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"Augure", film primé au Festival de Cannes, est un voyage au bout du "réalisme magique" du réalisateur congolais Baloji

Le réalisateur Baloji interroge les identités, le déterminisme et l'assignation dans son premier long métrage. "Augure", un film choral surréaliste et poétique.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Baloji, réalisateur du film "Augure". (KRISTIN LEE MOOLMAN)

"Mon prénom est dur à porter. Il signifie 'groupe de sorciers'. À l’origine, il voulait juste dire homme de sciences. Puis, c’est devenu un homme dévoué aux sciences occultes. En Occident, c’est Satan, Lucifer… ", expliquait Baloji, avec un regard malicieux. Il est connu comme rappeur, mais son actualité est celle de cinéaste. Son film, Augure, était sélectionné à Cannes en mai dernier, où nous l'avions rencontré. Durant le Festival, le film reçoit le prix Nouvelles Voix lors de sa présentation dans la section Un Certain Regard. Il est en salle, ce mercredi 29 novembre.

Baloji, grand, pas loin des deux mètres, vient de loin. "J’ai plus un physique de basketteur que d’un cinéaste !", s’amuse-t-il. Il a quitté très jeune son pays, la République démocratique du Congo, et plus précisément Lubumbashi "à cause de problèmes politiques". Arrivé en Belgique, il se met à la musique avec un certain succès et plus tard… aux courts-métrages, visibles en ligne. "Ce n’est pas évident d’entrer dans le monde du cinéma. Je n’ai fait aucune école. Les guichets financiers sont frileux, quand ils ne sont pas catégoriquement dans le refus", se désole Baloji, Tshiani de son nom patronymique. Résultat : il n’arrive à réunir qu’un million d’euros pour tourner son premier long métrage.

Sorcières

L’homme compte et recompte son budget au centime près et arrive à un résultat incompressible : il a 23 jours de tournage. Sauf que les imprévus s’enchaînent à Lubumbashi. Au bout de tous ses efforts, une sélection à Un Certain Regard. "Cela me donne une relative visibilité. Des festivals ont commencé à me contacter", se réjouissait celui qui se dit revendique du "réalisme magique". Son premier film donc, Augure, s’inscrit dans cette veine. Il est un peu hybride ou multiforme. Baloji surprend le spectateur. Après un début presque classique, le film bascule dans une autre dimension. Le personnage se rend en République démocratique du Congo pour présenter à ses parents sa femme enceinte, interprétée par Lucie Debay. Les retrouvailles ne se déroulent pas comme prévu. Puis, soudainement, le film bascule dans autre chose. "L’idée conduit à la forme", tranche le cinéaste belge d’origine congolaise.

Synesthésie

Doué de synesthésie, Baloji associe des couleurs aux notes de musique. Cela se voit dans son esthétisme. On sent un travail approfondi sur chaque image, chaque plan, chaque costume. Augure est une explosion de couleurs et de lumière. À la fois styliste, scénariste et dialoguiste, le jeune quadra avait une idée bien précise de son film, avant le tournage. Il en ressort une œuvre originale, personnelle. Augure est un film choral avec une quadruple narration. "Avant le tournage du film, j’ai réalisé une bande originale en quatre albums écrits du point de vue des quatre personnages principaux du film", explique le cinéaste musicien. Augure, un film qui s'adresse aussi bien à la raison qu'à l'émotion. 

Affiche du film "Augure". (WRONG MEN)

Fiche technique 

Titre : Augure

Réalisation, scénario, dialogue : Baloji

Durée : 1h30

Année de production : 2023

Distribution : Marc Zinga, Lucie Debay, Eliane Umuhire et Yves-Marina Gnahoua

Synopsis : Koffi est considéré comme un zabolo (sorcier), il a été banni par sa mère. Après 15 ans d’absence, il revient à Lubumbashi pour s’acquitter de sa dot. Accompagné par sa future femme Alice, il va se confronter aux préjugés et à la suspicion des siens.

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