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"Fedora" : "après "Boulevard du crépuscule", Billy Wilder revisite Hollywood
Sorti en 1978, "Fedora" est l'avant-dernier film réalisé par l'immense Billy Wilder ("Boulevard du crépuscule" - 1950, "Certains l'aiment chaud" - 1959, "La Vie privée de Sherlock Holmes" - 1970). Tourné en France, il dirige pour la troisième fois William Holden dans un rôle assez proche de celui qu'il tenait dans "Boulevard...", au côté d'une inattendue Marthe Keller en mystérieuse star recluse.
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L'histoire : Fedora, grande star hollywoodienne désormais retirée en Europe, met fin à sa vie en se jetant sous un train. Deux semaines auparavant, le producteur Barry Detweiler était parti à sa recherche dans l’espoir de la faire revenir sur le devant de la scène. Mais la mystérieuse Fedora vit désormais recluse auprès de gens étranges et s’avère difficile à approcher…
Le film : S'il réalisa encore un film ("Buddy Buddy" – 1981, remake US de "L'Emmerdeur" d'Edouard Molinaro), "Fedora" fut le dernier que Billy Wilder avait vraiment à cœur de réaliser. Pour ce faire, et garder sa sacro-sainte indépendance, il monta une étrange coproduction franco-allemande, avec un casting international, où Henry Fonda joue son propre rôle, ainsi que le britannique Michael York, et la Suissesse Marthe Keller dans le rôle principal, avec un tournage sur la Côte-d'Azur.
Dans "Boulevard du crépuscule", un scénariste (William Holden) retrouvait une star déchue du muet (Gloria Swanson) pour lui proposer un script qui relancerait sa carrière. La situation de départ de "Fedora" est à peu de chose près la même, interprétée par le même acteur. Dans les deux films, la star, vieillissante, est entourée de proches qui la surprotègent, non sans hostilité envers ceux qui l'approchent. Le film est adapté d'une nouvelle de Thomas Tryon (d'autre part comédien) qui pour son personnage principal s'inspira de Greta Garbo et de Marlène Dietrich, deux grandes recluses, après avoir connu une carrière triomphale. Mais "Fedora" n'est pas un remake de "Boulevard du crépuscule", loin s'en faut. Si les sujets sont proches, les intrigues diffèrent dans leur construction. Dès le début, Fedora se suicide : tout le film est construit en flash-back. Intervient plus loin un thème gothique qui n'est pas sans rappeler, même si c'est de loin, "Les Yeux sans visage" de Georges Franju, avec un beau coup de théâtre à la clé.
Même si le film n'a pas la maestria des mises en scène antérieures de Billy Wilder, "Fedora" est passionnant comme métaphore d'un Hollywood délité depuis la fin des années 60. Wilder participa grandement à l'âge d'or hollywoodien et cet avant-dernier film est un peu son film testament, tout en référence à un de ses chefs-d'œuvre, comme s'il était lui-même cette star déchue qu'il décrit. Le maître n'en demeure pas moins en verve, avec des acteurs, tous, impliqués dans des compositions touchantes, voire intrigantes.
Bonus : Un supplément d'une-heure-et-demie, "Le Chant du cygne : l'histoire de 'Fedora' de Billy Wilder", avec de nombreux intervenants ayant participé au film - dont une Marthe Keller très présente -, met en perspective la genèse difficile du film, son tournage, et nombre d'anecdotes autour de Wilder. Remarquable, il permet de décoder un film mystérieux, très symptomatique de son réalisateur et de son époque. Fedora (1978)
De Billy Wilder (France/Allemagne), avec : Marthe Keller, William Holden, Hildegard Knef, Stephen Colins, Henry Fonda, Michael York – 1h49
Carlotta Films
DVD (2 disques) : 20,06 euros
Blu-ray : 20,06 euros
Dans "Boulevard du crépuscule", un scénariste (William Holden) retrouvait une star déchue du muet (Gloria Swanson) pour lui proposer un script qui relancerait sa carrière. La situation de départ de "Fedora" est à peu de chose près la même, interprétée par le même acteur. Dans les deux films, la star, vieillissante, est entourée de proches qui la surprotègent, non sans hostilité envers ceux qui l'approchent. Le film est adapté d'une nouvelle de Thomas Tryon (d'autre part comédien) qui pour son personnage principal s'inspira de Greta Garbo et de Marlène Dietrich, deux grandes recluses, après avoir connu une carrière triomphale. Mais "Fedora" n'est pas un remake de "Boulevard du crépuscule", loin s'en faut. Si les sujets sont proches, les intrigues diffèrent dans leur construction. Dès le début, Fedora se suicide : tout le film est construit en flash-back. Intervient plus loin un thème gothique qui n'est pas sans rappeler, même si c'est de loin, "Les Yeux sans visage" de Georges Franju, avec un beau coup de théâtre à la clé.
Même si le film n'a pas la maestria des mises en scène antérieures de Billy Wilder, "Fedora" est passionnant comme métaphore d'un Hollywood délité depuis la fin des années 60. Wilder participa grandement à l'âge d'or hollywoodien et cet avant-dernier film est un peu son film testament, tout en référence à un de ses chefs-d'œuvre, comme s'il était lui-même cette star déchue qu'il décrit. Le maître n'en demeure pas moins en verve, avec des acteurs, tous, impliqués dans des compositions touchantes, voire intrigantes.
Bonus : Un supplément d'une-heure-et-demie, "Le Chant du cygne : l'histoire de 'Fedora' de Billy Wilder", avec de nombreux intervenants ayant participé au film - dont une Marthe Keller très présente -, met en perspective la genèse difficile du film, son tournage, et nombre d'anecdotes autour de Wilder. Remarquable, il permet de décoder un film mystérieux, très symptomatique de son réalisateur et de son époque. Fedora (1978)
De Billy Wilder (France/Allemagne), avec : Marthe Keller, William Holden, Hildegard Knef, Stephen Colins, Henry Fonda, Michael York – 1h49
Carlotta Films
DVD (2 disques) : 20,06 euros
Blu-ray : 20,06 euros
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