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Cannes 2015 : un festival d'innovations pour la 68e édition qui s'ouvre ce soir
Lors de la présentation, en avril, de la sélection officielle de ce Festival qui s'ouvre ce soir, Pierre Lescure, nouveau président succédant à Gilles Jacob, et Thierry Frémaux, délégué général, ont voulu marqué une rupture. L'ex-président n'avait pas agi autrement quand il était arrivé à ses fonctions. Petit passage en revue de ces innovations qui marquent cette 68e édition.
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Lescure président
C'est donc l'essuyage des plâtres pour Pierre Lescure à la tête du premier festival de cinéma au monde, une fonction prestigieuse s'il en est. Il succède à un homme qui en avait tous les atouts, fou de cinéma et aimé de la profession. Journaliste à "L"Humanité", puis à RTL, Europe 1, et France 2, il s'allie à André Rousselet en 1983 pour préparer la première chaîne cryptée, Canal +, dont il devient directeur, puis directeur général, et enfin président directeur général.Il œuvrera à ces postes clés, à la négociation avec le Festival de Cannes pour que Canal établisse un partenariat, afin d'obtenir l'exclusivité de la retransmission des cérémonies d'ouverture et de clôture, ainsi que la grand messe de la montée des marche au quotidien. Passionné de cinéma, et de rock, mais aussi à la réputation de "fêtard", c'est donc en toute logique qu'il se trouve à ces responsabilités aujourd'hui. Il a d'ores et déjà apporté sa patte, assurant qu'il voulait mettre un peu de festif dans les cérémonies, qu'il juge un peu guindées.
Une présidence bicéphale du jury
C'est une première également de voir une présidence du jury tenue par deux personnalités fortes, puisqu'il s'agit des frères Joel et Ethan Coen, immenses cinéastes américains. Maintes fois présents à Cannes, multi récompensés, dont une Palme d'or, ils incarnent une partie du Festival de Cannes, du moins depuis les années 80.S'ils sont complémentaires dans la conception et la réalisation de leurs films, on se demande bien comment vont se dérouler les délibérations, non seulement entre eux, mais également avec les autres jurés. Auront-ils deux voix, une seule pour la déclaration du palmarès ? La solution pencherait pour la première, mais rien d'évident.
Un film d'auteur en ouverture et trois femmes dans la sélection
Alors que depuis des lustres, le Festival choisissait une grosse production pour ouvrir le bal, comme "Vatel", "Moulin rouge", "Gatsby le magnifique", ou l'an dernier "Grace", pour la première fois c'est un film d'auteur français qui s'y colle, "La Tête haute" d'Emmanuelle Bercot". Il n'est toutefois pas en compétition. Innovation également, le film est réalisé par une femme.C'est presque gênant de le relever, mais cela doit être la première fois qu'une réalisatrice ouvre les festivités, avec un sujet grave, dans lequel Catherine Deneuve interprète le premier rôle, d'une juge pour enfants. Autre singularité, réalisatrice, Emmanuelle Bercot est également comédienne et sera en compétition, cette fois pour le Prix d'interprétation féminine, dans "Mon roi" de Maïwenn.
Le Festival présente d'ailleurs trois films de réalisatrices cette année, dont deux en compétition, ce qui est assez exceptionnel. "La Tête haute", "Mon roi", mais également "Marguerite et Julien" de Valérie Donzelli, trois films français au passage. Par ailleurs, l'actrice Natalie Portman présente "Une histoire d'amour et de ténèbre" en séance spécial et une Palme d'or sera remise à Agnès Varda pour l'ensemble de son oeuvre.
Un nouveau Prix du documentaire : l'œil d'or
Excellente initiative des organisateurs que de créer un Prix spécialement dédié au documentaire, L'œil d'or, alors que le genre est de plus en plus foisonnant et rencontre un succès non démenti dans les salles.Le prix est créé sous le patronage de la Scam, la Société civile des auteurs multimédias, en partenariat avec l'Ina. Le Festival de Cannes reflète cet intérêt chaque année, sélectionnant de nombreux documentaires, projetés hors compétition ou en séance spéciale. Ainsi cette année, le film de clôture, "La Glace et le ciel" de Luc Jacquet ("La Marche de l'empereur") relève-t-il du cursus. S'il est rarement en compétition, un des grands films du genre, "Le Monde du silence" de Jacques-Yves Cousteau et Louis Malle, remporta la Palme d'or en 1956.
Le jury est présidé par le cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh, réalisateur de fictions ("Un barrage contre le Pacifique") et de documentaires ("Duch, le maître des forges de l'enfer"), du documentariste français Nicolas Philibert ("Etre et avoir"), de la comédienne Irène Jacob, de la productrice syrienne Diana El Jeroudi et du critique américain du magazine "Variety", Scott Foundas.
Lambert Wilson pour la deuxième fois consécutive maître de cérémonie
C'est enfin une première au Festival de Cannes qu'un maître, ou une maîtresse, de cérémonie, officie à l'exercice. Prestation difficile et intimidante, devant un tel aréopage, tant pour l'ouverture que la clôture.C'est à croire que celle de Lambert Wilson l'an dernier a séduit, notamment lors de son pas de danse avec Nicole Kidman. Il faut dire que l'acteur, également chanteur, a de la classe et un charme tout français qui s'exporte bien à l'international. Avec une voix, un timbre, une diction, sans parler de sa prestation sur scène pleine de distinction.
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