"Que le ménage continue, mais beaucoup plus drastiquement !": paroles d'acteurs sur des César sous le feu des critiques
La 45e cérémonie des César se tient ce soir à 21h, sur fond de promesse de réforme sur la parité et de protestations contre les nominations de "J'accuse". Nous avons rencontré Gérard Lanvin, Isabelle Carré, Lambert Wilson, Marjane Satrapi...
Démission de la direction de l'Académie, controverse sur les nominations du film J'accuse réalisé par Roman Polanski, manifestations féministes ... la cérémonie des César 2020 s'annonce électrique. La grande soirée se tiendra ce soir à la salle Pleyel à Paris. L'ensemble de l'équipe du film J'accuse sera absente.
Les équipes de France Télévisions ont rencontré ces derniers jours, dans le cadre de la promotion de leurs films respectifs, Gérard Lanvin, Isabelle Carré, Lambert Wilson, Marjane Satrapi, parmi d'autres... Ces derniers ont accepté de commenter les soubressauts de la grand-messe annuelle du cinéma français.
"Je n’y suis allé qu’une fois et ça m’a suffi"
Que valent les César ? Comment les acteurs interrogés vivent-ils cette soirée de consécrations annuelles ? "Ce serait bien si aux César le public votait", propose Gérard Lanvin, qu'on retrouvera sur les écrans le 4 mars dans le film Papi-Sitter. L'acteur a été courronné deux fois aux César : en 2001, il a reçu le prix du meilleur acteur dans un second rôle pour Le Goût des autres et en 1995 celui du meilleur acteur pour Le fils préféré. Il affirme avoir accueilli ces récompenses avec une certaine indifférence. "Je ne suis pas mondain", justifie celui qui raconte avoir offert un de ses trophées au Téléthon pour qu'il soit vendu aux enchères.
Olivier Marchal, également à l'affiche de Papi-Sitter, a été nommé une fois aux César, en 2005 pour 36 Quai des Orfèvres, qu'il a réalisé et co-écrit. Il garde un mauvais souvenir de la cérémonie. "Je n’y suis allé qu’une fois et ça m’a suffi", lance le cinéaste. "Je n’ai vu que jalousie, méchanceté et aigreur. Tout ça ne m’intéresse pas".
Lambert Wilson, lui, a une solution radicale : "j’aimerais que les César partent avec l’eau du bain", suggère l'acteur qui joue dans De Gaulle. "Je ne vois pas pourquoi les artistes et les œuvres devraient être en compétition", développe-t-il. Lambert Wilson décrit les César comme une "épreuve", "que le ménage continue, mais beaucoup plus drastiquement !". Et le comédien d'ajouter : "Peut-être que le cinéma est à l’image de la société, mais moi je voudrais qu’il n’y ait plus de compétition du tout !".
"C'est bien de se renouveler"
La question de la parité est aujourd'hui fondamentale pour les cinéastes interrogés. "Les choses changent, les choses avancent. La parité est importante, c'est un sujet qui enfin est mis au goût du jour", avance l'acteur Thomas Solivérès, à l'affiche du film d'animation En Avant.
"A compétence égale, on va moins confier un film à une femme qu’à un homme. Et le problème est là", déclare Marjane Satrapi qui signe Radioactive, un biopic sur la scientifique Marie Curie (en salle le 11 mars 2020). La réalisatrice a reçu en 2008 les César du meilleur premier film et de la meilleure adaptation pour Persépolis.
De son côté, Isabelle Carré pointe du doigt les inégalités de salaire : "les femmes sont toujours moins payées que les hommes à poste et expérience égale", regrette l'actrice, en promotion pour le film De Gaulle. "J'ai deux filles et j'aimerais que cette situation change", réclame-t-elle. Elle salue la démission de la direction de l'Académie. "Cette équipe a été là un certain temps. C’est bien de se renouveler et de se remettre en question", estime-t-elle. En attendant la 45e soirée des César, Thomas Solivérès souhaite "bon courage" à Florence Foresti, maîtresse d'une cérémonie qui s'annonce orageuse.
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