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A Strasbourg, le dernier vidéoclub d'Alsace résiste encore et toujours à l'envahisseur numérique en ligne

A Strasbourg, il faut chercher dans le quartier de la Krutenau pour trouver le dernier magasin de location de DVD d'Alsace. A l'heure de la VOD et de la dématérialisation, il devient un refuge convivial où se retrouvent cinéphiles et amateurs exigeants.

Article rédigé par Jean-François Lixon
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
A l'intérieur du Vidéoclub "Les petites fugues" (France 3 Alsace V. Ruiz Suri)

L'époque n'est pas si lointaine. Dans les grandes villes, il était impossible de se promener dix minutes sans tomber sur un vidéoclub. En 1990, les Français louaient 25 millions de vidéos chaque année. La VHS a été éradiquée au profit du DVD et du BluRay.

Entre 2004 et 2010 presque tous les vidéoclubs ont fermé en France

Et puis le téléchargement est passé par là, légal ou non, et enfin les plateformes de vidéo à la demande ont porté un coup fatal à l'activité. Entre 2004 et 2010 presque tous les vidéoclubs ont fermé en France. Il n'en reste souvent plus aucun dans les villes moyennes... Les réseaux ont disparu ou ont adapté leur activité au téléchargement légal, et quand il reste un vidéoclub, il s'agit souvent d'un indépendant.

C'est le cas à Strasbourg. "Les petites fugues" occupe un modeste local commercial dans le quartier autrefois populaire mais plutôt bobo désormais de la Krutenau. Sur les étagères, trois mille DVD dans tous les styles ou presque, ici pas de pornographie.

L'image est de qualité, il y a les bonus en plus .../... ça permet aussi d'écouter les commentaires audio des réalisateurs sur les DVD, ce qu'on n'a pas en Streaming.

un habitué du vidéoclub strasbourgeois

Le dernier vidéoclub strasbourgeois
Le dernier vidéoclub strasbourgeois Le dernier vidéoclub strasbourgeois

Parmi les habitués, bien des cinéphiles qui trouvent ici ce que la VOD ne propose pas. Juliette, la propriétaire des Petites fugues, regarde deux ou trois films par jour. Elle peut donc conseiller sa clientèle, mais se méfie de son propre enthousiasme.

Parfois, j'adore tellement le film que j'en dis trop. La personne, parfois, elle est un peu déçue parce que j'ai trop mis de cœur à raconter ce film.

Juliette Sizaret

Quand un cinéphile rencontre un autre cinéphile

Les usagers des Petites fugues savent qu'ils dénicheront chez Juliette des films introuvables ailleurs. Trop pointus, trop vieux, trop "intellos"... En résumé des pépites qui réjouissent tout cinéphile digne de ce nom. Et comme il n'y a rien de plus bavard qu'un cinéphile qui en rencontre un autre, le vidéoclub strasbourgeois a transformé peu à peu sa clientèle en une bande d'amis toujours heureux de discuter d'un Visconti, de comparer deux Woody Allen ou de commenter la vie d'Antoine Doinel.

Au fil du temps, Juliette a su identifier les goûts de ses clients. Elle met des films de côté pour tel ou tel qui peut ainsi compléter sa connaissance cinématographique. Et ce n'est pas sans humour qu'on y trouve à coup sûr les deux films qui racontent le mieux ce petit monde de la location vidéo : Clerks, 1994, dans le monde de la VHS, et toujours autour de cette antiquité technologique, Be Kind Rewind (S'il vous plaît rembobinez) de Michel Gondry en 2008.

Mais tout n'est pourtant pas rose au pays du DVD de location, même cette clientèle-là se raréfie. Alors Juliette a diversifié son activité mais toujours dans le même esprit. Aux Petites Fugues désormais, on peut trouver des disques vinyl. 

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