Le cinéaste Alain Corneau est mort
_ Du polar au voyage initiatique en passant par la musique baroque, le réalisateur et scénariste Alain Corneau aura marqué le cinéma français de son éclectisme tout au long d'une œuvre empreinte d'un grand humanisme.
Né le 7 août 1943, Alain Corneau aurait voulu faire carrière dans le jazz mais il fait des études de cinéma.
En 1960 il rencontre la fameuse “Ninique de Colombes” qui lui donnera ses premiers cours cinématographiques. Fasciné par le cinéma américain, il a néanmoins illustré un éventail de genres assez vaste, de la grande fresque épique de Fort Saganne à la psychologie intimiste des Mots bleus, où la fréquente confrontation à l'autre ou à un pays différent illustrent toujours une quête d'identité et de soi.> _ Le début de sa carrière est marqué par le genre policier, mariant une construction et une noirceur souvent considérées comme des hommages au film noir américain, mais en y creusant les psychologies. Après trois succès commerciaux estimables, il réalise un film coup-de-poing, Série noire, grâce à une direction d'acteur (Patrick Dewaere, Marie Trintignant, Myriam Boyer, Bernard Blier), qui a laissé sa marque dans le cinéma français.
Après le policier, la fresque historique
Il adapte ensuite un roman historique de Louis Gardel : Fort Saganne, inspiré par l'histoire authentique de son grand-père.
Fils de paysans, Charles Saganne (Gérard Depardieu) est un officier sorti du
rang, qui quitte la France pour le Sahara et l'aventure en 1911, éloigné de la jeune et jolie Madeleine de Saint-Ilette (Sophie Marceau), dont les parents s'opposent à leur union.
_ Il change radicalement d'atmosphère, de lieu et d'envergure pour adapter le Nocturne indien d'Antonio Tabucchi : l'Inde, une équipe et un budget légers, un traitement intimiste lui permettent de se consacrer complètement à un thème déjà en filigrane dans ses films précédents : le flou autour de l'identité et les quêtes jamais bénignes pour y échapper et se trouver enfin.
_ Avec Tous les matins du monde, d'après un roman de Pascal Quignard, dont la musique est le premier personnage, il rencontre un succès public et critique inattendu, sur un sujet quelque peu austère (l'histoire d'un violiste au XVIIe siècle) traité sans emphase, avec un Jean-Pierre Marielle au sommet de son art.
_ Il effectue une nouvelle plongée dans un monde étranger, japonais cette fois, avec son adaptation de Stupeur et tremblements de l'écrivain belge Amélie Nothomb, dont l'héroïne semble montrer une identité plus mûre et un meilleur recul sur son environnement que les héros de ses premiers films.
_ En 2004, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distinguée par le Prix René Clair.
_ En 2006, Grégory Marouzé consacre à Alain Corneau un documentaire, Alain Corneau, du noir au bleu, qui retrace le parcours du cinéaste, aborde sa mise en scène, ses influences et ses thèmes fondateurs.
En 2010, il s'est vu décerner un Prix Henri-Langlois pour l'exemplarité de ses choix et de son parcours cinématographique qui a su mêler avec subtilité des films de genres très divers, ou la quête initiatique du ou des héros est toujours toujours empreint d'une grande spiritualité mêlée d'humilité et de générosité envers l'autre.
Son dernier film, Crime d'amour, qui met en scène Kristin Scott-Thomas en
impitoyable femme d'affaires et Ludivine Sagnier en jeune cadre aux dents
longues, est actuellement dans les salles.
_ Alain Corneau était le compagnon de la cinéaste et écrivain Nadine Trintignant.
Mikaël Roparz, avec agences
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