La 44e cérémonie des César : les favoris et les pronostics d'un très bon cru
Retrouvez ici tous les résultats de la 44e cérémonie des César
La comédie à l'honneur
Ces César 2019 pourraient accorder une place de choix à la comédie, souvent grande oubliée de ces récompenses annuelles du cinéma français.
Outre le César du public, récompensant le film ayant fait le plus d'entrées en salles, remis cette année aux "Tuche 3" d'Olivier Baroux (près de 5,7 millions de spectateurs), deux comédies sont en lice, citées notamment dans les catégories reines du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Le film choral de Gilles Lellouche "Le Grand bain", sur une bande de cabossés de la vie qui s'adonnent à la natation synchronisée pour se sauver, pourrait prolonger sa success story (4,26 millions d'entrées).en salles
Cité neuf fois, "En liberté !" de Pierre Salvadori, allie burlesque et dialogues savoureux, sur la rencontre entre une inspectrice de police et un innocent injustement condamné. Très bien accueilli à la Quinzaine des réalisteurs à Cannes, le film pourait figurer en bonne place au palmarès.
Les acteurs principaux d'"En liberté !", Adèle Haenel et Pio Marmaï, sont ainsi nommés dans les catégories Meilleur(e) acteur et actrice, tandis que quatre acteurs du "Grand bain" (Jean-Hugues Anglade, Philippe Katerine, Virginie Efira et Leïla Bekhti) sont cités pour les César du meilleur second rôle.
Une sélection en or
Autre grand favori, nommé 10 fois comme "Le Grand bain", "Jusqu'à la garde", beaucoup plus grave premier film de Xavier Legrand, est servi par ses acteurs, Denis Ménochet (en ce moment remarquable dans "Grâce à Dieu" de François Ozon), et Léa Drucker, formidable. Le titre pourrait rafler une série de prix. Ce film choc sur le divorce d'un couple qui tourne au cauchemar a déjà été récompensé par le Lion d'argent du meilleur réalisateur à Venise en 2018 et le prix Louis-Delluc du meilleur premier film.
Nommée neuf fois, la production franco-américaine "Les Frères Sisters" de Jacques Audiard, western avec Joaquin Phoenix, Jake Gyllenhaal et John C. Reilly, récompensé en 2018 par le Lion d'argent du meilleur réalisateur à Berlin, sera également un candidat sérieux. Avec ce magnifique western inattendu du réalisateur d’"Un prophète" et de "Dheepan" (Palme d’or à Cannes en 2015), Jacques Audiard mérite au moins le César du Meilleur réalisateur. Trois prix Lumières, récompenses de la presse internationale au cinéma français, ont été décernés le 4 février au film, une reconnaissance souvent prémonitoire des César.
"La Douleur" d'Emmanuel Finkiel, adaptation du roman éponyme de Marguerite Duras, est cité à huit reprises. Nommé aux Oscars du 24 février prochain (2 jours après les César) dans la catégorie Meilleur film étranger, le film repose pour beaucoup sur l’interprétation de Mélanie Thierry en Marguerite Duras.
Film au sujet sociétal comme "Jusqu'à la garde", "Pupille" de Jeanne Herry, raconte l'adoption d'un bébé né sous X. Nommé sept fois, le film ne se limite pas à un "adoption mode d’emploi" grâce à sa dimension romanesque et des interprètes remarquables (Sandrine Kiberlin, Gilles Lellouche, Elodie Bouchez, elle, récompensée aux Lumières).
Six fois nommé, "Guy", au sujet pop, de et avec Alex Lutz en vieux chanteur sur le retour, a touché la critique mais n’a pas rencontré le public. Il demeure qu’Alex Lutz est un sérieux challenger pour le prix d’Interprétation masculine.
Six nominations aussi pour "Mademoiselle de Joncquières", dont Meilleure actrice pour Cécile de France, et Edouard Baer, Meilleur acteur, sensationnel dans le film.
Pour clore le chapitre des favoris, "Les Chatouilles", autofiction sur la pédophilie, d’Andréa Bescon et Alex Métayer, concourre dans cinq catégories. Karine Viard et Clovis Cornillac sont en lice pour le Meilleur second rôle.
Boudé à notre goût, "Un amour impossible" (2e film autour de la pédophile des César 2019), remarquable adaptation du roman éponyme de Christine Angot, avec quatre nominations, est tout de même salué par la présence de Virginie Efira dans la catégorie Meilleure actrice, César qu'elle mériterait largement, notre préférée. La comédienne est également nommée pour son second rôle dans "Le grand Bain".
Les oubliés
Hormis "Un amour impossible", négligé, on pouvait espérer mieux de "L’Empereur de Paris" de Jean-François Richet, sur Vidocq avec Vincent Cassel qui interpète ce rôle sur mesure. Sa magnifique reconstitution du Paris 1810, sa belle et ambitieuse mise en scène, lui vaut de n'être "que" sélectionné dans deux prix techniques, Meilleurs costumes et Meilleurs décors. II mériterait les deux récompenses.
"Un peuple et son roi", autre reconstitution historique, de la Révolution cette fois, est au même régime, dans les deux mêmes catégorie.
"Les Filles du Soleil", d’Eva Husson, avec Golshifteh Farahani et Emmanuelle Bercot, sur un régiment de femmes kurdes yazidies contre Daesh, est complètement rayé de la carte. Cette non-nomination à ces 44e César enfonce le clou, ce film est pourtant remarquable. Fustigé à Cannes et par toute la critique, la réalisatrice y montre avec évidence son sens de la mise en scène et du récit, avec deux actrices impliquées sur un sujet ambitieux et risqué. Plus dur est la chute.
Film étranger, Animation, Documentaire, Musique, et plus si affinité…
La catégorie Meilleur film étranger est comme la sélection française bien chargée. Avec comme favori "Cold War", prix de la mise en scène à Cannes, de Paweł Pawlikowski, réalisateur du très remarqué et remarquable "Ida".
Sur l’amour impossible entre un musicien et une chanteuse de Varsovie, passant par Paris durant la Guerre froide, "Cold War" a notamment en face de lui "Une affaire de famille" du japonais Kore-Eda (Palme d’or à Cannes) et "Girl", du belge Lukas Dhont, Caméra d’or (premier film) à Cannes.
L’animation est toujours bien représentée aux César, avec cette année trois films : le très beau "Dili à Paris" de Michel Ocelot ("Kirikou"), talonné par le réussi "Astérix et le secret de la potion magique" et l’étonnant "Pachamama".
Le César du documentaire, voit "Le procès contre Mandela et les autres" dominer la catégorie face à quatre autres films. Il s'agit du procès de 1964 qui mena le leader de l’ANC contre l’apartheid en Afrique du Sud à la prison à perpétuité avec ses coreligionnaires. Le film mèle interviews et animation.
Pour le César du Premier film nous parions sur "L’Amour flou" de Romane Bohringer et Philippe Robbot. Il le mérite, tant leur film repose sur un projet improbable : un couple qui se sépare, vivant dans le même appartement avec leurs enfants. Une autofiction impayable, réalisée avec un talent fou et 2 euros, six sous.
On allait oublier la Musique ! Celle du maître Alexandre Desplat pour "Les Frères Sisters, se démarque, par une très belle fusion entre ses compositions "classiques" et une instrumentation plus exotique, dont on ne reconnait pas forcément l’origine, et qui colle parfaitement au western d’Audiard.
Pour la première fois, un "César des lycéens" sera remis cette année, récompensant leur film préféré. Annoncé le 25 février, il sera attribué par 2.000 élèves de terminale qui devront choisir parmi les sept longs métrages nommés pour le César du meilleur film.
Films, réalisateurs et acteurs brillent dans cette sélection des 44e César, particulièrement riche en talents. Elle reflète le foisonnement et la diversité du cinéma français actuel, confirmant toujours sa deuxième place dans le cinéma mondial, après les Etats-Unis.
Kristin Scott Thomas, Kad Merad et Isabelle Huppert mènent le bal
Cette 44e cérémonie des César décernés par les Arts et techniques du cinéma français est présidée cette année par l'actrice franco-britannique Kristin Scott Thomas ("Le Patient anglais").
C’est le comédien et humoriste Kad Merad qui en sera le maître de cérémonie, avec comme mise en bouche une bande annonce désopilitante de la retransmission de la soirée sur Canal+ en clair .
Isabelle Huppert est l’égérie de ces César 2019, un très beau portrait de la comédienne illustrant l’affiche officielle de ce cru qui s’annonce des meilleurs. Elle y apparaît âgée de 24 ans quand elle interprétait le rôle-titre de "Violette Nozière" signé Claude Chabrol en 1978. Le film lui valut le prix de la meilleure interprétation féminine au Festival de Cannes la même année.
Hommage à Robert Redford
Deux jours avant les Oscars (dimanche 24 février), un César d'honneur sera remis à l'acteur américain de légende Robert Redford, 82 ans, couronné par un Oscar en 1981 pour "Des gens comme les autres" et par un Oscar d'honneur en 2002.
"Acteur iconique, réalisateur d'exception, producteur passionné, fondateur et président de Sundance, le festival de films indépendants le plus réputé au monde, Robert Redford a marqué de son empreinte chacune de ses implications dans le monde du cinéma", a souligné le président de l'Académie des César, Alain Terzian.
Après 61 ans de carrière, Robert Redford a annoncé que son nouveau film, "The Old Man and The Gun" de David Lowery ("A Ghost Story"), sorti en septembre aux Etats-Unis, non distribué encore en France, serait le dernier de sa carrière.
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