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"L'Adieu à la nuit" : le 8e film Téchiné-Deneuve sensibilise à la radicalisation islamiste

C’est la huitième fois qu’André Téchiné fait appel à Catherine Deneuve dans un de ses films, après "l’Homme qu’on aimait trop", "Les Temps qui changent", "Le Lieu du crime", ou "Hôtel des Amériques". Elle interprète dans "L'Adieu à la nuit" une grand-mère apprenant la radicalisation islamiste de son petit-fils.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'actrice française Catherine Deneuve et l'acteur français Mottet Klein dans le film du réalisateur français André Téchiné L'Adieu à la nuit (Copyright Curiosa Films – Bellini Films – Arte France Cinema – ZDFArte – Legato Films – Films Boutique)

Le cinéma d’André Téchiné se réclame du romanesque. Le réalisateur aime et sait raconter des histoires. 

Deneuve incarnation romanesque

Le cinéaste a trouvé en Catherine Deneuve son interprète phare pour incarner ses héroïnes depuis Hôtel des Amériques (1981) : une présence incomparable dont il émane un charisme, un je ne sais quoi qui dépasse son statut de star.

Depuis quelques années, l’actrice a su se détacher de la froideur sophistiquée à laquelle elle a souvent été identifiée, comme dans Elle s’en va, ou Dans la Cour. Dans L'Adieu à la nuit, André Téchiné en fait une grand-mère bouleversée par la conversion de son petit-fils à un islamisme radical.

Muriel (Catherine Deneuve) tient seule une école d’équitation dans le sud de la France. Elle est comblée quand Alex (Kacey Mottet Klein), son petit-fils, lui rend visite avant de partir à Montréal. Elle est intriguée de découvrir sa conversion à l’Islam sous l’influence de sa petite amie Lila (Oulaya Amamra). Muriel découvre rapidement qu’Alex n’a pas comme destination le Canada, mais la Syrie pour s’engager auprès de Daech.

L’art de filmer

Si Téchiné sait raconter des histoires - L'Adieu à la nuit est d’ailleurs de son cru et non une adaptation -, il sait également merveilleusement les mettre en images. Sans ostentation aucune, il filme avec une élégance fluide, dans ses travellings discrets et feutrés, ses échelles de plans qui passent d’inserts très rapprochés à des cadres plus larges, avec un montage dynamique, proprement cinématographique, où l’on sent l’art de filmer et de construire la fiction.

Les acteurs français Oulaya Amamra et Kacey Mottet Klein dans "L'Adieu à la nuit" du réalisateur français André Téchiné (Copyright Curiosa Films – Bellini Films – Arte France Cinema – ZDFArte – Legato Films – Films Boutique)

Au-delà du script, très ajusté, il en ressort un art de la dramaturgie dans lequel l’on est happé de bout en bout. Chaleureuse, Muriel est confrontée à un petit fils qui se révèle froid et distant, obnubilé par l’objectif qu’il s’est fixé. Alex est ailleurs. L’on sent sa jeune compagne dirigiste, tout comme leur ami commun Bilal (excellent Stéphane Bak). Le repenti Fouad (Kamel Labroudi) est très touchant quand il prévient Muriel des dangers qu’encoure Alex, en lui faisant le récit de son expérience en Syrie. Grand directeur d’acteurs, André Téchiné tire le meilleur parti de tous.

Sur un sujet sous les feux de l’actualité, le réalisateur tire une sonnette d’alarme. Il prévient du basculement dans lequel peut verser une jeunesse influençable, en perte de repères. Il y parvient sans être didactique ou moralisateur, et comme de coutume, avec justesse, tact et sensibilité.

"L'Adieu à la nuit" : l'affiche (Ad Vitam)

La fiche

Genre : drame
Réalisateur : André Téchiné
Acteurs : Catherine Deneuve,  Kacey Mottet Klein, Oulaya Amamra, Stéphane Bak, Kamel Labroudi, Mohamed Djouhri
Pays : France
Durée : 1h43
Distributeur : Ad Vitam
Synopsis
 : Muriel est folle de joie de voir Alex, son petit-fils, qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada. Intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu’il lui a menti. Alex se prépare à une autre vie. Muriel, bouleversée, doit réagir très vite…

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