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Brian de Palma sort son premier roman et se dit inspiré par l'affaire Weinstein
Brian de Palma, réalisateur de "Scarface", "Les Incorruptibles" ou du cultissime "Phantom of the Paradise", revient avec "ses obsessions" dans un roman policier co-écrit avec sa compagne Susan Lehman, ancienne journaliste du New York Times. Une rétrospective lui est consacrée à la Cinémathèque, et il et travaille à un projet sur l'affaire Weinstein et le mouvement MeToo, qui "l'inspirent".
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"J'ai suivi ça de très près"
Les déroulements du scandale Weinstein "m'ont inspiré une nouvelle idée" d'histoire, qui pourrait devenir un livre ou un film, souligne le cinéaste de 77 ans dans un entretien à Paris, où il est venu pour une rétrospective de son œuvre, qui a débuté jeudi à la Cinémathèque, et un roman sorti mi-mai, "Les serpents sont-ils nécessaires?" (Rivages noir), pour le moment seulement édité en France.Le mouvement MeToo, "j'ai suivi ça de très près, car je connais beaucoup des gens impliqués", souligne le réalisateur légendaire de "Phantom of the Paradise" et "Mission impossible", figure du "Nouvel Hollywood" des années 70 aux côtés de Martin Scorsese ou Steven Spielberg.
"J'ai vu ce type d'abus se dérouler, j'ai entendu des histoires pendant toutes ces années", ajoute-t-il, en référence à la centaine de femmes qui ont accusé le producteur américain Harvey Weinstein de harcèlement, d'agression sexuelle ou de viol. "J'ai toujours réagi très vivement quand quelqu'un faisait de telles choses", dit-il. "En tant que réalisateur, vous prenez des acteurs, et vous devez obtenir leur confiance et leur amour (...) Violer ça de quelque manière que ce soit, pour moi c'est juste la pire chose que vous puissiez faire".
Retiré d’Hollywood
Disciple d’Hitchcock qui le conquit dès 1958 avec "Sueurs froides" ("Vertigo"), maître du thriller, celui qui se définit avant tout comme un "styliste de l'image" a connu des hauts et des bas en 50 ans de carrière. Il a décidé de quitter le circuit hollywoodien depuis les années 2000 et l'échec public et critique de son film de science-fiction "Mission to Mars".Depuis, le cinéaste, très critique à l'égard d'Hollywood, a tourné ses films essentiellement hors des Etats-Unis : en France pour "Femme fatale" (2002), en Jordanie pour "Redacted" (2007) ou en Allemagne pour "Passion" (2012). Six ans après ce thriller érotique, Brian de Palma,vient de terminer "la semaine dernière" son prochain film, "Domino", coproduction européenne avec Nikolaj Coster-Waldau et Carice van Houten (de la série "Game of Thrones"). Il ajoute avoir dans ses cartons "de nombreuses idées d'histoire, certaines développées dans des scénarios et des films, d'autres qui restent juste des idées",
"Domino" "est maintenant entre les mains des producteurs danois, et qui sait ce qui va se passer. Ça a été une expérience très difficile, parce qu'ils n'ont cessé de manquer d'argent", confie-t-il.
Son film suivant, "Sweet vengeance", sera lui "tourné en Uruguay", indique le réalisateur. Il est "inspiré de deux histoires vraies de meurtres", qu'il dit vouloir raconter "de la façon dont on le fait à la télévision" dans les émissions sur les affaires criminelles.
L’ombre d’Hitchcock
"Les serpents sont-ils nécessaires ?", premier roman de Brian de Palma et Susan Lehman, publié pour l'instant uniquement en français, est, lui aussi, tiré d'une idée de scénario du cinéaste. Thriller sur fond de politique, il met en scène un sénateur américain et une série de personnages gravitant autour de lui.Le livre - sur lequel plane l'ombre d'Alfred Hitchcock, influence majeure du cinéaste, qui dit avoir "été hanté pendant toute sa carrière" par "Sueurs froides" - reprend plusieurs thèmes chers à Brian de Palma.
Parmi eux, le pouvoir, la manipulation, la signification des images, ou l'idée "d'une femme qui n'arrive pas à être sauvée", qui "apparaît encore et encore dans ses films (d’Hitchcock) et dans ce livre", dit-il. "Je crains que nous soyons aux prises avec nos obsessions pendant toute la vie", plaisante-il.
Souvent critiqué pour la violence de ses films, en particulier à l'égard des personnages féminins, le réalisateur d'"Obsession" et de "Blow Out", qui dit "aimer filmer les femmes", s'en est toujours défendu. "Pour moi, cela faisait juste partie du genre" du thriller, souligne-t-il. "Je n'ai simplement jamais pensé qu'il y avait quoi que ce soit de sexiste".
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