Au Maroc, Ouarzazate veut redevenir la Mecque du cinéma
En 2005, de grandes productions comme "Indigènes" de Rachid Bouchareb et "Les dix commandements" de Robert Donhelm ont été tournés à Ouarzazate. Rien de tel entre 2010 et 2013.
Problèmes de sécurité avec les manifestations du Printemps arabe
Flashback en 2010-2011: les manifestations du "Printemps arabe" parviennent à renverser des régimes dictatoriaux en Tunisie, en Egypte et en Libye. Les problèmes de sécurité dans la région font grimper les coûts des assurances, selon le critique Adil Semmar. "Cela a renchéri le coût des tournage au Maroc et les films ont été tournés à la place en Espagne et en Israël." Dans un paysage lunaire parsemé de petits oasis, l'imposant studio "Tifoutout", construit par des producteurs italiens en 1994, "tombe en ruine", avance Saïd Soussou, un habitant de la région. Les Italiens l'ont "cédé à notre tribu après leur départ en 1997. Du fait de la crise, certaines parties sont délabrées", explique un habitant Mohamed Hbibi.
Saïd Soussou fixe le plafond d'une coupole à moitié détruite qui a servi lors du tournage du téléfilm "The Bible Project", de David Betty, en 2009. "Tifoutout ressemble du point de vue architectural à l'ancienne Jérusalem. Mais tout ça est en train de perdre de la valeur". "Même lorsqu'une société vient, elle répare la partie qui l'intéresse, donne à la tribu 500 ou 600 euros puis disparaît", raconte-t-il.
Des projets pour relancer le 7e art
"Sauver ce beau plateau" nécessite son rachat, fait valoir Abderrahman Drissi, maire de la ville et vice-président de "Ouarzazate Film Commission" (OFC), qui regroupe des représentants du Centre cinématographique marocain (CCM) et du ministère du Tourisme. "Or le studio est sur une terre collective appartenant à la tribu. Le contact reste pour l'instant difficile à établir", explique-t-il. En février, l'OFC a annoncé divers projets pour relancer l'activité autour du 7e art, dont une mise à niveau technologique ainsi que le développement du "Musée du cinéma", afin de renforcer son attrait touristique.
Paradoxalement, Ouarzazate sombre dans l'oubli au moment où le cinéma marocain, très subventionné, connaît un essor avec 22 films tournés en 2013 contre 5 une décennie plus tôt. Récemment, son dynamisme a été illustré par le succès des "chevaux de Dieu" de Nabil Ayouch, primé en 2012 à Cannes. Il raconte le cheminement de frères originaires d'un bidonville de Casablanca et futurs kamikazes des attentats sanglants de 2003.
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