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Godard invite Hollande à "nommer Marine Le Pen Premier ministre"

Dans son édition de jeudi, "Le Monde" publie une longue interview de Jean-Luc Godard. Réputé pour ses propos volontiers provocateurs, le cinéaste y parle librement, non sans humour, de cinéma, de Cannes, d'actualité... et du Front national. S'il se dit "abstentionniste depuis longtemps", il aurait bien vu Marine Le Pen nommée à Matignon "pour que ça bouge un peu".
Article rédigé par Annie Yanbekian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 1 min
Jean-Luc Godard revient à Cannes avec "Adieu au langage"
 (FABRICE COFFRINI / AFP)

L'interview, longue de deux pages, démarre en effet par une confidence surprenante de la part de Jean-Luc Godard, visiblement satisfait des résultats des élections européennes : "J'espérais que le Front national arriverait en tête. Je trouve que Hollande devrait nommer - je l'avais dit à France Inter, mais ils l'ont supprimé - Marine Le Pen Premier ministre."

Alors qu'on lui demande les raisons d'un tel choix, il répond : "Pour que ça bouge un peu. Pour qu'on fasse semblant de bouger, si on ne bouge pas vraiment. Ce qui est mieux que de faire semblant de ne rien faire (rires)", peut-on lire dans le quotidien.

Godard nie tout soutien au FN
Puis, après une étrange évocation du Conseil national de la Résistance qui intégrait des membres du "Front national, une organisation paracommuniste" ("une synonymie", lui rétorquent les journalistes du "Monde"), Jean-Luc Godard est interrogé sur l'évolution des votes en Europe. Il nie tout soutien au Front national : "Ça traduit mon cas. Je ne suis pas pour eux. Il y a longtemps, Jean-Marie Le Pen avait demandé que je sois viré de France. Mais j'ai juste envie que ça bouge un peu… Les grands vainqueurs, ce sont les abstentionnistes. J'en fais partie depuis longtemps", a ajouté celui qui a reçu le Prix du Jury au dernier festival de Cannes.

Jean-Luc Godard avait déjà tenu ce genre de propos avant les Européennes, alors qu'il était interrogé sur France Inter le 23 mai, pendant le Festival de Cannes. "Autant mettre Marine Le Pen à la présidence, on regarde pendant cinq ans ce qui se passe et puis on la vire."

Habitué des propos polémiques
Habitué des polémiques, le cinéaste avait déclenché une controverse aux États-Unis en 2010 pour ses positions sur Israël et les juifs, juste avant de recevoir un Oscar d'honneur pour l'ensemble de sa carrière. "Est-ce un problème si (Godard) est antisémite?", s'était interrogé le Los Angeles Times. Le réalisateur, défenseur de la cause palestinienne, avait accolé dans son documentaire "Ici et ailleurs" (1974) des images d'Hitler et de l'ancienne Premier ministre d'Israël Golda Meir.

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