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Décès du cinéaste Alexandre Astruc, le "tonton de la Nouvelle Vague"

Le cinéaste et écrivain Alexandre Astruc, décédé à Paris dans la nuit de mercredi à jeudi à 92 ans, était l'un des pères spirituels de la Nouvelle Vague (Godard l'appelait le "tonton de la Nouvelle Vague") et un théoricien de la "caméra-stylo" qui plaçait le cinéma à la hauteur de la littérature.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le réalisateur Alexandre Astruc en mai 2011
 (MARTIN BUREAU / AFP)

L'inventeur de la "caméro-stylo"

Figure du Saint-Germain-des-Prés d'après-guerre, rédacteur éphémère à "Combat" puis critique à "L'écran français" et aux "Cahiers du cinéma", il signe en 1948 un texte autour du concept de "caméra-stylo" qui exercera une grande influence sur les cinéastes de la Nouvelle Vague. Il est aussi le précurseur de la "politique des auteurs" menée par François Truffaut, Jean-Luc Godard ou Claude Chabrol.

Le démon de la littérature

Né le 13 juillet 1923 à Paris, fils d'un journaliste, le jeune Astruc, passionné de mathématiques, renonce à Polytechnique et, saisi par le démon de la littérature, multiplie les articles dans les revues de la zone libre pendant les années noires de l'occupation.

Après la Libération, il rencontre Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Juliette Gréco, fréquente les cinémas de la Rive gauche et s'enthousiasme pour des cinéastes cultes comme Robert Bresson, Roberto Rossellini, Alfred Hitchcock et Orson Welles.

Adaptations littéraires

Il débute dans le septième art comme assistant de Marc Allégret sur le tournage de "Jusqu'à ce que mort s'ensuive" en 1946. Il réalise son premier film en 1952, "Le rideau cramoisi", adaptation cinématographique des "Diaboliques" de Jules Barbey d'Aurevilly, couronné par le Prix Louis-Delluc.

Hésitant à se définir comme "un metteur en scène qui aurait écrit des livres ou un écrivain qui aurait réalisé des films", Astruc alterne romans ou essais --"Confluences", "Poésie 44" ou "Les vacances" publié par Gallimard en 1945-- et films ou documentaires.

En 1948, il publie dans "L'écran français" un manifeste devenu célèbre, "Naissance d'une nouvelle avant-garde: la caméra-stylo", estimant que la création cinématographique peut être considérée "comme un art, un langage".

Godard et Rohmer

Il annonce ainsi la Nouvelle Vague, même s'il confiera en 2002 au quotidien Libération: "ce qui m'horripile est la filiation qu'on m'attribue avec la Nouvelle Vague (...). Pour moi, il y a Godard, qui a du génie, et Rohmer, grand cinéaste. Le reste, je peux m'en passer".  
   
En 1955, il réalise "Les mauvaises rencontres", salué par François Truffaut, puis signe deux adaptations soignées, "Une vie" de Maupassant (1958) et "L'éducation sentimentale" de Flaubert (1961), et "La proie pour l'ombre", un "drame mondain" à la limite de l'exercice de style, interprété par Annie Girardot et Daniel Gélin.

Après l'échec commercial de "Flammes sur l'Adriatique" (1968), il se tourne dans les années 1970 vers la télévision avec des téléfilms tirés d'Edgar Allan Poe ou Honoré de Balzac ou un documentaire sur Sartre, "Sartre par lui-même" (1976).

Il revient également à l'écriture, avec "Ciel de cendres" (prix Roger Nimier, 1975), "Le permissionnaire" (1982), "Le roman de Descartes" (1989), "Du stylo à la caméra et de la caméra au stylo" (1992) ou "Evariste Galois" (1994), le mathématicien prodige mort à vingt ans auquel il avait déjà consacré un documentaire en 1966.

Après ses mémoires en 1996 ("Le montreur d'ombres"), ce luthérien publie en 2005 un roman d'amour mettant en scène un vieil écrivain protestant, "Une rose en hiver", puis en 2008 "Les secrets de Mlle Fechtenbaum".

Claude Monet

Astruc, qui a reçu en 1994 le prix René Clair de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre, revendique parmi ses obsessions l'amour des femmes et de la bonne chère, la rigueur des mathématiques et la littérature. 

"Au fond, l'artiste qui me correspond, c'est Claude Monet", dit-il en 2011 à Causeur Magazine, "il veut du neuf, mais il respecte les maîtres anciens: un révolutionnaire en redingote!".
    
   
   

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