Cinquante ans après les westerns spaghettis, les cowboys cavalent encore au cinéma
Le genre, qui a souvent été roulé dans le goudron et les plumes avant d'être laissé pour mort, a su se renouveler pour regagner l'intérêt du public.
Les chapeaux sont poussiéreux, les jeans râpés jusqu'à la corde. Mais les cowboys seront toujours des cowboys. Si l'âge d'or du western paraît bien loin, la silhouette du cavalier solitaire et vengeur traverse encore régulièrement les écrans de cinéma. Dernier film en date, The Salvation, du Danois Kristian Levring. Un hommage à Sergio Leone, réalisateur des mythiques Le Bon, la brute et le truand et Il était une fois dans l'Ouest, à qui la Cinémathèque française consacre d'ailleurs une rétrospective, à partir du mercredi 3 septembre.
Alors que plus aucun cinéaste ni acteur ne dédie sa carrière au western, comment expliquer que les cowboys revivent, ces dernières années, au cinéma ?
Après l'Ouest, ils ont conquis l'Est et le Nord
Bien que profondément lié à l'histoire des Etats-Unis, et le plus souvent situé entre le Mississippi et les déserts de l'Arizona, le western s'est vite laissé adopter, pour son plus grand bien, par des réalisateurs du monde entier. Et les studios hollywoodiens, premiers maîtres du genre, ont rapidement dû cesser de se moquer de l'Italien Sergio Leone et de ses "westerns spaghettis", devenus cultes dès la fin des années 1960. Si bien que d'autres lui ont emboîté le pas, beaucoup plus discrètement, parmi lesquels le western français (dit "baguetti"), allemand ("choucroute") et espagnol.
Quelques décennies plus tard, le Danois Kristian Levring s'empare des rênes. Comme à la belle époque, l'action de The Salvation (2014) se déroule dans l'Ouest américain, à la fin du XIXe siècle, mais le personnage principal est un fermier danois immigré (interprété par Mads Mikkelsen), qui se venge après l'assassinat de sa famille par des hors-la-loi. Un scénario très classique, revitalisé par le thème de l'immigration et une réalisation absolument moderne.
En Asie aussi les réalisateurs s'essaient au genre. Avec succès. En 2008, Le Bon, la brute et le cinglé, du Coréen Kim Jee-woon, adressait un clin d'œil appuyé à Sergio Leone, tout en situant son action en Mandchourie dans les années 1930. A la clé, une projection hors-compétition à Cannes et sept millions d'entrées en Corée du Sud.
En 2013, plusieurs adaptations de westerns classiques ont également été réalisées au Japon, en Corée et au Vietnam, rappelle Le Parisien, sans pour autant parvenir s'exporter.
Ils sont moins bas du front
Longtemps, les westerns ont été raillés à cause de la simplicité des scénarios. Au cinéma ou à la télévision, les films de cowboys étaient destinés au divertissement de toute la famille. Leurs ressorts étaient simplistes (l'attaque de la diligeance, la vengeance, l'étranger qui arrive en ville…) et leurs héros manichéens. Depuis le début des années 2000, des réalisateurs ont misé des scénarios plus étoffés et des personnages plus ambigüs.
Et ce sont deux adaptations de classiques qui ont redonné au genre un peu de son lustre d'antan. Si 3h10 pour Yuma, de DelmerDaves (1957) était, se souvient Le Monde, l'un des meilleurs westerns des années 1950, il a été surpassé par un remake de JamesMangold, en 2007, avec RussellCrowe et Christian Bale. Dans cette nouvelle version, le réalisateur traite de deux thèmes inédits dans la vie des cavaliers solitaires : la politique, avec une critique de l'influence de lobbies privés sur la justice, et la psychologie, avec une poignante confrontation entre un père et son fils.
En 2010, ce sont les frères Joel et Ethan Coen qui ressuscitent le western avec True Grit (sorti en France en 2011). Adapté d'une nouvelle déjà portée à l'écran sous le titre Cent dollars pour un shérif (1968), le film raconte la soif de revanche d'une adolescente, qui demande l'aide d'un vieux marshal alcoolique pour traquer l’assassin de son père, dans le Nebraska de 1872. Plutôt fidèles au récit d'origine, les frères Coen y ajoutent leur goût pour l'absurde et leur penchant sarcastique.
Ils ont dynamité leur image classique
Aux côtés des frères Coen qui jouaient déjà avec les codes du western, avant True Grit, dans No Country For Old Men, les amateurs de duels au Colt et de vengeance sanglante peuvent compter sur Quentin Tarantino. Familier du style spaghetti, qu'il emploie jusque dans le dyptique Kill Bill, le réalisateur embrasse totalement le genre avec Django Unchained, récompensé par deux Oscars et deux Golden Globes, en 2012. Il y appose son sceau, trempé dans l'humour noir et les hectolitres d'hémoglobines, en offrant sa revanche à un ancien esclave, et réconcilie les spectateurs avec le genre. Fort de ce succès, le cinéaste américain prépare d'ailleurs un nouveau western, The Hateful Eight, prévu pour 2015.
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