Cannes 2014 : Le retour très incarné de David Cronenberg à mi-parcours
Il a quasiment son rond de serviette sur la Croisette, mais n'a jamais remporté la Palme. "Crash" avait tout de même décroché en 1996 le Prix spécial du Jury et il a été président du jury en 1999 : David Cronenberg présente "Maps to the Stars", avec John Cusack, Robert Pattison, Julianne Moore et Mia Wasikovska. Cinquième participation à la compétition ; cette fois, c'est la bonne ?
A cette heure, Cronenberg mériterait la plus haute marche, tant son film projeté en première de presse mardi soir est enthousiasmant. On assiste là au retour du vrai Cronenberg qui s'était quelque peu éloigné de ses thèmes de prédilections, inventés par une filmographie d'une rare cohérence. "A History of Violence", "Les Promesses de l'ombre", "A Dangerous Method" sont de beaux films. Mais "Cosmopolis" (en compétition à Cannes en 2012) en avait laissé plus d'un sur le bord de la route. Le Canadien semblait s'être détourné de sa patte unique. Elle revient en grande force avec "Maps to the Stars", où réapparaît en puissance le thème de la "nouvelle chair" conductrice de tout son œuvre, une folie labyrinthique démesurée à la "Crash", une violence psychologique et visuelle uniques, adaptée au microcosme hollywoodien. Sublime. Deuxième film en compétition : "Foxcatcher" du talentueux Bennett Miller. Comme dans son film précédent, "Le Stratège", avec Brad Pitt, sur l'univers du baseball, son nouveau film revisite l'univers du sport, avec à la clé un fait divers sordide. Le film fait écho à la tristement célèbre histoire du millionnaire John Du Pont, inculpé pour le meurtre de l'ancien champion olympique de lutte David Schultz en 1996. David Schultz, entraîneur de la Team Foxcatcher, habitait sur le domaine de John Du Pont qui finançait les entraînements de dix-sept autres lutteurs amateurs. Le caractériel magnat est interprété par Steve Carell, Channing Tatum et Mark Ruffalo complétant le casting. A cette heure, donc à la mi-temps du Festival, les titres les plus cités ayant une chance d'arriver au sprint final sont, dans l'ordre : "Sommeil d'hiver" du Turc Nuri Bilge Ceylan, "Timbuktu" du Mauritanien Abderrahmane Sissako, le déjanté "Les Nouveaux sauvages" de l'Argentin Damian Szifron et "The Homesman" de l'Américain Tommy Lee Jones. Quant aux autres, advienne que pourra ! Mais il reste encore beaucoup à voir : le film des frères Dardenne, le Godard, le Assayas, le Loach, le Dolan, le Hazanavicius, ,.. Mais Cronenberg marque le tournant de ce 67e Festival en plaçant la barre très haut.
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