Festival de Cannes 2023 : une sélection de films toujours plus cosmopolite
L’ex-directrice de Warner Bros France, Iris Knobloch, a inauguré jeudi 13 avril ses fonctions de présidente du Festival de Cannes, succédant à Pierre Lescure, pour annoncer la sélection de la 76e édition qui aura lieu du 16 au 27 mai. A son côté, le délégué général du Festival Thierry Frémaux a égrainé la liste de 19 films en compétition pour le moment, dont trois français, deux autres œuvres devant être dévoilées prochainement.
Même si de plus en films sont des coproductions, de plus en plus de pays seront représentés à Cannes, ne serait-ce que par la nationalité de leur réalisateur. Une certaine frustration demeure à la fin de cette liste, très peu d’informations filtrant sur les films, notamment pour les nouveaux arrivants cannois, avec au mieux leur casting, quand ils sont prestigieux, et un synopsis à minima. Il n’en demeure pas moins que la tendance à l’ouverture sur les cinémas du monde s’est encore élargie cette année.
Des Etats-Unis présents, une Italie prospère et une France féminine
Les Etats-Unis confirment leur retour amorcé l’an dernier, après avoir boudé le Festival, avec deux films, Asteroïd City de Wes Anderson et May December de Todd Haynes. Et peut-être un troisième, Killers of the Flower Moon de Martin Scorsese, avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro, aujourd’hui hors compétition, mais pour lequel le Festival attend un éventuel feu vert de la Paramount, productrice, pour le mettre en lice. Les Etats-Unis feraient alors part égale avec l’Italie, très présente avec trois films d’habitués de la Croisette : Il Sol dell'avvenire (Vers un avenir radieux) de Nanni Moretti, La Chimère d’Alice Rohrwacher, et Rapito (Le Rapt) de Marco Bellochio.
La France est à cette heure en lice avec trois films, dont deux signés par des réalisatrices. Catherine Breillat, qui avait décidé de ne plus tourner, a été rappelée par son producteur Saïd Ben Saïd, pour mettre en scène L’Eté dernier avec Léa Drucker, Olivier Rabourdin et Clotilde Courau. Justine Triet présentera Anatomie d’une chute, avec Sandra Hüller, Samuel Theis et Swann Arlaud. Enfin (pour le moment), Trần Anh Hùng montera les marches avec La Passion de Dodin Bouffant, sur la gastronomie du XIXe siècle.
Compétition cosmopolite
Pas moins de treize pays présenteront le fleuron de leur cinéma en cette 76e édition. Avec un nouvel entrant notable, la Mongolie qui se voit pour la première fois présente sur la Croisette dans la section Un certain regard, avec Hoppeles, premier film de Kim Chang-hoon. Le continent africain sera représenté par pas moins de six films dans les différentes sections, dont Banel et Adama de Ramata-Toulaye Sy (Sibel), Française de parents sénégalais, sur une passion entravée par les conventions.
Rarement représentée à Cannes, la Tunisie sera à Cannes avec la documentariste tunisienne Kaouther Ben Hania qui teinte cette fois de fiction ses Filles d’Olfa. La Turquie voit le retour de l’habitué Nuri Bilge Ceylan, Palme d’or en 2014 avec Winter Sleep, qui présentera Les Herbes sèches, sur un jeune enseignant coincé dans une bourgade d’Anatolie, revigoré par une collègue. Firebrand de Karim Aïnouz représentera le Brésil, un film historique sur Catherine Parr, l’une des seules épouses d’Henri VIII à y avoir réchappé.
Une Europe nordique
En remontant tout au nord, la Finlande fait son retour avec Aki Kaurismäki dont on verra Les Feuillles mortes, sur les peuples autochtones de Laponie, après son Grand prix en 2002 pour L’homme sans passé.
L’Allemand Wim Wenders revient également à Cannes avec Perfect Days, sur un employé travaillant dans des toilettes publiques à Tokyo. Wenders a également un film projeté en séance spéciale, Le Bruit du temps, documentaire en 3D sur l’artiste contemporain allemand Anselm Kiefer, spécialiste de la démesure, de l’acier, du plomb et du béton.
La Grande-Bretagne voit la constance de Ken Loach sur la Croisette avec The Old Oak, sur l’arrivée de réfugiés syriens dans une bourgade qui vont bouleverser les habitudes. Le second film britannique est The Zone of Interest de Jonathan Glazer, sur l’amour compliqué entre un officier nazi et la femme d'un kapo.
Un certain regard voit ailleurs
C’est dans la section Un certain regard que l’ouverture au monde est la plus sensible. Hormis le film mongol Hopeless déjà cité, le Maroc présentera Les Meutes de Kamal Lazraq, un polar situé dans les faubourgs populaires de Casablanca. L’Iran qui n’est pas venu à Cannes dernièrement, sera officiellement représenté par le mystérieux Terrestrial Verses d’Ali Asgari et Alireza Khatami, dont rien n’a fuité jusqu’à présent.
Le Soudan sera présent dans un premier film de Mohamed Kordofani, Goodbye julia, sur la quête de rédemption d’un homme dans le contexte de la séparation entre le nord et le sud du pays. Le rappeur Baloji Tshiani représentera la République démocratique du Congo avec Augure, sur un sorcier banni par sa mère, de retour au bout de quinze ans à Lubumbashi pour se racheter.
L’Amérique du Sud verra l’Argentine représentée par Los Delincuentes de Rodrigo Moreno, et le Chili par le premier film de Felipe Galvez, Les Colons, sur les tentatives d’extermination tribales en Patagonie chilienne.
Le cinéma singapourien, qui a fait de rares apparitions à Cannes, verra la présence du réalisateur Anthony Chen pour The Breaking Ice qui évoque l’amitié entre trois jeunes adultes d’une vingtaine d’années. Rarement à Cannes, l’Australie sera représentée par l’Aborigène Warwick Thornton avec The New Boy, où un jeune local va perturber l’équilibre précaire d’un monastère isolé tenu par une religieuse renégate.
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