Isabelle Huppert Gaspard Ulliel, manipulateurs et menteurs dans "Eva" de Benoît Jacquot
"Eva" est à l’origine un roman de l’écrivain britannique James Hadley Chase, paru en 1946 dans la collection Série Noire. Un roman que Benoît Jacquot a lu à l’adolescence, "au moment", dit-il, "où je commençais à me dire avec fermeté que je serais cinéaste".
Dans ce film tourné en partie à Annecy en Haute-Savoie, Isabelle Huppert incarne Eva, une prostituée qui croise le chemin de Bertrand (Gaspard Ulliel), un jeune écrivain parisien. Très vite, il va être fasciné et obsédé par cette femme mystérieuse, au point de vouloir en faire le personnage d’un roman.
Manipulation et mensonges
Ce thriller psychologique (présenté en compétition au 68e Festival de Berlin en février dernier) marque la 6e collaboration entre Isabelle Huppert et Benoît Jacquot (après "Villa Amalia", "La Fausse suivante", "Pas de scandale", "L’École de la chair" et "Les Ailes de la colombe").Danger et complexité
Le réalisateur offre à la comédienne le genre de personnage dans lequel elle excelle, celui d’une femme complexe, troublante, désirable et dangereuse. "Eva, c’est la part sombre de Bertrand, un écrivain usurpateur qui a volé le talent et la créativité d’un autre... Ces deux personnages se reconnaissent l’un l’autre", explique l’actrice. Pour Gaspar Ulliel, "il y a un jeu de miroir et de résonnance entre ces êtres qui sont deux menteurs". Le comédien de 33 ans reconnaît qu’avec ce rôle, il est sorti d’une "certaine zone de confort. J’ai exploré des choses un peu nouvelles".Travailler avec Isabelle Huppert
Gaspard Ulliel avait déjà tourné avec Isabelle Huppert dans "Un barrage contre le Pacifique" de Ritthy Panh en 2009. Pour le comédien, "c'est un plaisir de l'observer travailler. Isabelle fait partie de ces actrices qui ont réussi à imposer leur propre musique, leur propre style. C'est quelque chose d'assez inimitable et donc c'est forcément très agréable."La parole des femmes et les César
Ce n’est pas la première fois que le roman de James Hadley Chase est porté à l’écran. En 1962, Joseph Losey l’avait déjà adapté avec Jeanne Moreau dans le rôle d’Eva. L’actrice, décédée le 31 juillet 2017, a fait l’objet d’un hommage durant la 43e cérémonie des César. Laurent Delahousse convoque cette figure du cinéma français pour aborder la prise de parole des actrices confrontées au harcèlement, à la violence et à la misogynie de certains réalisateurs.Une maltraitance dont Isabelle Huppert avoue ne pas avoir souffert tout en reconnaissant que "la misogynie est partout, elle vient parfois aussi des femmes que des hommes. C’est une réalité, on en parle avec force aujourd’hui. Les femmes s’emparent de la parole, c’est un moment important, historique".
En 2017, Isabelle Huppert avait reçu le César de la Meilleure actrice dans "Elle" de Paul Verhoeven et Gaspard Ulliel celui du Meilleur acteur dans "Juste la fin du monde" de Xavier Dolan, "un moment de bonheur, touchant et encourageant !".
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