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Cannes 2018: le dictionnaire cinématographique de Gilles Jacob en 9 films cultes

Figure incontournable de Cannes, qu'il a vécu de l'intérieur pendant 50 ans, de journaliste à Président, Gilles Jacob a publié son "Dictionnaire amoureux du festival de Cannes" (Plon). Alors que la Croisette est en pleine ébullition, nous l'avons rencontré pour une séance spéciale. Il a choisi 7 films parmi ses plus grands souvenirs cannois. Des entretiens signés Hugues Nicolas et Céline Espagnol.
Article rédigé par Marie Pujolas
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Gilles Jacob, Festival de Cannes 2017
 (VALERY HACHE / AFP)
1
La folie "Easy Rider"

Cannes 1969. Un ovni cinématographique qui va marquer l'histoire du 7e art débarque sur la Croisette. Dennis Hopper, Jack Nickolson, la révolution hippie est en marche. Gilles Jacob, alors journaliste, assiste amusé à la confrontation entre deux mondes. "On se trouvait en présence de garçons complètement dégingandés, qui fumaient allongés sur des motos, qui voulaient faire la noce. En face, le public local, en robe du soir et smoking qui regardaient d'un drôle d'air ce genre de lascars", se souvient-il. 

2
Truffaut et sa "Nuit américaine"
Un grand souvenir de l'édition 1973 pour Gilles Jacob. Le film a d'ailleurs remporté en 1974 l'Oscar du Meilleur Film étranger. Présenté hors compétition - François Truffaut ne voulait pas participer à la compétition officielle - il a été très bien accueilli sur la Croisette. "Le film idéal pour Cannes", raconte Gilles Jacob, "car il racontait l'histoire d'un tournage". 
3
Le scandale de "La grande bouffe"
Le grand événement de l'édition 1973 a été l'énorme scandale provoqué par la présentation du film "La grande bouffe" de Marco Ferreri. "Une fable où les 4 acteurs mangeaient, mangeaient, jusqu'à en mourir. On se suicidait à coup de bouffe et de baise !  Ça a été plus que des injures, ça a été des crachats sur les acteurs. Le scandale a été tellement violent qu'il y a eu un rejet même de la presse", se souvient Gilles Jacob, qui vante aussi la grande modernité du film. "Ce sont des abus visuels et de langage qui passent mal et que l'on comprend plus tard. Ce sont des films en avance sur leur temps." 
4
"La leçon de Piano", l'exception Jane Campion
Il a fallu attendre 1993 pour qu'une femme réalisatrice remporte la Palme d'Or. Et cela ne s'est jamais reproduit depuis... En ceci, "La leçon de piano" de Jane Campion fait partie de la grande histoire de Cannes. "Jane Campion, c'est mon enfant chérie", dit Gilles Jacob. Palme d'or en 1986 pour son court-métrage "An exercicse in Discipline", Palme d'Or pour un long métrage en 1993 pour "La leçon de Piano" et Présidente du jury en 2014, la réalisatice néo-zélandaise a un parcours cannois hors du commun. 
5
"Kagemusha", ode au cinéma asiatique
Autre coup de cœur de celui qui fut président du Festival de 2001 à 2014, "Kagemusha", du cinéaste japonais Akira Kurosawa, Palme d'Or 1980. Un prix qu'il partage avec Bob Fosse pour "Que le spectacle commence". "Une fois sur scène pour recevoir son prix", raconte Gilles Jacob, "il dit : Je tâcherai de faire mieux la prochaine fois. Cela montre la modestie des grands génies du cinéma." 
6
"Apocalypse Now" et Cannes entre amour et haine

En 1979, "Apocalypse Now" est un événement planétaire, il a demandé près de quatre ans de travail à Francis Ford Coppola. Au téléphone, le réalisateur refuse de venir présenter son film à Cannes sous prétexte qu’il n’est pas en compétition au Festival. Gilles Jacob, alors en charge de la sélection, répond : "Mais mon cher vous êtes en compétition, il suffisait de le dire." Cette année-là, le jury, présidé par Françoise Sagan, attribue la Palme d’or ex-aequo à "Apocalypse Now" et à "Tambour" de Volker Schlöndorff. À ce propos, Francis Ford Coppola dira à Gilles Jacob : "Je n’ai eu qu’une demi-palme." 

 

7
Le mystère Sharon Stone et "Basic Instinct"

"Basic instinct" de Paul Verhoeven sort en 1992. Gilles Jacob aime le film et décide de le mettre en ouverture du Festival de Cannes. Sharon Stone, inconnue à la montée des marches, ressort en star planétaire notamment grâce à une certaine scène devenue culte. Mais à part "Casino" de Martin Scorcese, Gilles Jacob juge la suite de sa carrière moyenne. "C'est le mystère absolu : comment une personne aussi belle, intelligente et aussi bonne actrice, avec le regard qu'elle avait et la manière de bouger, peut manquer sa carrière."

 

8
Le mélo "In The Mood For Love"

En 2000, Gilles Jacob s'enthousiasme pour  "In The Mood For Love" de Wong Kar-wai, "le plus beau mélo du cinéma asiatique". Pour lui, Tony Leung Chiu Wai et Maggie Cheung font une composition extraordinaire, "un peu à la manière de la Princesse de Clèves. Ils se rendent compte l'un et l'autre qu'ils sont trompés par leur conjoint mais ne veulent pas s'abaisser à faire la même chose". Wong Kar-wai est aux yeux de Gilles Jacob un très grand metteur en scène.
 

9
"Van Gogh", l'un des chefsd'œuvre de Pialat
Quatre ans après avoir reçu la Palme d'or sous les sifflets d'une partie du public pour "Sous le soleil de Satan", Maurice Pialat revient sur la Croisette en 1991 avec un film tout juste terminé, "Van Gogh. Gilles Jacob se souvient de "l'espèce de complot contre le film... un juré dont je tairai le nom par pitié pour lui a dit : "Un Van Gogh qui n'a pas l'accent hollandais, ça ne peut pas coller !!!" . Pour Gilles Jacob c'était pourtant l'un des plus beaux rôles de Jacques Dutronc. "Van Gogh, c'est l'un des chefs-d'œuvre de Pialat. Il méritait n'importe quel prix et notamment la Palme d'or... Je le regrette", constate un peu amer l'ancien président du festival.

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