les change de leur quotidien", sourit la responsable des tournages, citant un agent "ravi" d'avoir rencontré Monica Bellucci.
Ces tournages rapportent environ 200.000 euros de chiffres d'affaires à la RATP chaque année. "Ce n'est pas une activité qui génère beaucoup d'argent mais ça génère une image positive, sympathique du métro", relève Mme Lehongre-Richard.
Pour les Journées du Patrimoine, mi-septembre, quelques dizaines de personnes pourront découvrir la station qui sera alors rebaptisée République, pour les besoins du prochain film, au titre non dévoilé, dont le tournage débutera en septembre.
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