Reportage Festival de Cannes 2024. "Ils vivent leur passion à fond" : vingt lycéens français et allemands découvrent, éblouis, ce grand rendez-vous du cinéma

"Le Festival de Cannes, c'est une atmosphère tellement incroyable, ici, tout le monde parle de cinéma, partout ça parle cinéma", s'exclame Martin, en classe de première générale option cinéma au lycée Guy Chauvet de Loudun, dans la Vienne. Il fait partie des vingt lycéens français et allemands à avoir été sélectionnés pour participer à cette extraordinaire aventure, grâce à un partenariat qui dure depuis 2005 entre l'OFAJ (Office franco-allemand pour la jeunesse) et la Semaine de la Critique.

Pendant une semaine, les lycéens découvrent le festival en compagnie de leurs professeurs. Ateliers, projections, familiarisation avec l'exercice de la critique, rencontres avec des réalisateurs… Le programme est chargé. "On enchaîne les projections, on sort juste pour manger un morceau sur le pouce, c'est vraiment une expérience unique, c'est incroyable", s'enthousiasme Wiebke, lycéenne allemande de 16 ans.

"Là, ils vivent leur passion à fond", se réjouit Pauline Grillet, professeure d'allemand au lycée Guy Chauvet. "On fait régulièrement des projets subventionnés par l'OFAJ, notamment des voyages d'échanges avec l'Allemagne, mais là, c'est vraiment la cerise sur le gâteau. Ça n'arrivera qu'une fois dans leur vie, et dans la mienne aussi d'ailleurs !", souligne-t-elle.

"Tous les matins, on se frotte les yeux pour se dire que ce que l'on vit est bien réel", confie Florian Franz, professeur de français et d'art plastiques du lycée Grimmelshausen de Gelnhausen, une petite ville près de Francfort. "Hier, en sortant d'une projection, on a croisé une actrice d'un film qu'on avait vu la veille. On voit chaque jour des professionnels du cinéma, c'est exceptionnel, et c'est très excitant", commente le professeur, aussi enthousiaste que ses élèves.

"Un enjeu démocratique"

Ce mercredi après-midi, ils partagent un moment d'échange avec un jeune réalisateur, Guil Sela, dont le court-métrage Montsouris figure dans la sélection de la Semaine de la critique. Les lycéens ont préparé cette rencontre le matin. "Ils ont posé des questions très pertinentes. On voyait bien qu'ils avaient regardé le film avec attention et qu'ils avaient préparé leurs questions. Et ils ont tous cette envie de faire du cinéma, c'était un échange vraiment intéressant", commente le réalisateur.

"Le cinéma, la culture de manière générale, est un excellent levier pour faire se rencontrer les jeunes", souligne Florence Saby-Syiskos, chargée des partenariats à l'OFAJ.

"Au-delà peut-être de notre mission première, qui est de rapprocher les jeunes français et allemands, ce programme répond à un enjeu essentiel aujourd'hui, sur les images. Pouvoir faire découvrir à ces jeunes toute la richesse de la Semaine de la critique, toute la diversité du cinéma, toute cette diversité d'images venues de monde entier et d'apprendre à les lire. Aujourd'hui, c'est un enjeu quasi démocratique", souligne Anne Tallineau, secrétaire générale de l'OFAJ.

"On vit un moment tellement spécial, où l'exceptionnel côtoie la normalité. Hier, j'ai photographié un homme à l'arrêt du bus, pour moi, c'était une manière de capter cette coexistence étrange", explique Tim, un lycéen allemand de 17 ans.

Jeudi 23 mai, leur semaine se clôturera par la montée des marches. "Demain, ce sont eux qui seront les stars sur le tapis rouge", lâche Florian Franz, pendant que tout le monde se rassemble sur le sable blanc de la plage de la Croisette pour une petite photo de groupe autour du réalisateur.