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"Henri" : Yolande Moreau en belgitude intense

Yolande Moreau (César 2009 de la Meilleur actrice pour "Séraphine") signe son premier film en solo après "Quand la mer monte" (coréalisé avec Gilles Porte), avec "Henri" qui sent bon la belgitude dans sa tonalité et sa sensibilité, humaniste… belge, quoi !
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Miss Ming et Pippo Delbono dans "Henri" de Yolande Moreau
 (Arnaud Borrel)

De Yolande Moreau (France/Belgique), avec : Pippo Delbono, Miss Ming, Jackie Berroyer, Simon André, Lio - 1h47 - Sortie : 4 décembre 2013

Synopsis : Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant près de Charleroi, "La Cantina". Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et René, des piliers de comptoirs ; ensemble ils tuent le temps devant quelques bières en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs. Rita meurt subitement, laissant Henri désemparé. Leur fille Laetitia propose alors à Henri de se faire aider au restaurant par un "papillon blanc", comme on appelle les résidents d’un foyer d’handicapés mentaux proche de "La Cantina". Rosette est de ceux-là. Elle est joyeuse, bienveillante et ne voit pas le mal. Son handicap est léger, elle est simplement un peu "décalée". Elle rêve d’amour, de sexualité et de normalité. Avec l’arrivée de Rosette, une nouvelle vie s’organise.

Révélation
Yolande Moreau évoque en deux plans l’atmosphère de ce bled belge, désert, pourtant chaleureux. Ils sont quatre autour du comptoir  et tout y est. Bientôt une n’y sera plus, Lio, la femme de Henri, suite à un accident de la route. Et la vie bascule. Lui, se retrouve avec ses deux potes, Bibi (Jackie Berroyer) et René (Simon André), tous trois colombophiles notoires. Henri se retrouve sans femme. Il va en trouver une autre, étrange, en Rosette, une handicapée mentale légère qui va transformer sa vie.

Rosette, est interprétée par Miss Ming que l’on a pu voir notamment dans « Mammouth ». D’une spontanéité toute naturelle, elle apporte à son rôle une fraicheur tout en symbiose avec le film, tout en liberté. Sa frivolité compose en opposition avec toute la retenue de Pippo Delbono, en Henri, taiseux, rentré en lui-même. Il explose par moment pour finalement prendre la tangente avec son amoureuse  lors d’une parenthèse qui va le révéler face à lui-même.
Miss Ming dans "Henri" de Yolande Moreau
 (Arnaud Borrel)
Equation
Belle histoire que celle d’« Henri ». Celle d’un homme en perte de repères et qui va les retrouver avec une jeune femme qui les recherche : la relation à l’autre, l’amour, le sexe. Belle équation que compose Yolande Moreau dans son écriture, constamment soutenue et renouvelée, jusqu’à un final laissé en suspens, dont les dernières minutes ne sont pas les moindres. Un très beau final, très bien orchestré, qui compose sans doute le meilleur du film.

Belle histoire, entre deux êtres que rien ne supposait qu’ils se rencontrent, et que le rapprochement touche à tout, jusqu’à l’interrogation. Pourquoi pas est-on tenté de dire. D’autant que le thème colombophile du film recoupe son sujet, celui des retrouvailles avec l’être aimé lors d’images magnifiques : un peu de tendresse dans un monde de brutes. Cela fait du bien : bien vu. 

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