Cinéma chinois à La Rochelle : les jeunes pousses du film d'animation
Le cinéma d’animation est partie prenante de ce festival avec des œuvres anciennes et contemporaines. Dans ce domaine, deux jeunes artistes sont présents, Chai Mi et Lei Lei, deux trentenaires en résidence partagée entre l’Abbaye de Fontevraud et le Centre Intermondes.
La première est une artiste pluridisciplinaire (peinture, vidéo, performance, paper-craft, etc.). Elle a récemment présenté "The Sparrow and the Raven" (2013), un spectacle visuel et musical, en Chine, Corée et Québec. Quant au deuxième, ses court-métrages "This is LOVE" (2010) et "Recycled" (2013) ont été récompensés au festival international du film d’animation d’Ottawa et le Holland International Animation Film Festival.
Reportage : Y. Salaün / M. Millet / M. Coudrin
Des studios d'art pour l'animation
Ces deux jeunes artistes sont les héritiers d'une tradition du cinéma d’animation qui a pris son essor dès 1950 en Chine. A cette époque, le régime veut mettre l’accent sur les films pour enfants et décide d’ouvrir une compagnie indépendante baptisée les "Studios d'art de Shanghai". Les meilleurs peintres, calligraphes, illustrateurs, caricaturistes, marionnettistes du pays sont mobilisés. A tel point que dans les années 1960, les studios font travailler plus de 300 personnes, soit autant que les studios Disney de l'époque.Tradition et innovations
L’accent est mis sur les arts traditionnels chinois mais c’est aussi à cette époque que des techniques novatrices apparaissent : le lavis animé (qui consiste à animer la peinture traditionnelle à l'encre rehaussée de couleurs. "La Flûte du bouvier" en est un très bel exemple), les papiers pliés, les poupées animées, le lavis déchiré (mise au point en 1976 par Hu Jinqing, cette méthode permet de retrouver l’effet de flou de la peinture chinoise et de reproduire la fourrure des animaux et le duvet des oiseaux) ou encore les découpages articulés. Cette technique s'appuie sur le théâtre d'ombre et l'art des papiers découpés que les Chinois collent aux fenêtres pour le Nouvel An. Illustration avec "Zhu Bajie mange la pastèque" de Wan Guchan (1958),
Un savoir-faire qui se perd
En 1966, cet immense savoir-faire va être brutalement stoppé par la Révolution culturelle : les artistes et dessinateurs sont envoyés en rééducation à la campagne. Il faudra attendre 1976 et la mort de Mao pour que les Studios rouvrent leurs portes. Jusque dans les années 80, le public est au rendez-vous. Les films d’animations produits sont surtout des courts-métrages diffusés dans tout le pays en première partie des séances de cinéma. Mais les choses ont changé avec la privatisation des Studios d’art de Shangaï. Rentabilité, concurrence des dessins animés américains et de la télévision qui diffuse des séries au graphisme formaté pour plaire au grand public : tout cela a fait baisser le niveau artistique.
Chai Mi et Lei Lei incarnent peut-être le renouveau de ce cinéma à la fois artisanal et novateur, caractérisé par une poésie et une créativité que n’auront jamais les grosses productions.
Semaine du cinéma chinois à La Rochelle
jusqu'au 29 novembre
dans 5 lieux différents : Maison de l'étudiant, médiathèque Michel-Crépeau, centre Intermondes, lycée René Josué-Valin et Carré Amelot.
Entrée libre et gratuite dans les limites des places disponibles.
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