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Dylan Farrow, fille adoptive de Woody Allen, l'accuse de nouveau d'abus sexuels, il dément

Il avait jusqu'ici été épargné par le mouvement #MeToo. Mais à 82 ans, Woody Allen se retrouve dans la tempête des accusations de harcèlement sexuel, plusieurs célébrités refusant de travailler avec lui tandis que sa fille adoptive relance ses accusations d'abus sexuels dans un entretien diffusé jeudi par la chaîne CBS. Le réalisateur a de nouveau démenti.
Article rédigé par Valérie Oddos
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Dylan Farrow, la fille adoptive de Woody Allen, en avril 2016 à New York
 (Dennis Van Tine / Geisler-Fotopres / picture alliance / MaxPPP)

Le réalisateur new-yorkais, l'un des plus prolifiques de l'histoire du cinéma avec une cinquantaine de films réalisés en autant d'années de carrière, avait globalement échappé jusqu'ici aux foudres du mouvement anti-harcèlement qui a fait tomber ou ébranlé de nombreux acteurs et réalisateurs depuis les révélations contre le producteur Harvey Weinstein : de Kevin Spacey à Brett Ratner, en passant par Dustin Hoffman ou James Franco.

"Je dis la vérité"

Mais cette semaine, il est pris à son tour dans la tourmente, alors que refont surface des accusations de sa fille adoptive Dylan Farrow, qui affirme depuis 1992 qu'il s'est livré à des attouchements quand elle avait sept ans.
 
"Je dis la vérité et je pense que c'est important qu'on se rende compte que la parole d'une victime, d'une accusatrice, compte. Qu'elle peut suffire à changer les choses", déclare Dylan Farrow, 32 ans aujourd'hui. 
 
"Pourquoi ne serais-je pas en colère ? Pourquoi ne serais-je pas blessée ? Pourquoi ne serais-je pas scandalisée après toutes ces années où on n'a pas fait attention à moi, où on ne m'a pas crue ?", ajoute celle dont le frère journaliste, Ronan Farrow, a été à la pointe des révélations sur Weinstein. Il avait lui-même dénoncé le silence de la presse sur les accusations contre leur père.

Récit : Nicolas Lemarignier / Hélène Possetto

Dans cet entretien enregistré lundi et diffusé jeudi par CBS, cette femme de 32 ans, aujourd'hui mariée et mère d'une fille de 16 mois, a détaillé des accucations déjà lancées à plusieurs reprises, expliquant comment le réalisateur l'avait agressée sexuellement en août 1992, alors qu'elle avait sept ans, dans le grenier de la maison de Mia Farrow, dans le Connecticut. "A sept ans, j'aurais dit qu'il m'a touché les parties intimes", a-t-elle déclaré. Aujourd'hui, elle dit : "Il m'a touché les lèvres et la vulve avec le doigt". Selon elle, Woody Allen recherchait alors souvent des contacts physiques déplacés avec elle.

Woody Allen dément les accusations

Woody Allen a rejeté de nouveau ces accusations, accusant Dylan Farrow de "profiter cyniquement" du mouvement anti-harcèlement pour relancer "des allégations largement discréditées".

Mais il a toujours démenti ces allégations. Notamment en 2014, dans une tribune au New York Times, où il affirmait que sa fille adoptive avait été poussée au mensonge par Mia Farrow lors de leur divorce très tendu. Dans son communiqué mercredi, le réalisateur répète que ces accusations avaient à l'époque fait l'objet d'enquêtes approfondies de deux agences de protection de l'enfance, "qui ont conclu, de manière indépendante, qu'il n'y avait jamais eu d'abus".

Dylan Farrow a assuré sur CBS que sa mère ne l'avait jamais poussée à quoi que ce soit mais l'avait seulement encouragée à "dire la vérité".

Selena Gomez fait un don à Time's Up

Jusqu'ici, ce parfum de scandale n'avait pas empêché le tout Hollywood de se presser pour jouer, pour presque rien, dans ses films, signe d'une aura artistique en décalage avec les recettes de ses films. Mais la roue tourne. Plusieurs acteurs ont récemment annoncé qu'ils ne travailleraient plus avec lui

Avant même la diffusion de cet entretien, l'acteur franco-américain Timothée Chalamet, révélé ces derniers mois dans des films comme "Call Me By Your Name" ou "Lady Bird" et nouvelle coqueluche d'Hollywood, déclarait sur son compte Instagram regretter d'avoir travaillé avec Woody Allen sur son nouveau film à sortir cette année, "A Rainy Day in New York".
 
"Je ne veux pas tirer profit de mon travail sur ce film", a souligné la nouvelle star de 22 ans, en annonçant faire don de son salaire pour ce film à trois associations d'aide aux victimes de harcèlement sexuel, dont "Time's Up", créée début janvier par un collectif de plus de 300 femmes de Hollywood.
 
Le magazine spécialisé US Weekly a indiqué mercredi que Selena Gomez, qui joue avec Chalamet dans "A Rainy Day in New York", avait elle aussi fait un don "important" à "Time's Up".

Greta Gerwig regrette d'avoir joué dans "To Rome With Love"

Peu après la cérémonie des Golden Globes début janvier, et suite à la publication d'une tribune de Dylan Farrow dans le Los Angeles Times, la réalisatrice de "Lady Bird", Greta Gerwig, qui a remporté le Golden Globe de la meilleure comédie, exprimait elle aussi ses regrets d'avoir joué dans "To Rome with Love", réalisé par Woody Allen en 2012.
 
"Si j'avais su alors ce que je sais aujourd'hui, je n'aurais pas joué dans ce film", a-t-elle confié au New York Times, en ajoutant qu'elle ne retravaillerait plus avec lui.
 

Alec Baldwin défend Woody Allen

Des actrices comme Natalie Portman, Reese Witherspoon ou Rebecca Hall ont pris parti pour Dylan Farrow. Jeudi, la liste des acteurs et actrices qui répudient le réalisateur new-yorkais s'est encore allongée avec le Britannique Colin Firth qui, après avoir tourné en 2013 avec Woody Allen dans "Magic in the moonlight", a déclaré au Guardian qu'il ne travaillerait plus avec lui.

Alec Baldwin, lui, a pris la défense de Woody Allen. "Deux Etats (le Connecticut et New York, ndlr) ont enquêté sur Woody Allen et ne l'ont pas inculpé", a fait valoir sur Twitter l'acteur qui a joué dans "To Rome With Love" et "Blue Jasmine", qualifiant la situation d'"injuste et triste".
 
Le réalisateur multi-oscarisé, qui a fait de ses névroses une marque de fabrique, est depuis longtemps entouré d'un parfum de scandale.

Qualifié de "malsain" par la presse 

Les accusations de 1992 avaient coïncidé avec la révélation de sa relation avec la fille adoptive de Mia Farrow, Soon-Yi Previn, de 35 ans sa cadette, qui a fait couler beaucoup d'encre. Ils se sont mariés depuis et ont deux filles adoptives.
 
Le scandale ne l'a jamais complètement abandonné, sans l'empêcher de tourner. Si des films comme "Prends l'oseille et tire-toi", "Manhattan" ou "Annie Hall" ont contribué à faire de lui l'archétype du juif new-yorkais, la plupart de ses récents opus ont cependant été tournés en Europe, à la fois refuge et source d'inspiration.

Aux Etats-Unis, où il a longtemps été vu avec sympathie pour son excentricité et son humour, son image a basculé et il est régulièrement qualifié de "malsain" ("creepy") par la presse.
Son goût supposé pour les jeunes filles a souvent été cité, encore très récemment lorsque la presse a fait état d'une scène de son dernier film "A Rainy Day in New York" évoquant la relation entre le personnage joué par Elle Fanning, qui est censée avoir 15 ans (elle en a en réalité 19), et Jude Law, un homme mûr.  

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