L'hommage officiel aux Invalides "aurait fait rire" Jean-Paul Belmondo, s'amuse Michel Drucker
Michel Drucker, qui était un ami de Jean-Paul Belmondo, va rediffuser l'émission spéciale qui lui avait été consacrée pour ses 80 ans.
Son hommage officiel "l'aurait fait rire parce que Jean-Paul, c'était un rigolo", aassuré Michel Drucker, jeudi 9 septembre sur franceinfo. Ami de Jean-Paul Belmondo et témoin de son mariage, il rediffusera dimanche l'émission spéciale de Vivement dimanche organisé pour ses 80 ans le 14 avril 2013.
franceinfo : Pour la cérémonie d'hommage à Jean d'Ormesson, Emmanuel Macron avait déposé un crayon sur le cercueil. Que doit-il déposer sur celui de Jean-Paul Belmondo ?
Michel Drucker : Un petit hélicoptère miniature et des gants de boxe.
Comment aurait-il jugé cet hommage officiel, selon vous ?
Cela l'aurait fait rire parce que Jean-Paul, c'était un rigolo. C'était le Guignolo et le rigolo. Il ne prenait rien au sérieux. Cet hommage aurait plu à ses parents. Je pense beaucoup à eux aujourd'hui, ils étaient fiers. Mais c'est vrai que cela lui ressemble plus à l'église de Saint-Germain-des-Prés, où il a habité presque toute sa vie.
Vous êtes un ami de plus de 50 ans, vous étiez à ses côtés le jour de son AVC il y a 20 ans. Quels souvenirs gardez-vous de cette période avec lui ?
C'est un souvenir terrible. C'était il y a près de vingt ans, alors qu'il était en pleine force de l'âge. Il a été fauché, lui, le Superman, lui le Guignolo, lui l'homme de Peur sur la ville, l'Homme de Rio, le Magnifique, fauché par cet accident vasculaire cérébral. C'est arrivé en Corse. Je voulais lui envoyer un hélicoptère de la Timone à Marseille. Finalement, il est arrivé tard le soir à Paris voir son médecin. Mais il n'était pas conscient, bien sûr. Et puis, il s'est accroché. Je l'ai amené en rééducation à Granville. Je m'en souviendrai toujours. Quand je l'ai amené, il était souriant et il n'a pas voulu se départir de son sourire. Les autres patients handicapés l'ont vu arriver un dimanche après-midi, un dimanche de novembre, pas le mois le plus gai, avec un petit crachin qui tombait sur la plage Casino d'Hiver, d'une tristesse infinie. Nous sommes montés au premier étage et il a regardé le balcon. La nuit allait tomber, une infirmière avec la voilette au vent poussait un handicapé sur la plage. C'était un peu "Intouchables" sans le rire d'Omar Sy. Il m'a dit : "Tu me ramènes à Paris ?" Et je lui ai répondu : "Non, tu restes" ! Il est revenu au bout de trois mois. C'était un battant, Jean-Paul. S'il n'avait pas été un très grand champion, il n'aurait pas vécu vingt ans après ce drame. Il s'est battu, il a gardé son sourire. Et puis un jour, au bout de six mois, il a dit : "Je vais quand même sortir, je ne vais pas rester enfermé toute ma vie". Il est sorti sur les Champs-Élysées avec sa jambe folle, son bras en bandoulière et sa canne. Il a affronté le regard des passants qui reconnaissaient Jean-Paul Belmondo sans vraiment le reconnaître. Il a souri.
Deux ans plus tard, vous avez réalisé avec lui une émission spéciale de Vivement dimanche pour ses 80 ans. Il a été difficile à convaincre ?
Il m'a dit : "Je viendrai peut-être, si je suis en forme". On a travaillé avec les équipes de Vivement dimanche pendant un an. Cette émission exceptionnelle, qui restera pour moi la plus belle de ma carrière, dure trois heures et passera dimanche. Vous verrez, c'est très émouvant. Il y a toute sa famille, y compris celle venue d'Amérique, les enfants et petits-enfants, tout le monde était là.
C'est lui qui vous a demandé de la rediffuser après sa mort ?
Je sais qu'il a été très touché par cette émission. Il m'avait dit : "Le jour où je casse ma pipe, ce serait bien qu'on repasse ça". Alors Jean-Paul, on va tenir cette promesse.
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