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Cannes 2017 : les promesses du 70e Festival international du film

Jour J à Cannes : ce soir s'ouvre le 70e Festival International du film, le plus grand festival de cinéma du monde, deuxième événement médiatique mondial après les Jeux Olympiques, et plus grand marché du film, vers lequel se ruent tous les distributeurs de la planète pour faire leurs emplettes. En une petite quinzaine de jours, plus de 250 films seront projetés devant plus de 5000 journalistes.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Pedro Almodovar, président du jury du 70e Festival de Cannes (mai 2016)
 (Anne-Christine POUJOULAT / AFP)

Pedro Almodovar, président du jury, va lancer ces douze jours de folies où se mélangent, cinéma, politique, strass et glamour. Il va d’abord présenter ses huit jurés, parmi lesquels l’actrice et réalisatrice Agnès Jaoui, l’acteur américain Will Smith, l’actrice américaine Jessica Chastain, ou le compositeur Gabriel Yared.

C’est Monica Bellucci qui va officier comme maîtresse de cérémonie pour la deuxième fois et veiller au bon déroulement de cette soirée.

Le parterre d’invités du Grand Théâtre Lumière du Palais des festivals assistera ensuite à la projection au film d’ouverture : "Les Fantômes d’Ismaël" d’Arnaud Desplechins, un habitué de la Croisette. Une histoire d’amour et de cinéma, cela tombe bien, avec Mathieu Amalric, Marion Cotillard et Charlotte Gainsbourg : une belle montée des marches en perspective.

Le Festival à l’heure du nouveau gouvernement

Comme chaque année, Cannes prend le pouls du cinéma mondial, reflet de celui de la planète. Un thème majeur émerge à chaque édition. Le président Pierre Lescure l’a placé cette année sous celui du "vivre ensemble", à l'heure des "migrants".

Le Festival s’ouvre trois jours après l’intronisation du nouveau président de la République, et au soir-même de l’annonce  de la composition du nouveau gouvernement, attendue dans l’après-midi, avec, comme il se doit, un nouveau (une nouvelle) ministre de la Culture. Cannes s’ouvre dans un "temps suspendu", comme l’a souligné Pierre lescure, tout en espérant que l’actualité internationale (Syrie, attentats…) ne viendra pas perturber un 70e anniversaire qui se veut avant tout festif.
Thierry Frémaux, Délégué général,  et Pierre Lescure, Président, devant l'affiche du 70e Festival de Cannes  (2017).
 (Francois Mori/AP/SIPA)

L’affaire Netflix

Enfin, révolution dans cette sélection 2017, la présence de deux films Netflix, la plateforme de diffusion sur Internet, dans la compétition officielle. Il s'agit de "Okja" du Sud-Coréen Bong Joon-ho et "The Meyerowitz Stories" de l'Américain Noah Baumbach. Une "situation unique et inédite", a reconnu Thierry Frémaux. Netflix avait déjà fait son entrée en 2015 dans un autre grand festival de cinéma, la Mostra de Venise, avec "Beasts of no nation", sur les enfants-soldats en Afrique, sorti en France uniquement sur la plateforme.

"Si la Palme d'or devait passer sur Netflix un mois après sa sortie en salles, je pense que ce serait dévastateur" pour le cinéma, s'est emporté le distributeur et patron du Pacte, Jean Labadie. Ce à quoi le patron de Netflix, Reed Hasting, a répondu que les deux films cannois de sa plateforme seraient uniquement diffusés sur son réseau. A Thierry Frémaux de répondre alors que seuls les films promis à une diffusion en salles seraient sélectionnés à l’avenir pour le Festival.

Thierry Frémaux a fait le décompte des films visionnés pour concocter cette sélection officielle, soit 1930 films vus, contre 1675 en 2010. Quarante-neuf films, de vingt-neuf pays (contre 27 en 2015), figurent dans la liste, dont dix-neuf sont en compétition. 

Sélection française

La France est représentée cette année par quatre films en compétition. "Rodin" de Jacques Doillon met en scène Vincent Lindon dans le rôle-titre du grand sculpteur en 1820, date de sa première commande officielle avec "La Porte de l’Enfer". 

Michel Hazanavicius ("The Artist") vient pour la troisième fois à Cannes avec "Le Redoutable"avec Louis Garrel dans le rôle de Jean-Luc Godard.  Il fait le portrait du cinéaste en pleine crise de création en 1967, avec l’échec de son film "La Chinoise" qui remet en cause son statut de star du cinéma français pour devenir "réalisateur maoïste".

François Ozon revient avec "L’Amant double", ou Marine Vatch découvre la double personnalité de son psy dont elle est tombée amoureuse.

Robin Campillo ("Eastern Boys", "Les Revenants") clôt cette sélection française avec  "120 battements par minute", interprété par Nahuel Perez Biscayard et Adèle Haenel, sur la création du mouvement Act Up dans les années 90.

Nahuel Perez Biscayart dans "120 battements par minute" de Robin Campillo
 (Céline Nieszawer)

Les Européens

Michael Haneke fait le pont entre la France et l’international, puisque "Happy End" est une coproduction franco-autrichienne. Un "instantané" sur une famille bourgeoise du nord de la france vivant aux côtés d'un camps de réfugiés, avec Jean-Louis Trintignant (qui fera contraint et forcé le déplacement à Cannes), Isabelle Huppert et Mathieu Kassovitz. 

Michael Haneke et Jean-Louis Trintignant dans "Happy End" de Michael Haneke
 ( Les Films du Losange)

Autre coproduction, cette fois franco-allemande, "Dans le noir" du réalisateur turc Faith Atkin, avec Diane Kruger qui elle, par ailleurs, présentera son premier court-métrage, "Come Swim" hors compétition.

La France est une troisième fois coproductrice d’un film en compétition, avec "Loveless" (Sans amour) du réalisteur russe Andrey Zvyagintsev qui avait époustouflé le Festival avec "Leviathan", "seulement" Prix du scénario en 2014. Il s’agit ici d’un drame familial, où un enfant disparaît lors d’une dispute entre ses parents en instance de divorce, qui partent à sa recherche.

"Loveless" : photo du film 
 (Pyramide Distribution)

Coproduction gréco-britannique, du grec Yoros Lanthimos, "Mise à mort du cerf sacré" flirte avec le fantastique, soutenu par une belle distribution : Colin Farrell, Nicole Kidman, Alicia Silverstone et Bill Camp.

Colin Farrell dans "Mise à mort du cerf sacré" de Yorgos Lanthimos
 (Haut et Court)

En provenance de Hongrie, "La Lune de Jupiter" de Kornél Mundruczo joue également du fantastique pour aborder le sujet délicat des réfugiés, où l’un d’entre eux tente de franchir la frontière hongroise, doté du pouvoir de lévitation. Un sujet grave, traité avec drôlerie. Le fantastique parle toujours du réel.

amás Szabó Kimmel dans "La Lune de Jupiter" de Kornél Mundruczó
 (Pyramide Distribution)

"A Gentle Creature", du réalisateur ukrainien Sergei Loznitza, raconte l'histoire d'une femme de prisonnier qui traverse la Russie pour aller rendre visite à son mari. Un road-movie semé d’humiliation, de violence et d’absurdité.

Coproduction anglo-américano-française, "You Were Never Really Here" représentera la Grande-Bretagne avec la réalisatrice Lynne Ramsay qui avait présenté en 2011 "We Need to Talk About Kevin". Joaquim Phoenix y incarne un vétéran de guerre qui tente d’extirper une jeune fille d’un trafic de traite des blanches.

Etats-Unis

Quatre films en provenance des Etats-Unis sont en compétition.

"The Meyerowitz Stories" voit le retour de Dustin Hoffmann à Cannes, aux côtés de Ben Stiller, Emma Thomson et Adam Sandler, sous la direction de Noah Baumbach. Tous se retrouvent à l’occasion de la rétrospective à New York du patriarche de la famille, l’artiste Harold.

Sofia Coppola revient également à Cannes avec "Les Proies", une nouvelle adaptation du roman ayant inspiré Don Siegel pour son film éponyme, avec Clint Eastwood, de 1971. Dans un pensionnat de jeunes filles coupé du monde en pleine guerre de Sécession, en 1864 en Virginie (Sud), Nicole Kidman, Kirsten Dunst et Elle Fanning recueillent un soldat nordiste blessé qui va créer la discorde au sein de la petite communauté.

Todd Haynes permet à Julianne Moore, prix d’interprétation féminine à Cannes en 2014 avec "Maps to the Stars" de David Cronenberg, de revenir à Cannes, dans "Wonderstruck", drame mettant en scène deux enfants sourds, l’un en 1927, l’autre en 1977, tous deux mystérieusement connectés à des années de distance.

"Good Time" de Benny et Jeff Safdie, voit également le retour à Cannes de Robert Pattinson et de Jennifer Jason Leigh, au côté de Barkhad Addi que l’on reverra bientôt dans "Blade Runner 2049" de Roland Villeneuve. Comédie dramatique, le film est présenté par son acteur principal comme une comédie de braquage ancrée dans le Queens de New York.

L’Asie

Coproduction entre la Corée-du-Sud et les Etats-Unis, "Okja" (sortie le 28 juin) est un conte fantastique et merveilleux où le réalisateur Bong Joon-Hoo renoue avec le gigantisme animal qu’il avait déjà mis en scène dans "The Host", présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2006. Mila, une fillette qui a vécu 10 ans avec Okja, un animal gigantesque devenu son ami, se le voit retiré et emmené à New York. Elle s’embarque dans une mission de sauvetage, confrontée aux multinationales capitalistes, manifestants et consommateurs…

Egalement en provenance de Corée-du-sud, l’on ne sait rien du sujet de "The Day After", sinon qu’il s’agit d’un film en noir et blanc signé du grand réalisateur Hong Sang-soo ("In Another Country").

C’est enfin le retour de la réalisatrice Naomi Kawase, plusieurs fois sélectionnée à Cannes dans diverses sections, avec "Vers la lumière". Une jeune femme, audiodescriptrice de films pour aveugles rencontre un photographe qui perd progressivement la vue.

Mais Cannes, ce n’est seulement la compétition officielle, la course à la Palme. Les sections parallèles, Un certain regard, La Quinzaine des réalisateurs, la Semaine de la critique, ont leur importance. Y participent des cinéastes confirmés, mais ce sont aussi des viviers de futurs grands réalisateurs. Sans compter les films hors compétition, avec pléthore de documentaires cette année, et l’arrivée de la "réalité virtuelle" sur la Croisette… Cette 70e sélection s’annonce assez grave, avec tout de même des moments de fantaisie en perspective. Bon anniversaire Cannes ! 

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