Festival de Cannes 2024. Rendez-vous avec George Lucas : "Je voulais simplement faire des films pour les gens"

Immense figure du cinéma hollywoodien, le réalisateur, scénariste et producteur est présent sur la Croisette pour recevoir samedi 25 mai la Palme d’or d’honneur lors de la cérémonie de Clôture du 77e Festival de Cannes. Il en a profité pour rencontrer ses fans de la première heure.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5 min
"Rendez-Vous avec George Lucas" lors de la 77e édition du Festival de Cannes le 24 mai 2024. (VALERY HACHE / AFP)

C'est un habitué du Festival de Cannes. George Lucas, aujourd'hui 80 ans, a foulé son premier tapis rouge en 1971 pour présenter son premier film, THX-1138. Depuis, le maître de la science-fiction est revenu sur la Croisette à de nombreuses reprises en tant que scénariste, réalisateur et producteur.

Indissociable des sagas Star Wars et Indiana Jones, George Lucas a pour toujours donné au blockbuster ses lettres de noblesse et aux spectateurs du monde entier un plaisir inégalé. C'est donc tout naturellement qu'il a offert une conversation à ses fans. 

"Un monument"

Une heure avant la projection, la file d'attente est longue. "George Lucas c'est un monument ! Mon film préféré c'est Star Wars IV parce que c'est le premier et il a une énergie que les autres n'ont pas", nous assure Yvon 16 ans, lycéen en spécialité cinéma, rencontré dans l'attente. 

Antoine lui, s'est connecté à la première heure pour obtenir son sésame. "Pour moi c'est quelqu'un qui est très influent sur l'histoire du cinéma et quelqu’un d'intéressant humainement qui a fait de grands choix. ll s'est révélé comme un grand producteur et un grand créateur d'idées, de scénarios et d'imaginaire collectif pour la fin du XXe et le début du XXIe siècle", nous confie-t-il. 

Une fois passé le portillon de contrôle, un jeune homme souffle "J'ai trop stressé que le billet ne marche pas". Dans la salle, notre voisin sifflote la musique de Star Wars diffusée dans les haut-parleurs. Lui, il a découvert Le retour du Jedi à l'âge de sept ans. "J'avais même le disque, des Lego, et ensuite j'ai vu tous les Star Wars. J'ai eu la chance de redécouvrir l'épisode II en 2002 dans sa version numérique en sa présence, il était très concentré", précise-t-il. "On est super contentes d'être là parce que George Lucas, c'est quelqu'un de rare", se réjouissent des jeunes filles venues en groupe. "J'espère qu'il va nous raconter des anecdotes de tournage et comment il a fait pour créer cet univers", nous dit un jeune garçon. 

Lorsqu'il pénètre lentement sur la scène de la salle Debussy, toute l'assemblée se lève pour lui faire une longue et bruyante ovation. Chemise de bûcheron, jean noir et baskets blanches, George Lucas arrive en toute décontraction. Face aux 1500 admirateurs qui l'acclament, il parait même un peu gêné. "Je suis très heureux d'être ici, c'est un sentiment nostalgique, c'est toujours agréable d'être reconnu", confie-t-il à propos de la Palme d'honneur qui va lui être remise samedi 25 mai. 

"Ce truc, le cinéma, c'est pour moi"

Durant une heure et demie, George Lucas a évoqué sa longue histoire avec le cinéma. Si les souvenirs s'emmêlent un peu, il se rappelle parfaitement de sa première vraie rencontre avec le cinéma. "Je n'étais pas un bon élève et j'ai accompagné un copain s'inscrire à l'université de Sacramento. il y avait une section de cinéma et je me suis dit : c'est ça que je veux faire, ce truc, c'est pour moi !". 

Des études qui lui permettent de faire son premier film, déjà intitulé THX et de rencontrer Francis Ford Coppola. "Moi je ne voulais pas faire de film à la Hollywood, je voulais faire de l'animation, et Coppola m'a invité à venir", raconte-t-il. 

Avec le groupe du Nouvel Hollywood qui prend son essor à Los Angeles dans les années 60 avec Brian De Palma, Francis Ford CoppolaGeorge LucasMartin ScorseseMichael Cimino et Steven Spielberg, le cinéma, s'inscrit dans la contre-culture. "On voulait prouver que l'on pouvait réaliser des films indépendants en dehors des studios et que l'on pouvait gagner de l'argent", se souvient-il avant d'ajouter, "Le secret, c'est que l'on aimait le cinéma et que l'on voulait simplement faire des films pour les gens".

Passion et persévérance

C'est donc ainsi que George Lucas va écrire sa propre histoire de cinéma. Loin des obligations dictées par les studios ou les producteurs, mais d'abord pour le public. C'est le cas avec Americain Graffiti qui sort sur les écrans en 1973. Une comédie dramatique située dans les années 1950 qui suit le parcours de deux jeunes étudiants sur la côte est des Etats Unis. Courses de voitures, musique jazz, fête dans les drive-in, le film ne trouve aucun financeur.

"Les producteurs m'avaient dit : vous devriez avoir honte de présenter ça au public". Mais à chaque projection le film est ovationné. "On l'a sorti au pire moment de l'année, au mois d'août et en quelques jours il a rapporté 25 millions de dollars ce qui était beaucoup à l'époque, il est resté un an sur les écrans. Je ne m'attendais pas du tout à un tel succès", dit-il humblement. "Le secret c'est la passion et la persévérance, un scénariste ou un réalisateur doit avoir le droit de faire le film qu'il souhaite, c'est un concept qui date de Michel Ange", assure-t-il. 

"Star Wars", un nouvel horizon

Perfectionniste, amoureux du son, de la musique, des effets spéciaux et du montage, George Lucas se lance quatre ans après dans son œuvre majeure : Star Wars. Les studios ne veulent pas endosser la responsabilité de produire le film car ils pensaient qu'il ne marcherait pas. En 1977, le premier épisode de la saga sort sur les écrans avec pour musique la fameuse bande originale de John Williams. "J'ai adoré ! Je voulais une musique à la Pierre et le Loup avec un orchestre et de la musique des années 1930", raconte le cinéaste. "Le film est si bon car on a soigné la bande-son, c'est ça qui fait un bon film".

Comme pour Americain Graffiti, Star Wars rencontre immédiatement son public. De 5 à 85 ans, les spectateurs viennent voir et revoir le film. La période est sombre aux Etats-Unis, lutte pour les droits civiques, guerre du Vietnam, Star Wars offre un nouvel horizon. "Star Wars va beaucoup plus loin qu'une saga galactique. Le film s'adresse à des enfants de 12 ans, c'est un film pour les enfants et il va rester", conclut George Lucas, à nouveau ovationné par le public.

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