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"Dernier train pour Busan", des zombies de première classe

Comme "The Strangers" de Na Hong-jin, sorti le 6 juillet, "Dernier train pour Busan" de Sang-Ho Yeon, fut projeté en Séance de minuit hors compétition au dernier Festival de Cannes. Tous deux reflètent le génie du cinéma sud-coréen en matière de films de genre, en l'occurrence fantastiques. Cette nouvelle pépite se révèle comme le meilleur film de morts-vivants depuis "Zombie" (1978) de Romero.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
"Dernier train pour Busan" de Sang-Ho Yeon
 ( ARP Sélection)

Des trains dans la nuit

Sang-Ho Yeon avait jusqu'alors œuvré dans le cinéma d'animation, avec notamment "Le Roi des cochons" projeté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, en 2012. Ses deux autres films, "Seoul Station" et "The Fake" doivent sortir en France prochainement, à une date encore indéterminée. "Dernier train pour Busan" est donc sont premier film en prises de vues réelles, et fait montre d'une texture très bédéiste. Violent, sanglant, très cadré, à la mise en scène percutante et défilant à un rythme d'enfer, "Dernier train pour Busan" fait passer le blockbuster avec Brad Pitt, "War World Z" de Mark Forster, comme une promenade de santé.

Après une scène d'ouverture remarquable qui plante le décor, "Dernier train pour Busan" définit les personnages épars principaux, comme dans un film catastrophe, mais sans s'attarder, avec juste ce qu'il faut. Une entrée en matière vite expédiée pour mieux entrer dans le vif du sujet, sans jamais mollir, à la vitesse d'un TGV. Le cadre claustrophobe du train en rajoute dans la tension, les scènes d'assaut massives, jusqu'à un final hallucinant. Le train est un cadre privilégié au cinéma depuis "Arrivée d'un train en gare de Ciotat", un des films inauguraux de la première séance publique de cinéma en décembre 1895. En Corée, "Snowpiercer" (2013) de Joon-Ho Bong se déroulait entièrement dans un train du futur, ou encore "2046" (2004) de Wong Kar-Wai. Jean Cocteau ne disait-il pas que les films étaient "des trains dans la nuit" ?

"Dernier train pour Busan" de Sang-Ho Yeon
 (ARP Sélection )

Parabole

Les personnages représentatifs de milieux socioculturels différents sont bien campés (un cadre de traders et sa petite fille, deux sœurs âgées, un patron misanthrope, un couple de coréens moyens dont la femme est enceinte, une jeune équipe de baseball, un sans-abris). L'analyse psychologique n'est pas, on s'en doute, privilégiée, dans un film d'action et d'horreur particulièrement corsé. Les traits sont un peu outrés, mais très efficaces, notamment dans le cas du chef d'entreprise qui en rajoute dans l'ignominie et la manipulation, jusqu'à ce que l'on réclame son élimination, qu'il se fasse "bouffer" par les zombies : le personnage que vous aimerez haïr.

Comme dans "La Nuit des morts-vivants" (1970) et "Zombie" (1978) de Georges A. Romero, la parabole sociopolitique n'est pas loin. Dans le ralliement, comme des moutons apeurés, paniqués, d'une partie de passagers aveuglés par l'autorité patronale. Sentiment que l'on peut élargir aux manipulations étatiques. La solidarité et la compassion sont mises à mal et ne se révèlent qu'en extrême limite. Quand elles se vérifient. Le suspense est à son comble dans un crescendo éprouvant qui vous colle au siège. Spectaculaire et tendu, ne ratez pas le "Dernier train pour Busan".

"Dernier train pour Busan" : l'affiche française
 (ARP Sélection )

LA FICHE

Fantastique de Sang-Ho Yeon (Corée du Sud) - Avec  Gong Yoo, Kim Soo-Ahn , Yu-mi Jeong - Durée : 1h58 - Sortie le 17 août 2016.
Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis : Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l'état d'urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu'à Busan, l'unique ville où ils seront en sécurité...

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