Festival de Cannes 2024 : avec "Bird", Andrea Arnold, fidèle de la Croisette, cerne une enfance en quête d'ailleurs

Caméra d'or, puis deux fois Prix du jury à Cannes, la Britannique Andrea Arnold présente un film d'une grande sensibilité sur un préadolescent au croisement des chemins.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
"Bird" de Andrea Arnold (2024). (ATSUSHI NISHIJIMA)

Avec Red Road (2006), Fish Tank (2009), et American Honey (2016), respectivement Caméra d’or pour le premier, et Prix du Jury à Cannes pour les deux autres, Andrea Arnold fait preuve d’une belle constance à Cannes. Tous ses longs métrages ont en effet été projetés au Festival sauf Les Hauts de Hurlevent (2011).

La fibre sociale et sociétale de la cinéaste se retrouve dans Bird, portrait d’un garçon de 12 ans, pris à la charnière de l’enfance et de l’adolescence, projeté jeudi 16 mai à Cannes. 

Poésie du quotidien

Les films d’Andrea Arnold sont souvent des portraits de jeunes femmes, où les intrigues révèlent leur personnalité. Elles sont obsédée par un homme perdu de vue dans Red Road, adolescente rebelle dans Fish Tank, ou marginale sur les routes américaines dans American Honey. La cinéaste change de camp dans Bird, où elle se penche sur un garçon pris à l’âge où s’amorce la maturité. D’une extrême sensibilité psychologique, Andrea Arnold aboutit dans Bird à une poésie du quotidien qui verse dans le fantastique dans sa dernière partie.

Dans le Kent, en Grande-Bretagne, Beilley, 12 ans, vit avec son frère cadet Hunter dans un logement social, tous deux élevés par leur père Bug, plus ou moins séparé de leur mère. Laissé à lui-même, Beilley va rencontrer Bird, un étrange jeune homme, détenteur d’un pouvoir qui va le faire basculer dans une autre dimension.

Réalisme fantastique


Très réaliste dans ses films, dont elle a écrit tous les scénarios, Andrea Arnold y frôle paradoxalement le fantastique, tant ses héroïnes traversent des expériences déstabilisantes. Elle change de braquet dans Bird avec Beiley, garçon attachant et dévoué qui s’occupe de son petit frère qu’il emmène partout. À l’école, il est un peu le souffre-douleur de la classe, mais il accuse le coup avec recul, solitaire, mais entier et responsable. Sa rencontre avec Bird, un jeune homme sorti de nulle part, est comme un cadeau du ciel qui va changer sa vie.

Ancré dans le quotidien d’une banlieue peu avenante, Bird bascule dans le fantastique dans sa dernière demi-heure. Une rupture de ton que l’on n’attendait pas de la réalisatrice britannique, mais parfaitement articulée avec ce qui la précède. Cette rencontre est-elle vraie ou fantasmée par Beiley ? Bird est-il un ami imaginaire, révélateur d’un basculement dans la schizophrénie ? On ne le saura jamais vraiment. Mais cette rencontre guidera le garçon vers une nouvelle étape de sa vie, à une époque charnière qu’Andrea Arnold capte de sa caméra observatrice et sensible.

La fiche

Genre : Drame
Réalisatrice : Andrea Arnold
Acteurs : Barry Keoghan, Franz Rogowski, Nykiya Adams
Pays : Grande-Bretagne / France / Etats-Unis / Allemagne
Durée : 1h59
Sortie : prochainement

Synopsis : À 12 ans, Bailey vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs.

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