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Succès des cartoons français à l’étranger : "On embauche 40 à 50 personnes par an, c’est énorme", se félicite le PDG de Xilam animation

Selon Marc du Pontavice, la France est le troisième producteur mondial et troisième exportateur mondial de dessins animés.

Article rédigé par franceinfo
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Le producteur français et fondateur du studio d'animation Xilam Marc du Pontavice le 3 octobre 2018 à Paris. (BRUNO COUTIER / BRUNO COUTIER)

"Il y a encore quatre ans, il y avait à peu près 5 500 personnes qui travaillaient dans l'industrie de l'animation en France, on est déjà passé à 7 500 personnes. Je pense que d'ici 2025, on sera près de 10 000 à travailler dans cette industrie", prédit Marc du Pontavice, le président-directeur général de Xilam animation. Après "Oggy" racheté par Netflix, "Les aventures au parc de Tic et Tac" produite par la société de dessins animés française arrivent sur Disney +. La France est le troisième exportateur mondial de cartoons.

franceinfo : Peut-on dire que l'essor des plateformes de streaming fait plutôt le bonheur du dessin français ?

Marc du Pontavice : Oui, la pandémie a accéléré la mutation des usages et de la consommation de la vidéo à la demande et donc favorise les plateformes. Toute l'industrie et tous les créatifs des talents du dessin animé français sont très, très sollicités aujourd'hui par ces plateformes, et Xilam en particulier parce qu'on a développé depuis des années, des savoir-faire qui satisfont un peu ce besoin d'universalité et de globalisation des plateformes. Disney est venu chercher chez Xilam une expertise assez rare, unique, qui existe peu aux États-Unis, qui est ce savoir-faire de l'animation sans dialogue, de la comédie visuelle, ce qu'on appelle le "slapstick" ou le "chase cartoon", dont Xilam s'est fait une spécialité, notamment depuis "Oggy et les Cafards".

Sur le marché, il y a aussi les "Lapins crétins" des studios Ubisoft, la saga "Moi, moche et méchant", qui est en grande partie française. Avant, il y a eu par exemple "Sam Sam", ou les "Il était une fois". Pourquoi les Français ont un savoir-faire si particulier ?

La France est le troisième producteur mondial et troisième exportateur mondial de dessins animés. Il y a plusieurs facteurs. Le premier est une sorte de substrat culturel qui fait que les Français aiment beaucoup tout ce qui est pictural et ce qui relève de l'image, du dessin, de la peinture, la bande dessinée. Tout ça forme une culture de l'image qui est très forte. Un très grand nombre d'étudiants veulent vivre de leurs dessins et vont apprendre dans des écoles de très haut niveau. La France a 44 écoles, et plusieurs parmi les dix premières mondiales, dont la première, l'École des Gobelins, qui est très connue. Et puis, il y a tout un écosystème qui, il faut le dire, a été bien aidé par le gouvernement depuis un grand nombre d'années, qui a permis de développer une industrie très forte, très puissante, de pointe. Le secteur vit une phase de recrutement permanent depuis plusieurs années. On doit embaucher à peu près 40 à 50 personnes de plus pratiquement tous les ans. C'est énorme. Il y a encore quatre ans, il y avait à peu près 5 500 personnes qui travaillaient dans l'industrie de l'animation en France, on est déjà passé à 7 500 personnes. Je pense que d'ici 2025, on sera près de 10 000 personnes qui travailleront dans cette industrie.

Avec des plateformes comme Netflix ou Disney Plus, le marché français est-il devenu secondaire pour vous aujourd'hui ?

Secondaire en termes statistiques, oui. En termes de chances de continuer à travailler avec de grandes chaînes françaises, ça reste important. Depuis cette année 2021, la majorité de notre chiffre d'affaires chez Xilam vient des plateformes. Mais les chaînes, avec lesquelles on travaille depuis des années, restent un vivier très important pour le dessin animé français. D'ailleurs, il a été question de supprimer France 4, la menace s'éloigne, mais pour nous c'est une chaîne essentielle. C'est une chaîne qui permet à l'animation française d'avoir une vraie vitrine d'exposition qui permet de construire la notoriété des programmes. Et c'est souvent à partir de là qu'on peut construire le succès d'une œuvre, y compris à l'international. Il faut toujours une base domestique très puissante. On l'a échappé belle, ça aurait été une catastrophe de voir disparaitre cette chaîne.

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