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Le phénomène "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" jugé raciste aux USA

Le succès de l'année en France, avec 12 millions d'entrées, "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu", suscite des réactions aux Etats-Unis, où nombre de critiques estiment que le film est raciste. Il repose sur un scénario mettant en scène une famille française bourgeoise, dont les enfants se marient avec des personnes d'origine étrangère. Il a froissé la sensibilité américaine. Pourquoi ?
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Ary Abittan, Alodie Fontan, Emilie Caen, Frédéric Chau, Frédéric Bel dans "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu" de Philipop de Chauveron
 (Arnaud Borrel )
Un précédent
Ce n'est pas la première fois que les Américains critiquent un film français sur le sujet. "Intouchables" était pointé de la même manière, parce qu'un homme homme de couleur y est au service d'un blanc. Un sujet  discriminatoire à leurs yeux. Un comble pour un pays qui aura été très tardif à lever des lois apartheid, après la lutte des droits civiques dans les années 60.

C'est à croire que dès que l'on s'attaque au sujet, la sensibilité américaine se monte contre une approche autre que la sienne. Comme elle avait pu le faire dans "Devine qui viens dîner" (1967) de Stanley Kramer, avec Spencer Tracy, Sidney Potier et Katherine Hepburn, traitant du mariage de couleurs mixte. L'approche est tout autre et ces films datent d'époques éloignées l'une de l'autre.
Deux histoires, deux sensibilités
Le rapport à l'"autre" dans la société française est radicalement différent de celui des Etats-Unis. La France a un long passé colonial, alors que l'Amérique a "importé" des Africains, devenus esclaves sur le territoire. Après la décolonisation, la France a intégré de nouvelles populations, en provenance d'Algérie, de Côte-d'Ivoire, du Sénégal, sans parler de la tradition juive qui remonte à plusieurs siècles, et qui a laissé des plaies béantes dans le pays lors de la Seconde guerre mondiale... Alors que les Etats-Unis, concernant les populations noires, ou chinoises, présentes dès le XIXe siècle, les avaient déjà sur place, depuis de longues années. L'Amérique est en même temps un pays construit sur l'immigration, mais plutôt européenne. Et même dans ce domaine, elle ne s'est pas faite sans mal. Voir à ce sujet le magnifique film de Michael Cimino "La Porte du paradis".

Il n'est donc pas étonnant de constater une différence d'approche. Mais l'option américaine apparaît excessive dans son jugement. "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" n'est évidemment pas un film raciste. Sa stigmatisation des différences est justement là pour les critiquer. C'est ce recul qui passe sans doute mal aux Etats-Unis, plus restrictifs sur le chapitre, à l'histoire également différente, donc à une sensibilité autre. "Intouchable" avait finalement trouvé un distributeur aux Etats-Unis, même si le film n'y a pas fait des entrées mirobolantes. Ce n'est pas le cas de "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu". C'est cette fois-ci aux Etats-Unis de se poser la question de leur acceptation de l'autre.
 "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?" : l'affiche
 (DR)
Une suite ?
Le film de Philippe de Chauveron pourrait avoir une suite sous réserve de disposer d'"un bon scénario", a indiqué mardi la société de production "C'est le souhait de tout le monde de tourner une suite, mais il ne se concrétisera que si un bon scénario est trouvé", a déclaré Brigitte Maccioni, directrice générale de la société. "A ce jour, aucun nouveau scénario n'existe et Philippe de Chauveron travaille actuellement sur un autre long métrage, '99% de réussite'", a-t-elle précisé.

Mardi matin, sur RTL, deux acteurs de "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu?", Medi Sadoun et Frédéric Chau, avaient déclaré qu'il y aurait une suite avec les mêmes acteurs en 2016. "Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu?", au 27e rang des films les plus vus en France, toutes nationalités confondues, a déjà réuni près de 12.300.000 spectateurs, selon CBO BoxOffice.

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