Cannes 2017 : "You Were Never Really Here", cérébral, post-traumatique, dernier film en compétition
Taxi driver
Dernier film de la compétition officielle, "You Were Never Really There" a partagé une critique mise à rude épreuve d’une sélection très ardue, tant sur la forme que sur le fond. Récit éclaté d’un homme investi d’une mission, torturé par un trauma qui l’a mis hors-piste, Joe (Joaquim Phoenix) est au carrefour de ces deux réalités qui s’entremêlent, s’emmêlent sans jamais se démêler.Au final : un film d’une confusion revendiquée, à l’image de son personnage, héros qui s’acharne à extirper une préadolescente d’un réseau de prostitution, et looser embourbé dans le souvenir d’une violence inouïe qui l’a détaché de toute compassion pour ceux qui se mettent sur son chemin. Un rôle qui n’est pas sans rappeler celui de Travis (Robert De Niro) dans "Taxi Driver" de Martin Scorsese, Palme d’or en 1976. Son arme de prédilection : le marteau, référence à "Old Boy" de Park Chan-Wook, Grand Prix à Cannes en 2004.
Paradoxes
La réalisatrice britannique n’est pas pour autant convaincante, surtout en fin de course d’un festival qui a aligné une programmation des plus sombres. De longs plans sans voix, succèdent à des ellipses, dynamisées par des effets de montage humoristiques, paradoxaux par rapport au propos, et des moments de violence paroxystiques très explicites. Comme cet auto-arrachage de dent, en écho à "Bug" (2006) de William Friedkin.
Alors que nous restons réservés sur le film, il a enthousiasmé le critique Michel Ciment, référence éminente en la matière, directeur de publication de la mythique revue "Positif", que nous avons rencontré en cette fin de Festival. Il nous a confiés que le film était, pour lui, sa Palme. Les avis sont donc partagés sur "You Were Never Really There", film difficile et radical, violent et chaotique.
LA FICHE
Réalisateur : Lynne Ramsay
Pays : Royaume-Uni, Etats-Unis, France
Acteurs : Joaquin Phoenix, Ekaterina Samsonov, Alessandro Nivola, Alex Manette, John Doman, Judith Roberts, Jason Babinsky, Frank Pando
Durée : 1h35
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.