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Mort de Jean-Paul Belmondo : le documentariste Cyril Viguier raconte le "moment divin" passé avec lui et Alain Delon en juillet

"Il n'était plus vraiment capable de construire des phrases à la fin de sa vie, mais il y avait cette lueur", se souvient Cyril Viguier. "On savait  que sa vie s'éteignait".

Article rédigé par franceinfo
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L'acteur Jean-Paul Belmondo lors d'une séance photo le 5 décembre 2016. (JOEL SAGET / AFP)

"On avait l'impression d'être dans un film de Belmondo en permanence quand on était avec lui", témoigne lundi 6 septembre sur franceinfo Cyril Viguier, journaliste, producteur, qui a produit le documentaire "Belmondo par Belmondo". 

"C'est la personne au monde que j'ai rencontrée où il y avait le moins de différence entre la personne publique, l'acteur et l'homme", déclare Cyril Viguier.

franceinfo : Vous avez vu Jean-Paul Belmondo au mois de juillet, vous êtes allé chez lui avec Alain Delon.

Cyril Viguier : C'était la dernière entrevue entre ces deux monstres sacrés du cinéma. Nous venions de tourner l'émission "Alain Delon face au monde" [diffusée cet été] et on venait lui présenter l'émission, lui raconter ce qu'on avait fait. Et ça a aussi permis à Alain Delon de voir une dernière fois Jean Paul Belmondo puisqu'on savait que sa vie s'éteignait.

On a passé un moment divin chez lui. Alain était heureux de voir son vieux complice et il lui dit "dépêche-toi d'aller mieux, parce que je viens d'envoyer à ton avocat le contrat de Borsalino 3, on retourne à Marseille en septembre !". Et j'ai vu un sourire merveilleux sur la figure de Jean-Paul Belmondo, qui était bien. Il n'était plus vraiment capable de construire des phrases à la fin de sa vie, mais il y avait cette lueur, cette main qui m'a serré.

Vous avez fréquenté Belmondo, qu'est-ce que vous ressentez ce soir ?

J'oscille entre la grande tristesse et le fait que ce n'était pas quelqu'un de triste. Il était dans la joie en permanence. Je l'ai vu passer d'une cascade en hélicoptère au-dessus de Paris à un AVC très grave, sans jamais changer d'humeur. C'est ça Belmondo, ce sourire cette gentillesse.

Vous avez co-écrit "Belmondo par Belmondo", un documentaire, avec son fils Paul.

Oui Paul Belmondo voulait rendre hommage à son père. Pour le film, on est allés dans tous les endroits du monde où voulait retourner Jean-Paul Belmondo, là où il avait tourné des films. On est allés avec lui à Rio et on a rencontré le petit cireur de chaussures du film L'Homme de Rio de Philippe de Broca. On est allé à Rome retrouver Ursula Andress, avec qui il avait vécu. On est allés en Normandie, à Villerville, qui s'appelait Tigreville dans Un singe en hiver. C'était sa dernière apparition. Il était très heureux d'avoir fait ça avec son fils.

Jean-Paul Belmondo était diminué mais il gardait le sourire.

Oui par exemple, un soir à Rio, dans sa suite, il essaie de se lever mais il tombe. Il n'arrive pas à se relever, et il passe la nuit sur le carrelage de sa salle de bain. Le matin, on rentre dans sa chambre pour le petit-déjeuner, avec son fils Paul et on le retrouve sur le carreau, il a passé la nuit par terre. Et ce qui nous frappe, c'est le sourire et le rire. Cela explique beaucoup de sa personnalité et de sa force de caractère.

Il y a une autre dimension qui compte, c'est sa famille. Il adorait sa famille : Paul, Patricia, sa fille disparue, son autre fille Florence. Sa mère le suivait partout, son frère Alain qui était son partenaire de film. C'était un clan qui fonctionnait 24h/24. Jean-Paul était un ami comme on rêve d'en avoir.

Comment était-il en dehors des plateaux ?

Il était vraiment cool. C'est la personne au monde que j'ai rencontrée où il y avait le moins de différence entre la personne publique, l'acteur et l'homme. C'était les mêmes blagues, on avait l'impression d'être dans un film de Belmondo en permanence quand on était avec lui.

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