Cannes 2016 : un quidam, Daniel Vannet, crève l'écran dans "Willy 1er"
Chaque année, parallèlement au festival de Cannes, l'ACID présente une programmation de films indépendants, fictions et documentaires, qui racontent le cinéma sous un autre angle.
A l'image de "Willy 1er", un long métrage qui plonge dans les méandres de la fragilité des petites gens et des handicapés. Dans la peau de ce roi solitaire, Daniel Vannet crève l'écran.
Repéré il y a quatre ans par Hugo P. Thomas, Marielle Gautier, Ludovic & Zoran Boukherma (quatre réalisateurs issus de l'école de Luc Besson), le comédien amateur venu du Nord ne savait ni lire ni écrire et rien ne le prédestinait à une carrière d'acteur.
Il est aujourd'hui sur la Croisette, encore tout émerveillé par cette nouvelle aventure. "Je ne pensais jamais que je ferais du cinéma comme ça et là, je suis content de le montrer à Cannes", confie-t-il avant la projection.
Reportage : P. Deschamps / V. Bouffartigue / JP. Bosch / P. Goldmann
"J’irais à Caudebec, j’aurais mon appartement, mon scooter et des amis ! Et je vous emmerde !"
Si les dialogues de "Willy 1er" tombent toujours à point, la force du film c'est d'abord Daniel Vannet qui porte en lui toute la complexité de son personnage. Il a séduit les quatre cinéastes auteurs de cette fiction habilement inspirée de l'histoire personnelle de Daniel.A ses côtés, Noémie Lvovsky incarne sa curatrice qui lui redonnera confiance en la vie et l'espoir de faire comme le commun des mortels : avoir son propre appartement, des amis et un scooter.
Si le film raconte la misère et la manipulation des gens fragiles, il ne tombe jamais dans le pathos grâce à la volonté et la conviction de Willy. Le spectateur est embarqué dans une histoire à la fois tragique et drôle.
J'ai toujours caché ma misère parce que j'avais honte de dire que je ne savais pas lire et écrire
Daniel VannetDes astuces pour apprendre son texte
Pour raconter ce parcours semé d'embûches, les quatre metteurs en scène ont travaillé avec Daniel d'une manière particulière. Découvert lors d'un documentaire consacré à l'illettrisme, Daniel suivait à l'époque des cours d'alphabétisation mais ne pouvait lire un scénario dans son intégralité. Les réalisateurs ont déjoué les mots pour extraire la sensibilité du personnage. Ainsi, Daniel s'est mué en Willy grâce au dessin.
"On lui a fait des rébus qu'il apprenait par coeur... A la fin on ne se souvenait plus ce que voulaient dire les dessins mais lui s'en rappelait très bien", raconte Ludovic Boukherma, l'un des auteurs du film.
Cette aventure pose un regard juste sur le parcours d’un homme isolé à qui rien n’était donné d’avance, et qui entreprend la conquête de lui-même.
Daniel Vannet porte en lui cet espoir, et le soir de la projection du film à Cannes son message était clair : "Battez-vous pour votre poste de travail et bougez car si vous ne bougez pas vous n'aurez rien".
"Willy 1er" de Hugo P. Thomas, Marielle Gautier, Ludovic & Zoran Boukherma - 01h22 Avec Daniel Viannet, Noémie Lvovsky, Romain Léger.
A la mort de son frère jumeau, Willy, 50 ans, quitte pour la première fois ses parents pour s’installer dans le village voisin. Face au poids du deuil, face au handicap qui suscite rejet et moquerie, Willy brandit inlassablement la force de ses désirs, envoyant balader tout ce qui se dresse sur son chemin..
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