"Henri" : Yolande Moreau en belgitude intense
De Yolande Moreau (France/Belgique), avec : Pippo Delbono, Miss Ming, Jackie Berroyer, Simon André, Lio - 1h47 - Sortie : 4 décembre 2013
Synopsis : Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant près de Charleroi, "La Cantina". Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et René, des piliers de comptoirs ; ensemble ils tuent le temps devant quelques bières en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs. Rita meurt subitement, laissant Henri désemparé. Leur fille Laetitia propose alors à Henri de se faire aider au restaurant par un "papillon blanc", comme on appelle les résidents d’un foyer d’handicapés mentaux proche de "La Cantina". Rosette est de ceux-là. Elle est joyeuse, bienveillante et ne voit pas le mal. Son handicap est léger, elle est simplement un peu "décalée". Elle rêve d’amour, de sexualité et de normalité. Avec l’arrivée de Rosette, une nouvelle vie s’organise.
Yolande Moreau évoque en deux plans l’atmosphère de ce bled belge, désert, pourtant chaleureux. Ils sont quatre autour du comptoir et tout y est. Bientôt une n’y sera plus, Lio, la femme de Henri, suite à un accident de la route. Et la vie bascule. Lui, se retrouve avec ses deux potes, Bibi (Jackie Berroyer) et René (Simon André), tous trois colombophiles notoires. Henri se retrouve sans femme. Il va en trouver une autre, étrange, en Rosette, une handicapée mentale légère qui va transformer sa vie.
Rosette, est interprétée par Miss Ming que l’on a pu voir notamment dans « Mammouth ». D’une spontanéité toute naturelle, elle apporte à son rôle une fraicheur tout en symbiose avec le film, tout en liberté. Sa frivolité compose en opposition avec toute la retenue de Pippo Delbono, en Henri, taiseux, rentré en lui-même. Il explose par moment pour finalement prendre la tangente avec son amoureuse lors d’une parenthèse qui va le révéler face à lui-même.
Belle histoire, entre deux êtres que rien ne supposait qu’ils se rencontrent, et que le rapprochement touche à tout, jusqu’à l’interrogation. Pourquoi pas est-on tenté de dire. D’autant que le thème colombophile du film recoupe son sujet, celui des retrouvailles avec l’être aimé lors d’images magnifiques : un peu de tendresse dans un monde de brutes. Cela fait du bien : bien vu.
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