Claude Lelouch à Cannes : "J'aime le genre humain et je ne me lasse pas de le filmer"
Le réalisateur présente "Les plus belles années d'une vie", son dernier film, au Festival de Cannes, hors compétition. 53 ans après la Palme d'or pour "Un homme et une femme", Claude Lelouch nous parle de son amour pour le tournage.
Claude Lelouch présente son dernier film au Festival de Cannes, hors compétition, Les plus belles années d'une vie. Il s'agit de la suite d'Un homme et une femme, le plus grand succès du cinéaste pour lequel il avait reçu la Palme d'Or. Le réalisateur retrouve Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant, qui reprennent leur rôle. Les deux amants se retrouvent une dernière fois pour évoquer leur histoire d'amour manquée. Sur franceinfo samedi 18 mai, Claude Lelouch nous parle de son dernier film et de son amour pour le tournage. "J'aime le genre humain et je ne me lasse pas de le filmer", explique-t-il.
franceinfo : Qu’est-ce que cela vous fait d’être de retour à Cannes, une nouvelle fois ?
Claude Lelouch : J'ai l'impression d'être né une deuxième fois à Cannes avec Un homme et une femme. C'est un peu mon père et ma mère et on est content de voir son père et sa mère assez souvent. Là, on n'est pas en présence d'un film mais d'un miracle. Il aura fallu qu'on résiste au temps qui passe. On est tous les trois (avec Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée) dans la troisième mi-temps qui est une mi-temps où on peut tout s'autoriser. J'avais envie de filmer un homme et une femme qui venaient de vivre une vie. J'aime la vie avec toutes ses emmerdes, avec tous ses défauts et ce sont ces défauts qui sont très photogéniques. J'ai raconté une histoire qui appartient à tout le monde. On a tous vécu une histoire d'amour importante.
Pour qui avez-vous décidé de faire Les plus belles années d'une vie ?
Quand on a fait ce film, on s'est dit qu'on n'allait pas faire ce film pour les survivants, ceux qui avaient vu Un homme et une femme. On a fait ce film pour les mômes, pour leur donner ce goût de la vie dans une période où on essaie de leur faire croire que la vie est une saloperie. C'est un film plein d'espoir et l'espoir c'est un acompte sur le bonheur. Une minute de bonheur ce n'est pas long, mais ça mérite une vie de sacrifices. La cour de récréation est très importante. Il n'y a pas un enfant qui irait à l'école s'il n'y avait pas la cour de récré. J'ai voulu que ce film soit une récréation. J'ai filmé Jean-Louis et Anouk comme des enfants. A partir d'un certain âge on retombe en enfance et on s'autorise tout.
Quel regard portez-vous sur ce film ?
J'ai eu la chance ou la malchance, je ne sais pas, de connaître la guerre. C'était une époque où les gens pleuraient. Aujourd'hui, ils pleurnichent. J'ai connu une époque où les gens riaient, maintenant ils ricanent. Cet homme et cette femme, Jean-Louis et Anouk, ont été fabriqués avant la guerre. Ils résistent au temps qui passe. Donc s'ils résistent, c'est qu'ils ont un petit plus. Je pense que de tous les films, c'est celui qui parle le mieux de mon ressenti personnel. C'est comme ça que j'ai vécu pendant 80 ans et que la vie a été pour moi un moment merveilleux. Je ne sais pas qui a rempli mon agenda à ma naissance, mais je n'ai pas vu le temps passer.
Comment vous sentez-vous quand vous faites un film ?
À chaque fois que j'ai fait un film, j'ai eu le sentiment d'être en vacances. J'ai fait une cinquantaine de films, j'ai été 50 fois en vacances. Ce sont ces vacances que je veux faire partager au public. Je ne suis rien d'autre qu'un reporter. Je suis une vraie concierge. J'aime le genre humain et je ne me lasse pas de le filmer.
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