Cinéma : "Neruda", tout sauf un biopic

À n'en pas douter, Pablo Larrain aime les défis. Très attendu pour son film Jackie, portrait de Jackie Kennedy en salles le 1er février prochain, le cinéaste chilien s'attaque d'abord à une figure légendaire de son pays : le poète chilien Pablo Neruda. Son Neruda, qui sort en salles mercredi 4 janvier, est tout sauf un biopic. Le film met surtout en lumière les faces les plus contradictoires d'un homme entré dans l'histoire.

Un road movie littéraire

Pour qu'on ne se trompe pas, Pablo Larrain l'explique d'emblée : "On n'a pas fait un film sur Neruda, mais plutôt à la Neruda". En clair, pas question de dresser un portrait linéaire, et souvent trop académique, de l'homme qui a mis des mots sur les beautés et les souffrances chiliennes sous la dictature.

Neruda est en fait un road movie littéraire qui imagine la traque du poète, mis à l'index par le dictateur Videla au sortir de la Seconde Guerre mondiale pour ses amitiés communistes. Neruda aime la fête, les femmes, le peuple... et lui-même. L'acteur Luis Gnecco incarne trait pour trait un homme s'imaginant en héros dramatique face au premier degré d'un inspecteur, Peluchonneau, un Gael Garcia Bernal obsédé par sa chute. Principale réussite de ce Neruda : faire de la littérature un enjeu qui dépasse les écrits.

Neruda a écrit sur la furie, la rage, la politique et l’humanité. Des poèmes qui ont vraiment changé quelque chose

Pablo Larrain

Quand la beauté des mots de Neruda se retrouve sublimée par l'image, c'est bien le signe que Pablo Larrain a réussi un film tout "nérudien". L'œuvre a été saluée en mai 2016 à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes, et concourt le 8 janvier aux prestigieux Golden Globes en tant que meilleur film en langue étrangère.

Neruda, de Pablo Larrain, avec Luis Gnecco et Gael Garcia Bernal. En salles le mercredi 4 janvier.