Anthony Hopkins et James Hawes racontent "Une vie" héroïque, celle du Juste londonien Nicholas Winton

Il a sauvé 669 enfants juifs, mais il s'est senti coupable de ne pas en avoir fait plus. Anthony Hopkins donne admirablement chair au Britannique Nicholas Winton dont la démarche héroïque est restée longtemps méconnue.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3 min
Une scène du film "Une Vie" de James Hawes. (SND)

Une vie de James Hawes, sorti en salles le 21 février, est un voyage dans le temps à la rencontre d'un héros britannique, Sir Nicholas Winton. Le film démarre en 1987 en Grande-Bretagne. Nicholas Winton (Anthony Hopkins), un homme d'un certain âge, vaque à ses activités caritatives habituelles. Et sa femme Grete (Lena Olin) le presse de ranger le fatras qui s'entasse dans son bureau. S'il a du mal à le faire, c'est peut-être pour une raison sentimentale.

L'endroit contient des documents qui remontent au début de la Seconde Guerre mondiale, notamment un album, "L'album de Prague". Ce dernier recense les 669 enfants juifs, dont les parents se sont réfugiés en Tchécoslovaquie pour fuir le régime nazi, que lui et ses camarades ont réussi à sauver. Entre 1938 et le début de la guerre, en 1939, le banquier Nicholas Winton (l'acteur Johnny Flynn incarne le jeune homme d'alors), a organisé avec l'aide de sa mère et d'autres volontaires l'accueil de ces enfants, arrivant de Prague par train, par des familles anglaises.

Un présent hanté par les souvenirs

Tous ces enfants, croisés alors qu'il n'avait que 29 ans, et dont le souvenir ne l'a jamais quitté, s'imposent davantage à lui dans l'intrigue que James Hawes a mise en images en adaptant le livre de Barbara Winton, la fille de son héros, If It's Not Impossible… The Life of Sir Nicholas Winton, paru en 2014.

Ce sont ces souvenirs qui permettent au réalisateur, grâce à des flashbacks, de faire découvrir la bravoure du jeune londonien et de ses amis dans une Europe en proie à la violence du nazisme, qui connaîtra son paroxysme avec le génocide de quelque 6 millions de juifs.

James Hawes, également coscénariste, a construit un récit singulier qui, tout en reconstituant un pan d'histoire, s'intéresse aux émotions contradictoires d'un homme admirable. Le cinéaste et Anthony Hopkins, magistral comme toujours, racontent la complexité d'un personnage héroïque paradoxalement rongé par la culpabilité de ne pas avoir fait davantage, à savoir sauver encore plus d'enfants. Le récit est par ailleurs porté par une quête, l'intuition de Nicholas Winton, que l'album de ces enfants surnommés plus tard "Nicky's Children", qu'il avait précieusement conservé durant des décennies, méritait mieux qu'une quelconque étagère dans une bibliothèque ou un musée.

C'est grâce à l'émission populaire de la BBC, That's life, que beaucoup ont découvert son histoire, qu'il avait tue pendant 50 ans. Elle permettra à Nicholas Winton d'avoir enfin des nouvelles de ces enfants pour qui il avait tant compté et qui se sont déplacés sur un plateau de télévision en 1988 pour le lui dire de vive voix. Nicholas Winton est mort en 2015, à l'âge de 106 ans. Il a été élevé au titre de Juste parmi les nations par le mémorial de Yad Vashem de Jérusalem à qui il a fait don de "L'album de Prague". Au moment où l'extrême droite s'impose dans le débat politique dans toute l'Europe et que l'antisémitisme regagne du terrain, Une vie rappelle que des femmes et des hommes courageux ont tout risqué pour que l'humanité puisse encore, de temps en temps, se regarder, la tête haute, dans un miroir parce qu'elle s'est élevée contre les crimes dont elle était témoin.

L'affiche du film "Une vie" de James Hawes. (SND)

La fiche

Genre : Biopic
Réalisateur : James Hawes
Distribution : Anthony Hopkins, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter, Lena Olin
Pays : Grande-Bretagne
Durée : 1h49
Sortie : 21 février 2024
Distributeur : SND

Synopsis : Prague, 1938. Alors que la ville est sur le point de tomber aux mains des nazis, un banquier londonien va tout mettre en œuvre pour sauver des centaines d’enfants promis à une mort certaine dans les camps de concentration. Au péril de sa vie, Nicholas Winton va organiser des convois vers l’Angleterre, où 669 enfants juifs trouveront refuge. Cette histoire vraie, restée méconnue pendant des décennies, est dévoilée au monde entier lorsqu’en 1988, une émission britannique invite Nicholas à témoigner. Celui-ci ne se doute pas que dans le public se trouvent les enfants – désormais adultes – qui ont survécu grâce à lui...

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