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"Bilbo le Hobbit" est-il le film de tous les excès ?

Trop long, trop beau, trop attendu : Peter Jackson a-t-il repoussé les limites du cinéma ou franchi la ligne rouge du "too much" ? 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Ian McKellen interprète le rôle du sorcier Gandalf, dans le film "Bilbo le Hobbit : un voyage inattendu" (2012), sorti en France le 12 décembre 2012. (KOBAL / AFP )

CINEMA - Quand la barre est placée très haut, les envies de dépassement ne sont pas sans risques. Avec Bilbo le Hobbit : un voyage inattendu, le réalisateur néo-zélandais Peter Jackson, signe le prequel - un film sur les "origines", qui se passe avant le film initial - de la trilogie du Seigneur des anneaux. Gros budget, gros effets spéciaux et petits bonshommes : si la formule reste inchangée dans cette nouvelle adaptation de l'œuvre cultissime de Tolkien, les critiques, bonnes comme mauvaises, pointent un film tout en démesure. 

Avant que les salles ne se remplissent, mercredi 12 décembre, francetv info revient sur les excès répertoriés d'un film dont le succès devrait être (aussi) de l'ordre du gigantesque. 

Trois volets au lieu de deux = un film de trop ?

Comme les aventures de Frodon, le héros petite taille + grands pieds + grand cœur de la trilogie du Seigneur des anneaux, les péripéties de Bilbo se déclinent en trois volets. Si dans le cas de la saga précédente, le découpage en trois films correspondait aux trois tomes signés Tolkien, l'annonce d'un même traitement pour l'adaptation du seul roman Bilbo le Hobbit a créé la surprise cet été. 

"C'est tout a fait censé", a ironisé un chroniqueur du site américain Hecklerspray (lien en anglais) dans un billet pour le moins acerbe. "Parfois, Tolkien écrit des trucs genre 'les arbres', et ça, ça nous laisse grave sur notre faim", justifie-t-il, moqueur. "Quel genre d'arbres, Tolkien ? Des conifères ? Des arbres à feuilles caduques ? Quel est le climat de ce coin spécifique de la forêt de Mirkwood ?" Sous-entendu : ça va être compliqué de rallonger l'histoire de six heures sans nous casser les noix, présume l'auteur (qui calcule à la louche un rapport d'une minute 50 secondes de film par page).

Car pour réaliser cette extension du Hobbit, le Néo-Zélandais s'est inspiré des appendices rédigés par Tolkien (une centaine de pages, consacrées aux détails sur certains personnages et lieux), précise Première

Un film trop loooooooong ? 

Selon les critiques, la longueur du film est inversement proportionnelle à la taille de ses héros : "On dirait les Télétubbies et c'est trop long", titre Slate.com (en anglais), impitoyable. "En fait, il faut une heure à Bilbo pour faire son sac et quitter cette satané Comté", souffle l'auteur, exaspéré par un prologue de vingt minutes et des scènes jugées dispensables.

Trop d'images tuent l'image

Il est aussi question de démesure technique. Pour ce film, Peter Jackson a opté pour un format inédit : le 48 images par seconde, au lieu de 24, comme c'est le cas au cinéma depuis quatre-vingts ans. Résultat : l'image, censée être plus fluide, nette et réaliste, déroute, voire donne la nausée, indique Rue89. S'appuyant sur "la science du mouvement oculaire", Forbes.fr (lien en anglais) note que cette technologie de pointe convient davantage aux plans éloignés qu'aux plans serrés et donne effectivement le mal de mer : "Contrairement à la résolution - les pixels -, les expériences qui impliquent l'illusion de profondeur et de mouvement provoquent immanquablement des sensations désagréables", dit-il, blâmant la 3D.

Peter Jackson, lui, persiste et signe. "Le changement est une bonne chose, a martelé le réalisateur, ici cité par la BBC (lien en anglais), les gens ont besoin de temps pour s'habituer." Le magazine américain de référence Wired (lien en anglais) est lui d'ores et déjà convaincu par ce procédé et salue un film "incroyablement beau." 

Quant aux amateurs de montagnes russes, ils seront ravis d'apprendre que James Cameron envisagerait de tourner la suite d'Avatar en 60 images par seconde. 

 Une débauche de promo 

Il vous suit dans le métro, à l'arrêt de bus, ou tout simplement dans la rue : "C'est un peu étrange de se voir en photo partout où l'on va", concède au Telegraph (lien en anglais) l'acteur Martin Freeman, alias Bilbo Baggins. "Heureusement que je ne la trouve pas trop mal, sinon je ne sortirais plus de chez moi." Vous l'avez compris, même la promotion se veut hors du commun. Sur Twitter et Facebook, la production distille des contenus tous azimuts, conçus pour mettre l'eau à la bouche. Et parfois ils sont directement délivrés par Peter Jackson ou les héros de l'aventure, rapporte Le Figaro qui dissèque ce titanesque plan com'. 

Ainsi, la compagnie aérienne Air New Zealand, partenaire du film, n'a pas hésité à relooker ses pubs ainsi que ses avions dans l'esprit de la terre du milieu. 

Enfin, la marque de jouet Lego a réalisé des figurines pour accompagner la sortie du film en pleine période de fêtes de fin d'année (n'hésitez pas à aller voir les étranges photos des acteurs avec leur version miniature, publiées par le site Buzfeed).

 Et un peu trop d'excitation ? 

Annoncé depuis 2007, le prequel du Seigneur des anneaux est sans nul doute le film le plus attendu de l'année. Repoussé à la suite de problèmes financiers imputés à la société de production MGM, menacé par le départ de Guillermo del Toro, prévu comme réalisateur et entaché par une grève des acteurs, un incendie, la mort de plusieurs animaux pendant le tournage et une hospitalisation de Peter Jackson pour ulcère, Bilbo le Hobbit s'est fait désirer. 

D'une météo en elfique à la télévision néo-zélandaise au classement des nains du film, du plus moche au plus sexy, en passant par ce fan de Gandalf filmé sur un monocycle en train de jouer de la cornemuse... tous nous indiquent qu'il était grand temps que le film sorte (enfin) en salles. 

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