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Le film maudit de Terry Gilliam devant la justice : "Je suis ensorcelé par Don Quichotte", reconnaît le réalisateur

La malédiction de "L'Homme qui tua Don Quichotte" se poursuit devant la justice. Mercredi, le réalisateur Terry Gilliam est venu sauver son long-métrage devant la cour d'appel de Paris.

Article rédigé par franceinfo - Charles de Quillacq<br>Édité par Alexandra du Boucheron
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Temps de lecture : 2 min
Le réalisateur Terry Gilliam lors d'une conférence de presse au Festival de Cannes, le 18 mai 2016. (MAXPPP)

Sur le bureau de la présidente de la cour d'appel de Paris, mercredi 4 avril, le dossier de l'affaire est aussi épais que l'histoire de ce film maudit. Le réalisateur britannique Terry Gilliam est venu sauver "son" Don Quichotte. 

Cela fait 30 ans que l'ancien Monty Python, auteur notamment de Brazil (1985) et de L'Armée des 12 singes (1995) tente de produire L'Homme qui tua Don Quichotte, adaptation du roman de Miguel de Cervantes. Mais le tournage a été plusieurs fois arrêté et reporté. Le film est enfin prêt à sortir en salle. Sauf que... la distribution du long métrage est bloquée par un conflit avec le producteur Paolo Branco sur une question de droits.

Bruits, intempéries, hernie discale... 

Cette audience est donc, sans doute, l'un des derniers épisodes de l'une des sagas culte du cinéma. Pour la plaider, l'avocat de Terry Gilliam demande 1h30. L'un des assesseurs lui répond aussitôt : "Vous n'allez pas nous en faire un film quand même ?" Pourtant, la production de L'Homme qui tua Don Quichotte est une histoire comme seul le cinéma a le secret. Cette légende de film maudit s'est forgée en l'an 2000 près de Madrid. À l'époque, Jean Rochefort campait le rôle de Don Quichotte et Johnny Depp celui de Sancho Panza. 

Mais, dès les premières prises, rien ne va. Sur le lieu du tournage, tout proche d'une base militaire, les vols des F16 empêchent la prise de son directe. Deux jours plus tard, un orage éclate et des torrents de boue emportent une partie du matériel de prise de vue. Le calvaire se poursuit : Jean Rochefort est contraint d'arrêter le tournage en raison d'une hernie discale. Ces déboires auront raison de cette première tentative de tournage, déjà bancale financièrement. Ils sont d'ailleurs racontés dans un documentaire en 2002, Lost in La Mancha. 

L'ex-producteur bloque la sortie du film

Après cette débâcle, le projet sera régulièrement relancé et chaque fois avorté par manque de financement. On croit le long-métrage mort et enterré. Coup de théâtre le 18 mai 2016. En plein festival de Cannes,Terry Gilliam et le grand producteur indépendant Paulo Branco tiennent une conférence de presse. Ils annoncent que le film est relancé. Cette fois-ci c'est la bonne. Grâce à un casting enthousiasmant et ce nouveau producteur, le film va enfin pouvoir se faire ! 

Deux ans plus tard, devant la cour d'appel de Paris, l'ambiance est tout autre. "Paulo Branco passe son temps et toute son énergie à faire en sorte que ce film ne puisse être vu", déplore Terry Gilliam. En effet, le producteur, qui a laissé le projet de côté, revendique une part financière dans les futures recettes du film tourné sans lui. Résultat : le long-métrage est bloqué au moins jusqu'au 15 juin, date de l'arrêt de la cour d'appel. Tant pis, Terry Gilliam attendra. 

En 1989, j'ai lu pour la première fois Don Quichotte. Depuis, je suis devenu une victime de ce livre, comme ensorcelé.

Terry Gilliam, réalisateur

à franceinfo

"Don Quichotte a planté quelque chose dans ma tête qui ne partira pas tant que ce film ne sera pas fini", poursuit-t-il. L'homme qui tua Don Quichotte pourrait tout de même être vu dans certains festivals. Il pourrait notamment faire partie de la sélection cannoise ou de celle de la Mostra de Venise. 

La malédiction du Don Quichotte de Terry Gilliam se poursuit devant les tribunaux : un reportage de Charles de Quillacq

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