Cinéma : "Dernières nouvelles du cosmos" ou les mots enchantés de Babouillec, autiste sans parole
"Dernières nouvelles du cosmos" de Julie Bertuccelli, est un documentaire exceptionnel consacré à une jeune autiste, Hélène, alias Babouillec.
C'est un documentaire exceptionnel qui sort en salles mercredi 9 novembre, Dernières nouvelles du cosmos, de Julie Bertuccelli, est consacré à une jeune autiste de 30 ans, Hélène, qui "écrit" des textes magnifiques, adaptés au théâtre, en chanson et bientôt à l'opéra.
Hélène ou plutôt Babouillec, le nom d'artiste qu'elle s'est choisi, est restée enfermée dans l'autisme, sans la moindre communication avec l'extérieur pendant près de 20 ans. Comme pour beaucoup d'autistes, l'institution médico-sociale n'a rien pu pour elle et c'est sa mère qui, avec une infinie patience, a trouvé la clef. En la stimulant sans cesse, elle a découvert qu'Hélène, qui ne parle toujours pas et ne sait pas écrire, même avec un ordinateur, savait en fait lire, connaissait les mots.
Dans son "cosmos intérieur", d'où le titre du film, elle percevait tout, différemment de nous, mais avec une acuité incroyable. Et depuis une dizaine d'années, elle écrit en composant ses mots avec des lettres plastifiées, bien rangées dans une boîte en bois qu'elle ne quitte jamais.
En libre raconteuse d’histoires le cosmos nourrit mes voyages
Babouillec nous parle d'elle avec autodérision, se déclare télépathe iconoclaste "en jouant avec chacun des espaces secrets de mon cornichon de cerveau". Elle se moque de nous, aussi. "Être ou ne pas être, là est la question, dire merde à ceux qui croient savoir, là est la réponse."
Julie Bertuccelli ne la filme pas dans son quotidien, mais a suivi l'aventure vécue avec le metteur en scène Pierre Meunier, qui a adapté au théâtre Algorithme éponyme, un texte de Babouillec, devenu Forbidden di sporgersi. La pièce est allée au festival d'Avignon en 2015, avec Babouillec, qui s'est très bien accommodée de la caméra de Julie Bertuccelli.
Hélène sentait bien que ce n’était pas que moi qui la regardait, mais le monde
Il y a deux personnages essentiels dans ce film, Hélène et sa mère. C'est grâce à elle que le documentaire ne tombe pas dans le pathos. Si on pleure, c'est de bonheur, celui de découvrir autrement l'autisme. Véronique Truffert se consacre entièrement à sa fille, elle rit tout le temps, ne se plaint jamais. La complicité qui les unit est un message d’espoir pour tous les parents d’autistes.
Car ce que le documentaire dénonce en creux, c’est la situation catastrophique de l’autisme en France, où on continue de culpabiliser les parents, surtout les mères. Loin de l’institution médico-sociale Véronique Truffert, seule, a obtenu des résultats extraordinaires. Et ce n'est pas fini car Hélène va très certainement parvenir à parler, un jour.
Le livre "Algorithme éponyme" de Babouillec est édité chez Christophe Chomant.
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