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Vu de l'étranger, "Depardieu se comporte comme un tennisman espagnol"

La polémique sur l'exil fiscal du célèbre acteur dépasse les frontières et intéresse les médias anglo-saxons et européens. Revue de presse.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Gérard Depardieu dans le rôle d'Obélix, dans le film d'Alain Chabat "Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre" (2002). (KOBAL / AFP)

La nouvelle est arrivée jusqu'en Nouvelle-Zélande. L'acteur français Gérard Depardieu a confirmé, dimanche 16 décembre, son intention de rendre son passeport, de quitter la France et de rejoindre la Belgique, où son "talent" sera moins taxé. Cette affaire relance les débats sur l'exil fiscal et le consentement aux impôts. Elle dépasse même les frontières, certains médias étrangers s'en emparant avec gourmandise, dans toutes les langues. Francetv info revient sur la nouvelle aventure d'"Obélix", vue d'ailleurs.

"Nous sommes en 2012 après Jésus-Christ. Toute la France est dans l'étau fiscal des dirigeants socialistes. Toute la France ? Non. Un petit village résiste au gouvernement de gauche, s'amuse le quotidien allemand Der Spiegel. Petite tache dans l'histoire : la scène ne se déroule pas sur la côte bretonne, comme dans la Gaule d'Astérix et Obélix, mais en Belgique. Et le haut lieu de la résistance s'appelle Néchin", où le journal rappelle que 27% des habitants sont Français.

Obélix ou Mr Scrooge ?

En Espagne, le quotidien El Pais reprend lui aussi l'allusion au célèbre Gaulois joué par l'acteur, en titrant sur "Obélix le Belge". Le journal d'Alicante Informacion estime que "son exil doré est inacceptable, et pas seulement en raison du pays choisi" – les Belges apprécieront la pique. Pour le chroniqueur Matias Vallés, Gérard Depardieu se comporte "comme un tennisman espagnol", une catégorie de sportifs fortunés dont le patriotisme se trouve "dans le portefeuille" (Carlos Moya réside en Suisse, Arantxa Sanchez à Andorre, etc.).

 

Capture d'écran du site d'"El Pais", le 19 décembre 2012. (/ FRANCETV INFO)

Gérard Depardieu, un sympathique Gaulois, vraiment ? En Italie, L'Unita voit plutôt en l'acteur un monsieur Scrooge radin, tiré de l'univers de Charles Dickens. Le quotidien de gauche profite de l'affaire pour examiner la situation en Italie, où "20% de la population possède 50% de la richesse" tandis que "le fossé se creuse".

"Manon des Taxés-à-la-Source"

Les médias anglophones savourent eux aussi l'affaire, ponctuée par une touche de "mépris gaulois" selon un Guardian volontairement ironique. Cherchant en vain "pourquoi Gérard Depardieu veut vivre (...) dans ce plat pays amoureux de gauffres", le quotidien londonien propose déjà une adaptation cinématographique de l'affaire, intitulée "Manon des Taxés-à-la-Source". Plus terre-à-terre, la BBC rappelle pour sa part que l'acteur "a survécu (selon les derniers décomptes) à 17 accidents de moto" et que son mode de vie de "bon-viveur" (sic) consiste notamment à ouvrir "cinq à six bouteilles de vin par jour". So French, le futur Belge.

Capture d'écran du site de "The Independent", le 19 décembre 2012. (/ FRANCETV INFO)

Enfin, pendant qu'outre-Manche The Independent estime avoir "déjà assez à faire avec nos propres exilés fiscaux"The Washington Post revient, outre-Atlantique, sur "le chemin bien connu" emprunté par Gérard Depardieu. Ce dernier marche en effet dans les pas du chanteur Marvin Gaye, installé en Belgique en 1981, ou encore de l'ancien Beatles Ringo Starr, qui a pris ses marques à Monaco en 2005. Le "WaPo" rappelle le rapport compliqué des Beatles à l'impôt, comme ils le chantaient ironiquement en 1966 dans Taxman (un morceau écrit par George Harrison), après que fut établie une taxe de 95% sur les riches au Royaume-Uni.

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