Cet article date de plus de dix ans.

DVD : "Nebraska" avec un magistral Bruce Dern

Alexander Payne était à Cannes en 2013 avec "Nebraska". Après avoir reçu la consécration internationale avec "The Descendants" pour son scénario couronné dans de nombreux festivals, il dirige ici le trop rare Bruce Dern, couronné du Prix d'interprétation masculine sur la Croisette.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Bruce Dern et WIll Forte dans "Nebraska" d'Alexander Payne
 (Bona Fide Productions)
L'histoire : Woody Grant, un père de famille alcoolique, est persuadé avoir gagné un million de dollars à une loterie. Il décide donc de partir avec son fils du Montana au Nebraska dans le but de réclamer cette somme. Sur le chemin, ils rencontrent des amis, de la famille et de vieilles connaissances à qui Woody doit de l'argent...

Le film : A l’image des frères Coen qui ont souvent visité le Middle West et toute une Amérique profonde, Alexander Payne situe son action dans le Montana et le Nebraska, Etat qui donne son titre au film. Il est en même temps nourri d’un humour et d’une tendresse pour les personnages qui ne sont pas sans rappeler les auteurs de "Fargo". Mais "Nebraska" ne se limite pas à cette comparaison.

Fin scénariste, Alexander Payne a cette fois confié le script à Bob Nelson qui a peaufiné des personnages avec une attention pour chacun. Bien sûr Woody (Bruce Dern) et son fils David (Will Forte) tiennent le haut du pavé, mais Kate (June Suibb), l’épouse de Woody, a une personnalité bien trempée et plus d’une répartie qui font mouche. En même temps, toute la galerie de portraits qui traverse le film se savoure sans modération. Les anciens amis de la bourgade natale de Woody, Hawthorne, avec ses deux bras cassés de fils, sont délectables.
Bruce Dern et June Squibb dans "Nebraska" de Alexander Payne
 (Diaphana)
Si les dialogues participent des atouts du film, l’interprétation de Bruce Dern dans la peau de ce vieillard quasi sénile, crédule et buté, est la pépite de "Nebraska". Autre grande qualité, la somptueuse photographie en scope noir et blanc de Phedon Papamichael qui valorise les grandes plaines parsemées de bétail et de silos à grain, le défilement de la route et l’urbanisation minimalistes des petites villes qui semblent à peine sorties de la conquête de l’Ouest.

Hormis les frères Coen, "Nebraska" évoque également le splendide film de David Lynch "Une histoire vraie", où un vieillard en fin de vie traversait une partie des Etats-Unis (600 km) juché sur sa tondeuse à gazon pour retrouver la région de ses origines. Car "Nebraska" est aussi un retour aux sources pour Woody, un voyage initiatique à rebrousse temps, où il va retrouver les protagonistes de son enfance et de sa jeunesse, tout comme Noel, sa femme, du même patelin. Mais la nostalgie n’est pas de mise, le sentiment est plutôt de leur en montrer à ces "ploucs" qui sont restés terrés dans leur "bled", alors que lui vit une véritable odyssée. Jubilatoire.

Les bonus : Le making of du film d'une demi-heure est classique dans la congratulation générale de l'équipe, mais à la qualité d'énuméré toute les étapes de sa réalisation. En passant par l'écriture, le choix des acteurs, les repérages des nombreux lieux, "Nebraska" étant un road movie, les justifications du noir et blanc, et l"ambiance sur le tournage. De nombreux intervenants, les producteurs, le réalisateur Alexander Payne, les comédiens Bruce Dern, Will Forte, June Squibb, Bob Odenkirk, le directeur de la photo Phedon Papamichael et bien d'autres animent une évocation vivante. Un deuxième complément fait défiler les photographies de repérage commentées par Alexander Payne, sous le forme d'un diaporama, avec des légendes écrites. Une voix off du réalisateur aurait peut-être été mieux-venue.

Nebraska
De Alexander Payne (Etats-Unis), 2013, avec : Bruce DernWill Forte, June Suibb, Bob Odenkirk,  - 1h50
Edition : Diaphana vidéo
DVD : 19,99 euros
Blue ray : 24,99 euros

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.