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Un conte classique à l'heure du numérique : le film d'animation "Belle" décortiqué par son réalisateur japonais

Mamoru Hosoda, réalisateur de films d’animation féeriques et poétiques ("Le Garçon et la Bête", "Miraï ma petite sœur") présente son dernier-né, "Belle", en salle depuis le 29 décembre. Une interprétation moderne du célèbre conte "La Belle et la Bête", à l’heure du numérique. Nous avons rencontré le cinéaste japonais en marge de la promotion du film à Paris.

Article rédigé par franceinfo Culture - Margaux Bonfils
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6min
Belle, l'alter ego virtuel de Suzu, l'héroïne du nouveau film d'animation de Mamoru Hosoda. (STUDIO CHIZU)

Sorti le 29 décembre, Belle, dernière création de Mamoru Hosoda et du Studio Chizu, transpose le conte de La Belle et la Bête de nos jours, où la technologie est omniprésente. Suzu est une jeune lycéenne très timide et renfermée depuis la mort de sa mère. Depuis ce drame, la jeune fille a arrêté de chanter, jusqu’au jour où elle découvre le monde virtuel U. Un univers qui permet à chacun d’obtenir un alter ego numérique, tout en gardant son anonymat. Dans ce nouveau monde, Suzu devient Belle, une star de la chanson aux cheveux roses, adulée par des millions de personnes. Un jour, au cours d'un de ses concerts virtuels, la Bête, une créature violente et mystérieuse surgit, chassée par les "protecteurs" de U. Belle, intriguée, s’efforcera de lui venir en aide et de percer son secret.

Bande d'annonce BELLE
Bande d'annonce BELLE Bande d'annonce BELLE

Un projet de longue date

Cette adaptation très moderne du conte de La Belle et la Bête, le réalisateur japonais Mamoru Hosoda, que nous avons rencontré à Paris en marge de la promotion de son film, en rêvait depuis plusieurs années. "Cela fait trente ans je voulais faire ma propre version et j’adore celle de Jean Cocteau et de Disney. Un jour, j’ai eu l’idée de transposer cette histoire dans le contexte d’internet, car j’aime beaucoup les deux facettes de la Bête dans la version originale", à la fois belle et monstrueuse. "Aujourd’hui nous vivons avec deux facettes, la vie réelle et la vie numérique", explique le réalisateur.

À travers Belle, Mamoru Hosoda, aborde les contrastes du numérique et l’utilisation des réseaux sociaux. Dans le monde de U, la popularité est éphémère, des utilisateurs sont adulés avant de retomber dans l'anonymat ou pire, sont victimes de cyberharcèlement. Mais la jeune fille grâce à ce réseau, s’ouvre aussi au monde, crée des amitiés fortes et découvre qui elle est vraiment. "Le plus important, c’est le côté positif de cette technologie, confie le réalisateur de Belle. À chaque fois qu’il y a une nouvelle technologie qui apparaît, on a tendance à avoir peur. Mais à quoi ça sert que les adultes se plaignent sans arrêt de cette jeune génération connectée ? Il faut trouver dans cette réalité, des nouvelles notions de valeurs, de construction de soi. La seule envie que j’ai, c’est d’encourager les jeunes à apprendre à vivre dans ce monde", ajoute Mamoru Hosoda.

Grâce à U, l’héroïne sortira grandit de cette aventure. Sans divulgâcher l'intrigue, elle finira par résoudre les problèmes relationnels qu’elle entretenait avec son père et comprendra le sacrifice de sa mère...

Le vrai visage de Belle, Suzu, une jeune lycéenne timide et discrète. (STUDIO CHIZU)

Un film très personnel

Chacun des films réalisés par Mamoru Hosoda, s’inspire directement de sa vie personnelle. Pour Les Enfants loups, Ame et Yuki, c’est la mort de sa mère qui l'a poussé à s’interroger sur la manière dont elle l’avait élevé seule. Miraï, ma petite sœur est inspirée de la naissance de ses deux enfants. Pour Belle, "c’est vraiment l’histoire de ma famille, ma fille de cinq ans se comporte comme une vraie princesse à la maison (rires), mais dès qu’elle va à l’école, elle change totalement de personnalité, elle est très timide et n’est pas sociable. En l’observant, j’ai trouvé qu’elle avait vraiment un double visage et cela m’a beaucoup inspiré pour créer le personnage de Suzu", confie le réalisateur.

Des talents internationaux

Pour la première fois, le réalisateur s'est entouré de talents du monde entier dans la conception de Belle. Jin Kim, animateur coréen qui a conçu de nombreux personnages de l'univers Disney (Raiponce, La Reine des Neiges) et le studio d’animation irlandais Cartoon Saloon (Le peuple loup) ont participé à l'aventure. Cette collaboration a été facilitée par la pandémie qui a permise plus d’échanges entre les créateurs. "Je voulais faire de Belle quelque chose de global, d’universel comme le monde de U, alors il fallait que la production du film reflète cet univers", explique Mamoru Hosoda.

Pari relevé, les images sont féeriques, les personnages de U sont d’une grande diversité, tout comme les décors. Les villes futuristes à perte de vue côtoient les châteaux volants, des tempêtes de fleurs et des baleines volantes surgissent au-dessus des foules : pour le plus grand plaisir des yeux.

"U", un univers virtuel multicolore, où tout est possible (STUDIO CHIZU)

"La vie de Louane et celle de Belle se synchronisent"

Le réalisateur s’est aussi tourné vers l’Hexagone pour compléter son équipe de talents et trouver la voix française de Belle. Un choix difficile compte-tenu de la dimension musicale du film. Dans sa version originale, l’artiste prête sa voix à l’héroïne. Dans la version française, la chanteuse Louane (Donne-moi ton cœur, On était beau) incarne à la fois Suzu et Belle. "C’est très compliqué de trouver une personne qui puisse chanter et interpréter ce rôle. Louane est une des très rares personnes à faire les deux. Elle a su conserver l’intention originale en mettant son propre style. Dans sa vie personnelle, chanter a été quelque chose de très important, ça a presque fondé sa vie. La vie de Louane et de celle de Belle se synchronisent, c’est sûrement pour cela, quelle est aussi convaincante dans le film", confie Mamoru Hosoda.

"Belle", de Mamoru Hosoda, en salle depuis le 29 décembre.

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