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Cannes 2019 : "It Must Be Heaven" du Palestinien Elia Suleiman, entre Keaton, Tati et Etaix

Régulièrement à Cannes depuis Intervention divine en 2002, sa première sélection en compétition, Elia Suleiman récidive avec "It Must Be Heaven", projeté le vendredi 24 mai.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'acteur et réalistaur palestinien Elia Suleiman dans It Must Be Heaven  (Le Pacte)

Régulier de la Croisette, Elia Suleiman est à nouveau dans la course à la Palme d’or avec It Must Be Heaven. Comédie sur un Palestinien dont le pays se rappelle constamment à lui, à Paris ou à New York. Un conte burlesque qui rappelle Buster Keaton, Jacques Tati ou Pierre Etaix.

Kafka humoristique

Es (Elia Suleiman), homme taciturne, néanmoins apprécié de ses voisins, quitte sa Palestine natale, pensant trouver la vraie vie ailleurs. Arrivé à Paris, il découvre des rues désertes, une omniprésence policière, et se retrouve dans des situations absurdes qui lui rappellent son pays. Pensant qu’il en ira différemment à New York, il débarque aux États-Unis et fait le même constat. Au fond, y a-t-il un endroit on l'on soit aussi bien que chez soi ?

Le cinéma d’Elia Suleiman est réjouissant par son humour dénonciateur des prédispositions humaines à se compliquer la vie. Cela passe pour beaucoup par la mise en scène de situations administratives, procédurières, formelles… qui empoisonnent le quotidien. Il rappelle ainsi un Kafka qui aurait troqué le drame et le tragique pour la comédie.

Humour visuel

Elia Suleiman se revendique en cela de Buster Keaton, Jacques Tati ou Pierre Etaix, dont il actualise les mises en scène minimalistes. Comme eux, il incarne à l’écran un personnage au physique identifiable, par un accessoire (chapeau, lunettes), toujours élégant et distant avec un air détaché ou interrogatif, expressif mais circonspect…

Elia Suleiman devant et derrière la caméra de It Must Be Heaven (Carole Bethuel / Le Pacte)

Il reprend les codes du cinéma muet de ses pairs. Son humour est toujours visuel, joue du cadre et du montage. Le rire ressort des situations, et les dialogues sont rares. C’est donc le burlesque qui guide son art, maîtrisé avec précision, minuté comme une horloge, au service d’un pamphlet amusant, mais un peu suranné.

L'affiche de "It Must Be Heaven" d'Elia Suleiman (Le Pacte)

La fiche

Genre : Comédie
Réalisateur : Elia Suleiman
Acteurs : Elia Suleiman, Tarik Kopty, Kareem Ghneim
Pays : Palestine / France
Durée : 1h37
Sortie : Prochainement
Distributeur : Le Pacte
Synopsis
 : ES fuit la Palestine à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil, avant de réaliser que son pays d'origine le suit toujours comme une ombre. La promesse d'une vie nouvelle se transforme vite en comédie de l'absurde. Aussi loin qu'il voyage, de Paris à New York, quelque chose lui rappelle sa patrie. Un conte burlesque explorant l'identité, la nationalité et l'appartenance, dans lequel Elia Suleiman pose une question fondamentale : où peut-on se sentir "chez soi" ?

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