Cet article date de plus d'onze ans.
David Cronenberg lance une diatribe contre Stanley Kubrick
Le cinéaste canadien David Cronenberg (« La Mouche », « Crash », « Cosmopolis »…) s’est lancé dans une critique plutôt virulente contre Stanley Kubrick, visant notamment son film « Shining » et en taxant le réalisateur de « 2001, l’Odysée de l’espace » d’« obsédé par (la) dimension commerciale ».
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"Shining" dans le collimateur
Dans une interview donnée à l’occasion de l’inauguration de l’exposition « Cronenberg Evolutions » à Toronto (jusqu’en janvier 2014), le cinéaste canadien a émis une évaluation de ses films à l’aulne de ceux de Kubrick, estimant que « (ses) films sont beaucoup plus intimes et personnels que ceux de Kubrick ».
Ayant consacré une grande partie de sa carrière à la réalisation de films fantastiques, voire d’horreur, entre 1975 et 1986, avec des titres tels que « Frissons », « Rage », « Scanners », jusqu’à « La Mouche », Cronenberg s’est autorisé à émettre son avis sur « Shining » que Kubrick sortit sur les écrans en 1981, adapté de Stephen King. « ‘Shining’ n'est pas un grand film. Pour moi Kubrick n'a jamais rien compris au cinéma d'horreur. Je ne pense pas qu'il savait ce qu'il faisait. Il y a pourtant quelques images frappantes dans le livre. Et voilà ce qu'il en a fait. Je ne crois pas qu'il ait vraiment cerné l'esprit du roman », a-t-il lancé.
Cet avis est d’ailleurs partagé par l’auteur du roman qui, dès la sortie de « Shining », s’est insurgé contre l’adaptation par Kubrick, rejetant catégoriquement le film et se lançant dans l’écriture d’un nouveau scénario, cette fois pour la télévision. King en a rajouté une couche lors d’une interview à la BBC, lançant « Certaine parties font froid dans le dos, mais d’autres tombent à plat. C’est un film réalisé par un homme qui réfléchit trop et ne ressent pas assez. » Kubrick mercantile
Cronenberg va encore plus loin quand il lance : « D'une certaine manière, et bien qu'il soit considéré comme un génie du cinéma, je pense que Kubrick avait finalement l'esprit beaucoup plus commercial qu'on ne le croit. Il recherchait des projets susceptibles de faire parler d'eux et pour lesquels il aurait pu être financé. Je pense d'ailleurs qu'il était obsédé par cette dimension commerciale. Contrairement à moi.»
Le critique de cinéma et auteur d’une monographie sur Kubrick qui fait autorité, Michel Ciment, a réagi à ces propos en déclarant au Figaro : « Les goûts et les dégoûts des cinéastes leur appartiennent. Ces artistes possèdent une vision du monde plus intense que celle de la plupart des gens. Dès lors, leurs appréciations sont radicales. Par exemple je me souviens des propos violents d'un Ingmar Bergman qui détestait le cinéma d'Antonioni, de Godard ou de Welles. Quant à Cronenberg, il s'acharne sur Shining parce que ce film en particulier heurte sa conception du film d'horreur. Il est clair que Kubrick a détourné les codes du film de genre, et même l'intrigue du roman pour raconter ses propres fantasmes. J'ai l'impression que Cronenberg hurle à Kubrick par-delà la tombe: «Touche pas à ma conception du cinéma d'horreur!» Mais cela ne change rien: Kubrick avec le génie qu'on lui connaît, s'est approprié le Shining de King. Il l'a tiré vers lui, vers ses préoccupations, par exemple la panne créatrice qui l'obsédait…»
Le critique est toutefois plus virulent quant aux accusations de mercantilisme à l’encontre de Kubrick : « De la part de Cronenberg, oser croire que Kubrick avait uniquement des visées mercantiles, j'en suis stupéfait. Kubrick devait en avoir comme tous les cinéastes. Mais quand on sait qu'il a passé sa vie à prendre tous les risques à chacun de ses films, de ‘Spartacus’ à ‘Docteur Folamour’ en passant par ‘Barry Lyndon’ ou ‘Full Metal Jacket’, j'avoue que c'est assez énorme! De toute façon, conclut Ciment, je ne veux pas croire que ça soit la jalousie qui conduise Cronenberg à proférer de telles paroles. Cela serait indigne de la part d'un tel artiste. »
Dans une interview donnée à l’occasion de l’inauguration de l’exposition « Cronenberg Evolutions » à Toronto (jusqu’en janvier 2014), le cinéaste canadien a émis une évaluation de ses films à l’aulne de ceux de Kubrick, estimant que « (ses) films sont beaucoup plus intimes et personnels que ceux de Kubrick ».
Ayant consacré une grande partie de sa carrière à la réalisation de films fantastiques, voire d’horreur, entre 1975 et 1986, avec des titres tels que « Frissons », « Rage », « Scanners », jusqu’à « La Mouche », Cronenberg s’est autorisé à émettre son avis sur « Shining » que Kubrick sortit sur les écrans en 1981, adapté de Stephen King. « ‘Shining’ n'est pas un grand film. Pour moi Kubrick n'a jamais rien compris au cinéma d'horreur. Je ne pense pas qu'il savait ce qu'il faisait. Il y a pourtant quelques images frappantes dans le livre. Et voilà ce qu'il en a fait. Je ne crois pas qu'il ait vraiment cerné l'esprit du roman », a-t-il lancé.
Cet avis est d’ailleurs partagé par l’auteur du roman qui, dès la sortie de « Shining », s’est insurgé contre l’adaptation par Kubrick, rejetant catégoriquement le film et se lançant dans l’écriture d’un nouveau scénario, cette fois pour la télévision. King en a rajouté une couche lors d’une interview à la BBC, lançant « Certaine parties font froid dans le dos, mais d’autres tombent à plat. C’est un film réalisé par un homme qui réfléchit trop et ne ressent pas assez. » Kubrick mercantile
Cronenberg va encore plus loin quand il lance : « D'une certaine manière, et bien qu'il soit considéré comme un génie du cinéma, je pense que Kubrick avait finalement l'esprit beaucoup plus commercial qu'on ne le croit. Il recherchait des projets susceptibles de faire parler d'eux et pour lesquels il aurait pu être financé. Je pense d'ailleurs qu'il était obsédé par cette dimension commerciale. Contrairement à moi.»
Le critique de cinéma et auteur d’une monographie sur Kubrick qui fait autorité, Michel Ciment, a réagi à ces propos en déclarant au Figaro : « Les goûts et les dégoûts des cinéastes leur appartiennent. Ces artistes possèdent une vision du monde plus intense que celle de la plupart des gens. Dès lors, leurs appréciations sont radicales. Par exemple je me souviens des propos violents d'un Ingmar Bergman qui détestait le cinéma d'Antonioni, de Godard ou de Welles. Quant à Cronenberg, il s'acharne sur Shining parce que ce film en particulier heurte sa conception du film d'horreur. Il est clair que Kubrick a détourné les codes du film de genre, et même l'intrigue du roman pour raconter ses propres fantasmes. J'ai l'impression que Cronenberg hurle à Kubrick par-delà la tombe: «Touche pas à ma conception du cinéma d'horreur!» Mais cela ne change rien: Kubrick avec le génie qu'on lui connaît, s'est approprié le Shining de King. Il l'a tiré vers lui, vers ses préoccupations, par exemple la panne créatrice qui l'obsédait…»
Le critique est toutefois plus virulent quant aux accusations de mercantilisme à l’encontre de Kubrick : « De la part de Cronenberg, oser croire que Kubrick avait uniquement des visées mercantiles, j'en suis stupéfait. Kubrick devait en avoir comme tous les cinéastes. Mais quand on sait qu'il a passé sa vie à prendre tous les risques à chacun de ses films, de ‘Spartacus’ à ‘Docteur Folamour’ en passant par ‘Barry Lyndon’ ou ‘Full Metal Jacket’, j'avoue que c'est assez énorme! De toute façon, conclut Ciment, je ne veux pas croire que ça soit la jalousie qui conduise Cronenberg à proférer de telles paroles. Cela serait indigne de la part d'un tel artiste. »
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.