"La saga des Conti" : au coeur de la lutte
Documentaire de Jérôme Palteau - durée : 1h37 - sortie : 20 mars 2013
Synopsis :
11 mars 2009, les 1120 salariés de l’usine de pneumatiques « Continental » de Clairoix reçoivent leur lettre de licenciement. Dès les premiers jours c’est la colère, mais ceux que l’histoire retiendra sous le nom des « Conti » sont déjà habités d’une certitude : celui qui se bat n’est pas sûr de gagner, mais celui qui ne se bat pas a déjà perdu. Le film relate le conflit sur plusieurs mois, dans ses grandes étapes, mais aussi et surtout en coulisses, au plus près de ses acteurs : Xavier Mathieu, Roland Szpirko, et tous les autres. On découvre de l’intérieur la mise en oeuvre d’une stratégie inédite, on assiste à sa montée en puissance au jour le jour, à une combinaison d’actions judiciaires, de coups de force, de diplomatie et d’opérations de relations publiques.
Une image va faire le tour du monde. Les Conti ont envahi la sous-Préfecture de Compiègne. Ce 21 avril 2009, ils attendent des nouvelles de Sarreguemines, où le tribunal doit se prononcer sur l'ajournement du plan social. Le téléphone de Xavier Mathieu, leader de la CGT de l'usine, sonne. "C'est pas vrai ! On est déboutés !". Instantanément, la violence éclate, la sous-préfecture est saccagée. Un ouvrier témoigne : "On leur a montré qu'on était pas prêts à crever !".
C'est un film engagé, aucun doute là dessus. Engagé et grave. Pas de fioritures, d'effets de manches. Montage chronologique, les interviews s'enchaînent. Mais l'austérité de la forme s'efface devant l'émergence des personnages. Peu à peu, l'amateurisme et la naïveté des débuts laissent la place à la stratégie. C'est sans doute la grande force du film que de nous faire découvrir cette aspect d'une lutte. Face à la mondialisation et au cynisme des marchés, les salariés ne restent pas les bras ballants. Ils s'organisent, échafaudent la riposte, lancent des fausses pistes....
A Clairoix, Compiègne, Paris, Sarreguemines ou en Allemagne, les pneus brûlent, les Conti ne lâchent rien. Tous ont reçu la lettre. "Madame, Monsieur, votre poste a été supprimé". Pour être recréé dans les usines roumaines du groupe. Du brutal. Passé l'accablement, la résistance s'organise.
Au coeur de ces mois de combats, un leader se révèle. Xavier Mathieu, qui dit aujourd'hui "Je suis devenu un symbole. Je n’étais pas un leader mais un porte-parole". Mais qui crève l'écran. L'homme est direct, son message passe. Il est rejoint par Roland Szpirko, militant de Lutte Ouvrière rompu au combat syndical depuis des décennies, qui devient le stratège des Conti. "On joue au poker, là", lâche Szpirko, boule de sang-froid au milieu de la colère.
Que reste-t-il de cette grande bagarre sociale ? La lutte s'est déportée vers les tribunaux. On attend le verdict des prud'hommes. Beaucoup de Conti ont refait leur vie. A Clairoix ou ailleurs. Autre job, ou chômage. Tous parlent de cette époque avec nostalgie. Avec la fin de Conti, c'est une certaine image de la France industrielle qui s'efface.
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