Cet article date de plus de deux ans.

"Les Méchants" de Mouloud Achour : une comédie mordante sur les emballements médiatiques

Le journaliste et animateur Mouloud Achour raconte dans son premier film comment Patrick et Sébastien, deux jeunes de banlieue, se retrouvent malgré eux désignés comme "Les Méchants" les plus recherchés de France. Une façon de dénoncer la course à l'audience des médias prêts à tout pour faire le buzz.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Sébastien (Roman Frayssinet) et Patrick (Djimo) dans  la comédie "Les Méchants" de Mouloud Achour et Dominique Baumard. (LE PACTE)

Pour son premier film co-réalisé avec Dominique Baumard, Les Méchants, en salles le 8 septembre, le journaliste et animateur télé Mouloud Achour se penche avec un humour corrosif sur la course au buzz et à l'audience des médias, et en particulier des chaînes d'infos, enfonçant le clou de France de Bruno Dumont, une satire des chaînes d'information en continu sortie il y a deux semaines.

Réunissant un casting de stars, de Ludivine Sagnier à Omar Sy, en passant par Mathieu Kassovitz, Pierre Palmade, Fary ou Sami Nacery, le film raconte les déboires de deux jeunes de banlieue, Patrick et Sébastien, transformés bien malgré eux en ennemis public numéro un.


La course au buzz, "le poison de l'époque"

Après avoir volé une console de jeux vidéos à des migrants, Sébastien (interprété par l'humoriste et animateur Roman Frayssinet), tente de la revendre à Patrick (incarné par Djimo, l'un des rois du stand-up). Mais un rappeur tout juste sorti de prison et une journaliste d'une chaîne d'info, prête à tout pour faire le buzz, s'en mêlent et tout dérape.

Avec Les Méchants, Mouloud Achour et Dominique Baumard, également co-scénaristes du film, s'attaquent aux polémiques montées de toutes pièces dans l'espoir de provoquer le buzz. Juste après un violent incident en direct entre experts douteux, la journaliste vedette de la chaîne d'info, Virginie Arioule - dont le nom signifie "âne bâté" en arabe -, donne le ton du film : "Ce qui vient de se passer est un moment de grâce !".

"Des rédactions survivent grâce à la régie pub qui a besoin de clics pour vendre des espaces publicitaires. Cela oblige à cliver. Les algorithmes ont besoin de ça pour atteindre des cibles commerciales. Les chaînes d'info qui nous tiennent par la peur sont le poison de l'époque", déplore auprès de l'AFP Mouloud Achour, qui présente depuis 2019 l'émission Clique sur Canal.

"Une déclaration d'amour au journalisme"

"Le film réunit des gens en galère qui sont tous le méchant de quelqu'un. J'avais envie de me demander comment on cristallise cette époque. On n'exclut personne car on se moque de tout le monde et personne ne se sent visé. Le rire est le meilleur véhicule!", souligne-t-il, en référence aux films de Jean Yanne.

"Ce film est une déclaration d'amour au journalisme, un des derniers remparts de la démocratie", estime encore Mouloud Achour, qui tenait également à montrer que la banlieue et multiple et pas condamnée à la victimisation. "L'ennemi des jeunes, ce n'est pas la police mais la misère", dit-il. 

A noter que c'est le groupe de hip-hop La Caution qui a composé la musique de Carcéral, le personnage de rappeur repris de justice. "Pour moi ce sont les meilleurs", estime Mouloud Achour à propos de ce groupe formé dans les années 90. "On s'est dit que ce serait marrant de leur demander de faire le rap qu'ils détestent, celui d'un mec de 16 ans qui cartonne avec de l'Auto-Tune, sans faire de parodie."

Il annonce par ailleurs une suite, Les Gentils, un film "sur la féminité", avec un casting majoritairement féminin.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.