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Festival Fame du film musical en ligne : Shane MacGowan, le leader du groupe The Pogues, et les pionnières de la musique électronique

Organisé par la Gaîté lyrique à Paris, le festival se poursuit jusqu’au jeudi 25 février avec un choix éclectique comme le démontrent ces deux films magnétiques.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
"Sisters with Transistors" d"Anna Lenna. (ANNA LENNA FILMS)

A la fin des années 1970 et dans la décennie suivante, The Pogues a remis au goût du jour la musique folklorique irlandaise à la lumière du punk. L’histoire de son fondateur et leader Shane MacGowan est le sujet du splendide documentaire Crock the Gold : A few Rounds with Shane MacGowan, signé Julien Temple et produit par Johnny Depp. Quant à Sisters with Transistors de Lisa Rovner, le film raconte l’histoire de la musique électronique depuis les années 1950, sous l’angle de la créativité des femmes dans un domaine supposé réservé aux hommes. Une pépite musicale et féministe.

"Crock the Gold : A few Rounds with Shane MacGowan " : l’histoire déjantée du leader des Pogues

Né le jour de Noël de 1957, Shane MacGowan confie : "Dans la famille, mon anniversaire était plus important que celui de Jésus". Une confidence qui reflète la dimension du bonhomme que capte avec poésie Julian Temple. Le réalisateur a déjà filmé les Rolling Stones, les Sex Pistols, The Clash et David Bowie dans sa fiction musicale Absolute Beginners (1986) : un passionné de la scène musicale britannique.

Dire que la Guinness a remplacé le lait dans le biberon de Shane MacGowan est un euphémisme. Il buvait ses deux pintes par jour dès l’âge de cinq ans, avec le consentement de ses parents, une habitude qui ne fera que croître jusqu’à aujourd’hui, âgé de 63 ans. Défoncé du matin au soir, le compositeur-parolier-interprète est passionné par l’histoire de son Irlande adorée, comme militant et propagateur de la musique locale qu’il a révélée au monde avec le succès que l’on connaît.

Julien Temple mêle des reconstitutions de la jeunesse du chanteur à des images de reportages incroyables, saisies à Londres sous l’emprise de la scène punk naissante et explosive, jusqu’à la révélation des Pogues (1982-96). Mais l’invention visuelle ne s’arrête pas là. Alternant des interviews du chanteur, parfois avec Johnny Depp (ami de 30 ans), à des inserts inventifs, mais aussi des dessins animés qui rappellent parfois Robert Crumb, le film emporte le spectateur sur ses 2h17 dans une bourrasque irrésistible. Un hymne à la culture irlandaise qui fera date.

"Sisters with Transistors" : une histoire féministe de la musique électronique

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les sciences et technologies électroniques se sont développées jusqu’au domaine musical, avec la recherche et la découverte de sons nouveaux. Si les noms de Pierre Schaeffer et de Pierre Henry sont entrés dans l’histoire, qui a entendu parler de Clara Rockmore, Daphne Oram, Bebe Barron, Pauline Oliveros, Delia Derbyshire, Maryanne Amacher, Eliane Radigue, Suzanne Ciani, et Laurie Spiegel ?

Une longue énumération qui reflète l’importance des femmes dans cette créativité. Sisters with Transistors de Lisa Rovner révèle une histoire inconnue de la musique, commentée par Laurie Anderson, chantre de l’expérimentation musicale contemporaine. Beau et passionnant. A ces noms, s’ajoute celui de Wendy (ex Walter) Carlos, plus connue pour avoir signé des adaptations de Bach au synthétiseur naissant en 1968 dans le Switched on Bach, au succès interplanétaire. Puis vinrent les musiques originales des films Orange mécanique (1971), Shining (1980), Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick, et de Tron (1982) de Steven Lisberger.

Le film est truffé d’interviews de ces compositrices et de documents exceptionnels captés à l'époque de leurs recherches expérimentales et contemporaines. Toutes ces musiciennes se retrouvent dans leur sensibilité à l’électronique. Une ouverture novatrice à la composition individuelle, le monde de la musique étant jusqu’alors réservée aux hommes. Leur histoire recoupe celle du monde des arts en général, littéraires, plastiques, architecturaux… dont furent et restent en partie bannies les femmes. Un des films majeurs de cette 7e édition du festival Fame, particulièrement riche cette année.

Mode d’emploi

Rien de plus simple pour voir tous ces films : rendez-vous sur le site Fame à la Gaîté lyrique. Vous retrouverez tous les films, les performances, les tables rondes et la billetterie virtuelle. Du jeudi 18 au jeudi 25 février, sur MK2 Cruriosity

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