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"La La Land", leçons d'amour du cinéma

Après un carton aux Golden Globes et en attendant un triomphe annoncé aux Oscars le mois prochain, "La La Land" sort mercredi sur les écrans français. Le réalisateur Damien Chazelle signe une comédie musicale vivifiante et magistrale, un double hommage, très moderne, au cinéma d'Hollywood de l'après-guerre, et au cinéma français.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Emma Stone et Ryan Gosling, éblouissants dans "La La Land" (Courtesy of Lionsgate)

Il y a bien souvent un grand mystère autour des emballements médiatiques. Sauf que là, le succès de La La Land, dans les salles américaines comme auprès de la critique, s'explique simplement : c'est du cinéma pur. Certes le casting glamour, Emma Stone et Ryan Gosling, a bien aidé mais La La Land est surtout une belle déclaration d'amour à un double âge d'or, celui d'Hollywood et des grandes comédies musicales à la française.

On ne peut pourtant pas dire que la comédie musicale soit le genre le plus tendance, c'est certain. Mais si l'on peut juger un film à sa scène d'ouverture, alors nous sommes devant un chef-d'oeuvre : un plan-séquence magistral, au coeur des bouchons de Los Angeles, dans lequel les conducteurs se transforment en danseurs devant une caméra virevoltante. L'histoire, elle, est forcément une histoire d'amour : Emma Stone est Mia, une apprentie actrice qui galère au gré des auditions pour atteindre son Graal hollywoodien, Ryan Gosling joue Sebastian, un pianiste de jazz idéaliste obligé de faire des compromis. Tous deux vivent une histoire passionnée, jusqu'à l'excès puis l'incompréhension...

Les deux acteurs sont éblouissants : ils chantent et dansent eux-mêmes, Ryan Gosling ayant même passé plusieurs mois à travailler pour maîtriser des morceaux de jazz érudits.

La vision de Damien Chazelle

Nouvelle star d'Hollywood, encensé pour son précédent film Whiplash qui racontait le duel entre un professeur de jazz tyrannique et son élève, le réalisateur Damien Chazelle, la trentaine à peine tassée, est un amoureux du genre.

Le cinéma de Jacques Demy était, je pense, une réponse au cinéma américain, à Hollywood

Damien Chazelle

"Moderniser" la comédie musicale, comme le souhaitait le réalisateur, cela passe dans La La Land par des personnages profondément contemporains, même si habités par le passé. Autre personnage prépondérant : Los Angeles, une ville de lumières, de bruit et de gloire éphémère ou perdue. Une ville en Technicolor que Damien Chazelle prend plaisir à filmer, en amoureux du cinéma.

Damien Chazelle : "Je crois au cinéma comme un art populaire"

Ce La La Land, Damien Chazelle le rêve depuis plus de six ans, et même depuis ses années d'université, au côté du compositeur Justin Hurwitz, dont la musique est une autre clé de la réussite du film.

Jacques Demy, référence assumée

Le film est aussi un hommage, vibrant, à l'oeuvre de Jacques Demy. La caméra qui danse, les couleurs vives, l'énergie, tout fait écho aux Parapluies de Cherbourg ou aux Demoiselles de Rochefort. Damien Chazelle ne manque pas une occasion de clamer son amour pour un réalisateur qu'il a découvert quand il était adolescent, au point de mettre un point d'honneur à montrer La La Land à Mathieu Demy, le fils, et à Agnès Varda, la grande réalisatrice et compagne de Jacques Demy.

Ce film est magnifique, par ce qu'il dit du cinéma

Agnès Varda

Clin d'oeil sur un passé glorieux, mais long-métrage complètement dans l'air du temps, La La Land est une bouffée d'air frais et joyeux dans une période, aux États-Unis comme dans le monde, qui en manque singulièrement.

La La Land, de Damien Chazelle, avec Emma Stone, Ryan Gosling, John Legend, en salles le mercredi 25 janvier. Bande originale disponible (Polydor).

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