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Le Festival Audiovision veut faire entendre le cinéma aux malvoyants

Encore méconnu du grand public, la 6e édition du Festival Audiovision se tient au cinéma UGC Gobelins à Paris jusqu’au 14 avril. Durant deux semaines, les déficients visuels peuvent profiter de séances en audiodescription où les films sont décrits en voix off. Les séances sont ouvertes à tous et avec un tarif réduit (4 euros). De quoi rendre le cinéma vraiment accessible à tous.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un détail de l'affiche du 6ème Festival Audiovision. Elle s'inspire largement de "Lucy", le dernier film de Luc Besson qui est aussi le parrain de cette édition 2015
 (DR)

Le Festival Audiovision a été créé en 2010 par l’association Valentin Haüy (du nom du créateur de la première école pour aveugles à Paris au début du 19e siècle) qui vient en aide aux personnes déficientes visuelles avec un objectif : les sortir de leur isolement en leur apportant les moyens d’une vie normale.
 
D’années en années, le succès rencontré par ce festival va croissant, preuve que la demande est là. Cette année, près d'une trentaine de films en audiodescription sont proposés, de "Pourquoi j'ai pas mangé mon père" de Jamel Debbouze, "La famille Bélier", "Papa ou Maman", "Lucy" (le réalisateur Luc Besson est d’ailleurs le parrain de cette 6e édition), ou des films plus anciens comme "Léon", "L'Ours" ou "L'amant".
 
Les séances (on en compte plus de 80), dont le tarif est fixé à quatre euros, sont ouvertes aux voyants. Quant aux déficients visuels, ils peuvent suivre le film avec des boitiers récepteurs et des casques qui leur permettent « d’entendre » le film grâce à une description des éléments visuels (mouvements, expressions, décors, costumes ...).

Reportage : C. Pelé / E. Hunzinger / R. Carles 

La technique de l'audiodescription est née aux Etats-Unis au début des années 1970 avant de se développer en France à partir des années 90. Une progression lente, fruit d'un  long combat mené par l’Association Valentin Hüy qui a audiodécrit plus de 600 films et téléfilms.

Malgré tout en 2014, seuls 29% des films français sortis au cinéma étaient disponibles en audiodescription et moins de 2% des salles de cinéma étaient équipées pour proposer ce procédé. L’équipement nécessaire se compose d’un émetteur, boitier récepteur et casques, le tout pour un coût de 4000 à 6000 euros pour une dizaine de personnes. Les choses vont dans le bon sens car d’après l’association,  800 salles (sur les 5241 que compte la France) devraient être équipées pour l’audiodescription en 2015. 
 
Un coût de fabrication qui reste modeste

Depuis 2012, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) propose des aides aux producteurs de films francophones qui fournissent l'audiodescription. Certains, comme Luc Besson, en font sytsématiquement la demande. Selon l’Association Valentin Haüy,  le coût de fabrication des fichiers cinémas/TV/DVD (écriture des textes, enregistrements des voix off) est de 5.000 à 6000 euros pour un long-métrage. Un coût qui comprend l’écriture du texte, l’enregistrement et le mixage. "Il faut environ une heure de travail pour une minute de film" comme l’explique Marie-Luce Plumauzille, une audiodescriptrice interviewée par La Croix, "soit dix jours de travail pour une audiodescription de qualité" ajoute-elle.
Jean-Marc Plumauzille, audio-descripteur à l'association Valentin Haüy
 (France 3 Culturebox)
A noter que l’audiodescription permet aussi aux personnes sourdes de profiter du cinéma : la voix off diffusée dans les casques est remplacée par des sous-titrages qui donnent des informations sur l’univers sonore du film (type de musiques, ambiance, bruitages...). 

6e Festival Audiovision jusqu'au 14 avril au cinéma UGC-Gobelins 66 bis avenue des Gobelins - Paris 13e - Tarif : 4 euros la séance

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