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Cannes 2019 : le cinéma espagnol de Pedro Almodovar, une passion française

Le nouveau film de Pedro Almodovar, "Douleur et Gloire", est en compétition à Cannes, ce vendredi 17 mai. Un film que ses fans français pourront découvrir en salles au même moment.

Article rédigé par franceinfo Culture - Mathieu MESSAGE
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Pedro Almodovar sur le tapis rouge cannois en 2018. (LOIC VENANCE / AFP)

Pedro Almodovar  est de retour à Cannes pour Douleur et Gloire. Un nouveau film qui concourt à la Palme d'or ce vendredi 17 mai, et déjà visible dans de nombreuses salles en France. Un pays où le cinéaste espagnol déchaîne les passions. Ses films y sont étudiés, projetés très régulièrement, et surtout récompensés.

Un univers proche de la France

La singularité du cinéma de Pedro Almodovar n'est plus à prouver. Il fait partie de ces auteurs qui ont su trouver leur "patte" et convaincre le public. S'il a évidemment permis l'émergence de la "Movida" (mouvement culturel créatif apparu en Espagne dans les années 1980), Almodovar est un cinéaste foncièrement européen.

À 17 ans, il entame un tour d'Europe qui le mène à Londres, mais aussi à Paris. Dans ses inspirations, on retrouve des cinéastes français comme Claude Chabrol, Jacques Demy, ou encore Georges Franju. "Almodovar est un réalisateur sensible à la culture française, notamment la musique et la mode", explique Pietsie Feenstra, spécialiste du cinéma hispanophone. "Par exemple, dans La loi du désir en 1987, il a utilisé Ne me quitte pas, de Brel. Les actrices y chantent en français."

Pedro Almodovar a aussi l’oeil pour dénicher les talents et les révéler au grand jour. Il a lancé de nombreuses actrices iconiques comme Rossy de Palma, Carmen Maura, et surtout Victoria Abril. Trois actrices qui ont, par la suite, fait du cinéma en France grâce à la popularité des films d'Almodovar dans l'Hexagone.

"Les étudiants français en cinéma aiment beaucoup ses films", constate Pietsie Feenstra. "Je pense que ce qui plaît, c'est ce cinéma transgressif, avec beaucoup de couleurs. La France est un pays avec des traditions très proches de celles de l'Espagne. Almodovar est capable de créer un autre univers et de transformer certains discours encore tabous." 

De bons chiffres dans les salles françaises

Si l'on jette un œil au box-office français, Almodovar cumule 13 790 538 entrées pour 18 films, soit 766 000 entrées de moyenne par film. Pas un score exceptionnel, mais vraiment correct pour un cinéma d'auteur ibérique. Volver reste son plus gros succès en France (2 349 220 entrées), notamment grâce à un beau casting, une histoire grand public et son prix de la mise en scène reçu à Cannes en 2004.

En France, les films de Pedro Almodovar sont distribués par Pathé. Le cinéaste espagnol bénéficie donc d'un des plus grands noms de l'industrie du cinéma pour diffuser ses films sur notre territoire. Pour Douleur et Gloire, Pathé distribuera 300 copies en France, dont 280 en version originale. À noter aussi une presse souvent favorable au réalisateur, et un bouche à oreille efficace qui augmente les venues en salles dès la première semaine d'exploitation.

De plus, le cinéaste espagnol est soutenu par la France dans le financement de ses films.Cette semaine, Almodovar a signé une tribune dans Le Monde, aux côtés de Jane Campion, David Cronenberg, ou encore Michael Haneke. Un texte s'adressant au ministre de la culture français, Franck Riester : "C’est grâce à la France que nous avons pu si souvent nous exprimer librement à travers nos films. Le maintien d’une régulation forte nous aidera, nous tous, à continuer de créer librement. Sans la France, sans son modèle de financement et cette protection des créateurs, nos œuvres ne pourraient exister." 

La France a beaucoup récompensé Almodovar

En 2014, Pedro Almodovar a reçu le prix Lumière, récompensant des artistes qui ont contribué à l’histoire du cinéma. Il fait donc parti d'un cercle très fermé des réalisateurs tels que Quentin Tarantino ou Martin Scorsese.

Pedro Almodovar reçoit le prix Lumière en 2014, applaudi par Agnès Jaoui et Bertrand Tavernier. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)

Mais ce n'est pas la première fois que le cinéaste espagnol est récompensé en France. Il compte d'ailleurs quatre César : pour Talons aiguilles en 1993, Tout sur ma mère en 2000, Parle avec elle en 2003, et surtout César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière en 1999.

Pour ce qui est du festival de Cannes, il se montre également assidu. Almodovar y est déjà passé à sept reprises : en 1992 comme membre du jury, en 1999 avec Tout sur ma mère, en 2004 avec La Mauvaise éducation projeté en ouverture, en 2006 où il gagne le Prix de la mise en scène pour Volver, en 2009 pour Étreintes brisées, en 2011 avec La Piel que Habito, et enfin Julieta en 2016. Seul ombre au tableau : il n’a jamais réussi à décrocher une Palme d’or. Avant peut-être Douleur et Gloire qui concourt cette année...

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