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Cinéma : trois films à voir avant de frémir devant "American Nightmare"

Dans ce thriller, qui sort mercredi, les citoyens peuvent assouvir leurs pulsions criminelles une fois par an. Un scénario dans la lignée de celui d'autres films de science-fiction.

Article rédigé par Nora Bouazzouni
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
"American Nightmare" ("The Purge"), de James DeMonaco. (UNIVERSAL PICTURES)

"Ainsi la mise en scène de la cruauté, de l’ambition ou de la colère libérerait les spectateurs de ces mêmes tendances chez eux. Le spectacle de la violence serait le gardien des vertus civiques." Serge Tisseron, psychanalyste, examine ainsi la définition de la catharsis donnée par le philosophe grec Aristote dans la Poétique. Une "purgation" qui "débarrasse l'âme de ses émotions excessives" par le spectacle – à l'époque les tragédies grecques – afin de maintenir une harmonie universelle.

Ce défouloir est mis en scène de façon littérale dans le thriller The Purge (qui sort sous le nom d'American Nightmare en France), qui sort mercredi 7 août sur les écrans hexagonaux. Dans un futur proche, où la criminalité est au plus bas, le gouvernement américain décrète une "purge" annuelle où toutes les violences sont permises. Pendant douze heures, les numéros d'urgence sont déconnectés, pompiers, hôpitaux et policiers ne sont pas en service, et les citoyens des Etats-Unis ont le droit de commettre viols, meurtres et autres crimes. Les plus riches sont calfeutrés dans leur domicile équipé des meilleurs dispositifs de protection pendant que dehors, les pauvres subissent l'anarchie des bas instincts. Une catharsis au sens propre du mot grec, donc, censée libérer les habitants qui, une fois leurs pulsions assouvies, seront sages comme des images le reste de l'année.

La ruse n'est pas neuve : dans l'Antiquité, les Romains organisaient des combats de gladiateurs pour s'assurer une certaine paix sociale. La littérature puis le cinéma s'en sont depuis longtemps emparés. La preuve par trois.

1"La dixième Victime" (Elio Petri, 1965)

Dans ce film adapté d'une nouvelle écrite par Robert Sheckley douze ans plus tôt, les nations organisent une chasse à l'homme meurtrière, "pour que l'humanité cesse de s'autodétruire", écrit le romancier. Les participants (volontaires) sont tour à tour bourreau et victime et doivent survivre à dix chasses au total. Gloire et fortune sont à la clé.

"Ils décidèrent de canaliser la violence de l'homme. Lui fournir un exutoire (…) La première grande étape fut la légalisation des combats de gladiateurs (…) Mais les gens en demandaient toujours plus. Rien ne remplace un meurtre. Les assassinats furent donc permis, sur une base strictement individuelle, et seulement pour ceux qui le désiraient. Les gouvernements durent créer des commissions de catharsis émotionnelle."

2"Battle Royale" (Kinji Fukasaku, 2000)

Dans cette uchronie écrite par le Japonais Koshun Takami, adaptée au cinéma en 2000 par Kinji Fukasaku, la République d'Extrême-Orient, qui mène une politique de terreur, a mis en place le "Programme numéro 68", censément à des fins de défense nationale. Chaque année, cinquante classes de troisième choisies au hasard doivent s'affronter jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un survivant. Les élèves sont équipés de colliers électroniques qui explosent au bout de 24 heures si aucun n'est tué, et à l'issue du jeu s'il reste plus qu'un rescapé.

Expérience comportementale ? Répression ? Entraînement ? Le but de la manœuvre n'est dévoilé qu'à la fin du livre : "Voilà comment dans ce pays on tue dans l'œuf toute velléité des citoyens de se grouper et de se révolter ensemble. Si chacun soupçonne tout le monde, nous avons la garantie qu'il n'y a aura jamais de coup d'Etat dans notre pays."

3"Hunger Games" (Gary Ross, 2012)

Dans la trilogie écrite par Suzanne Collins, puis adaptée au cinéma par Gary Ross, le Panem (pain, en latin) est une nation formée sur les ruines d'une Amérique du Nord post-apocalyptique. Autour du Capitole, ville la plus riche où siège le gouvernement totalitaire, douze districts, plus ou moins réduits en esclavage après une révolte infructueuse. En guise de punition, et pour asseoir sa domination, tous les ans, le Capitole oblige ces derniers à envoyer chacun deux "tributs". Les adolescents tirés au sort doivent s'affronter dans un remake futuriste des jeux de gladiateurs, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un.

Divertissement pour la population aisée du Capitole, ces Hunger Games sont aussi une manière de "purger" les couches sociales les plus pauvres, qui contrairement aux autres, sont davantage occupées à ne pas mourir de faim qu'à s'entraîner au combat.

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